À l'issue d'un scrutin serré, le nationaliste et conservateur Karol Nawrocki a été élu président de la Pologne ce dimanche. Ouvertement LGBTphobe, il promet de s'opposer au Premier ministre, le libéral pro-européen Donald Tusk.
Le sursaut progressiste a été de courte durée. Après les élections législatives de 2023, qui avaient porté au pouvoir une coalition des oppositions au parti d'extrême droite Droit et justice (PiS), les Polonais ont élu président le nationaliste et conservateur Karol Nawrocki ce dimanche 1er juin, lors d'un scrutin serré (50,89% des voix). Soutenu par le PiS, le candidat a fait campagne sur son homophobie et sa transphobie.
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Le novice en politique de 42 ans, historien de formation, a mis en scène sa LGBTphobie à l'occasion d'un débat télévisé mi-mars. Attrapant l'étendard de la Pologne et le drapeau arc-en-ciel, il a tendu ce dernier au candidat de la Plateforme civique, Rafal Trzaskowski, maire de Varsovie, et gardé le premier. Il accuse ainsi son rival de faire campagne pour les personnes LGBTQI+ quand lui défendrait les Polonais. "Il y a un sexe masculin et un sexe féminin. Et si quelqu’un le défie, il ne comprend pas le présent, le passé ou le futur. (…) Le mariage est une union entre un homme et une femme", a-t-il déclaré sur la chaîne conservatrice TV Republika le 14 avril. Fervent catholique, il est aussi opposé au droit à l'avortement, que le PiS avait quasiment interdit en 2020. Il a promis une opposition plus active à l'actuel gouvernement et de pousser à des élections législatives anticipées.
Veto présidentiel
À la tête d'une coalition rassemblant le centre droit, les chrétiens-démocrates et la gauche, le Premier ministre, le libéral pro-européen Donald Tusk, leader de la Plateforme civique, voit ses tentatives de réforme bloquées par le président sortant, Andrzej Duda, proche du PiS. En Pologne, le président de la République, élu pour cinq ans, a essentiellement un rôle de représentation diplomatique et dispose d'un droit de veto sur les lois votées, qu'il peut par ailleurs renvoyer au Tribunal constitutionnel. C'est ainsi que Duda s'est opposé à la généralisation de la pilule du lendemain et la pénalisation des LGBTphobies. Lors de la campagne, Karol Nawrocki a annoncé son intention d'utiliser ce pouvoir pour empêcher la mise en œuvre d'une union civile pour les couples de même sexe, en discussion au Parlement.
Majoritaire dans le pays de 2015 à 2023, le PiS avait encouragé le développement de "zones anti-LGBT" en 2020. Malgré la disparition de la dernière charte municipale LGBTphobe en avril, l'élection de Karol Nawrocki fait craindre à un retour de la LGBTphobie d'État.
L'internationale réactionnaire a aussi gagné un nouvel allié lors de l'élection de dimanche. La victoire de Karol Nawrocki a été chaudement saluée par le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, qui l'a qualifiée de "fantastique". En France, Marine Le Pen (Rassemblement national) l'a qualifiée de "bonne nouvelle" et de "désaveu pour l'oligarchie de Bruxelles". Pendant sa campagne, le nouveau président s'était vanté d'avoir le soutien de Donald Trump, qu'il avait rencontré le 30 avril à la Maison-Blanche. Doit-on vraiment attendre la réaction de Vladimir Poutine ?
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