Grâce à un shooting très mode, la photographe originaire de Guadalajara prouve qu'une remise en question des normes genrées s'opère dans son pays. Et espère que cet éveil progressif n'est que le commencement.
La non-binarité se fait peu à peu une place dans la société. En guise d'exemple, des personnalités comme Sam Smith ou Jonathan Van Ness rejettent une conception trop genrée du monde et appellent à exister en dehors de ces carcans restrictifs. Mais si cette vision se développe surtout aux États-Unis et dans certains coins de l'Europe, c'est aussi le cas au Mexique. Et c'est ce que Sathya Migdal cherche à mettre en lumière à travers sa dernière série photo aux faux airs de shooting mode.
"C'est un projet qui me tient beaucoup à cœur car j'adore l'industrie de la mode mais je trouve qu'il lui reste encore beaucoup de travail à faire en termes de représentation", estime l'artiste. Bien qu'elle se considère comme photographe de mode, Sathya Migdal possède également une formation en psychologie. Un atout dans son travail. "Je ne peux pas m'empêcher de lier les deux à travers mon art", confie-t-elle. C'est ce qui l'amène à réaliser ces différents clichés sur le mouvement non-binaire mexicain.
Pour un avenir plus ouvert
Avec cette idée de série photo en tête, la photographe native de Guadalajara a démarqué plusieurs agences. Son but ? Dénicher des mannequins sensibles à l'idée de non-binarité. C'est ainsi qu'elle a rencontré Diego, Omar, Emilio, Rephael et Alexandra, cinq jeunes modèles au profil atypique. "Comme un peu partout dans le monde, il y a une vraie diversité au Mexique, affirme l'artiste. Mais jusqu'ici, les agences se focalisent trop sur des personnes blondes et blanches. Pourtant, il y a un début d'ouverture d'esprit". Sathya Migdal contacte ensuite des marques de prêt-à-porter locales, lesquelles se spécialisent justement dans l'habillement non-genré : un projet collaboratif mode et engagé est alors né.
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Tout en conservant l'esthétique de la photographie de mode, l'artiste ambitionne de déconstruire la façade trop superficielle du secteur auquel elle renvoie. Elle-même ouvertement queer, elle veut aussi encourager les foules à s'extirper des normes de genre. "Les gens s'intéressent beaucoup à avoir une étiquette, remarque-t-elle. Mais les étiquettes peuvent vraiment faire du mal aux gens. Je pense que si l'on s'en débarrasse, on pourra alors avoir des conversations beaucoup plus diverses et ouvertes".