Voici les 21 séries LGBTQI+ qu'il fallait regarder en 2021

Après une première saison brillante, Betty a remis le couvert avec un second tour de piste tout aussi convaincant. Les skateuses de Crystal Moselle – la créatrice qui avait déjà fait ses armes avec Skate Kitchen – continuent de s’adonner à leur hobby favori tout en explorant leur indépendance et leur sexualité. Bien qu’elle soit désormais tristement annulée, la série confidentielle de HBO aura proposé une vision libératrice de l’identité sexuelle, avec des personnages qui testent leurs limites sans jamais se limiter par des étiquettes. Une pépite injustement ignorée.

Sans jamais démordre de son humour trash et ultra-référencé, Big Mouth a servi aux abonnés de Netflix une cinquième saison à la hauteur… et surtout plus queer que les précédentes. Car cette année, le personnage de Jessi, jusqu’alors supposé hétéro, s’est entichée d’une de ses camarades de classe. En prime, la série d’animation a creusé davantage la relation entre Matthew et Jay, illustrant avec brio les doutes de bon nombre de jeunes gays. Pas de doute : Big Mouth est toujours un portrait délicieux et piquant de l’adolescence !

De très loin la série la plus queer du catalogue d’Apple TV+, Dickinson conserve ce titre avec une troisième et ultime salve d’épisodes qui fait honneur à la relation entre Emily et Sue. Si elles étaient aux antipodes l’une de l’autre au gré de la saison précédente, celle-ci corrige le tir en accordant davantage d’importance et de sentimentalité à leur idylle lesbienne. Une série à l’approche atypique et moderne. Un véritable tour de force pour une fiction qui se passe au XIXe siècle !

Une autre petite série très queer a tiré sa révérence cette année : Feel Good, mais pas sans proposer une saison 2 des plus plaisantes. La « dramédie » britannique se focalise encore davantage sur les problèmes d’addiction de personnage principal, mais aussi et surtout sur sa relation périlleuse avec George. Entre les deux saisons, Mae Martin, créateurice de la série, a fait son coming out non-binaire… et a eu la bonne idée d’inclure cet aspect-là de sa propre identité dans son alter ego à l’écran. Un choix judicieux qui ajoute une nouvelle nuance à un récit déjà solide.

Dans la catégorie « petit ange parti trop tôt », on demande Genera+ion. Co-créé par Zelda Barnz (une adolescente de 19 ans) et son père ouvertement gay Daniel Barnz, ce teen drama américain braque ses caméras sur un groupe de lycéen·nes résidant en Californie. Rythmées par les réseaux sociaux et une quête incessante de liberté, leurs tribulations contribuent à un joli portrait de la jeune génération. Mais on retiendra surtout son aspect résolument queer avec le personnage de Chester, déjà iconique, et la relation lesbienne tumultueuse entre Riley et Greta. À voir et revoir.

Plaisir coupable par excellence de toute une génération vers la fin des années 2000, Gossip Girl est revenue avec une mouture flambant neuve en 2021. Même univers, mais pas le même casting. Blair et Serena s’éclipsent pour laisser place à une nouvelle clique de gamins privilégiés… et surtout bien plus queers que dans la série mère. C’est ainsi qu’on éprouve vite de l’affection pour Max, une sorte de néo-Chuck Bass en moins problématique, et le trouple qu’il forme avec Aki et Audrey. Ce revival peut aussi se targuer d’avoir casté Zión Moreno, une actrice trans, dans un rôle cis (jusqu’à preuve du contraire). Bien qu’imparfaite, Gossip Girl (2021) mérite d’être vue.

2021 fut l’année du retour de Sex and the City avec sa nouvelle version intitulée And Just Like That… Mais de notre côté, pour celles et ceux qui seraient en quête d’une série drôle et sexy sur quatre amies inséparables et branchées, on aurait tendance à conseiller Harlem. En dépit de certains travers stéréotypés, cette comédie brandée Amazon Prime Video brille par sa légéreté, son beau casting et la représentation LGBTQI+ qu’elle propose grâce au personnage de Tye : une femme noire, ouvertement lesbienne et qui réussit dans ses entreprises professionnelles. C’est la série idéale pour les fans de The Bold Type qui cherchent vivement son héritière.

S’il n’y avait qu’une fiction à conseiller en 2021, ce serait très probablement It’s a Sin. Pensée par le ponte Russell T Davies – à qui l’on doit, entre autres, la version originale british de Queer as Folk –, cette mini-série en cinq épisodes s’intéresse à l’émergence du virus du sida durant les 80’s. L’action se déroule dans le Londres de l’époque alors que les vies de jeunes hommes gays s’entrelacent à mesure que la maladie voit grandir son nombre de victimes. C’est une œuvre déchirante qui perturbe autant qu’elle émeut – Olly Alexander et Lydia West y sont simplement saisissants –, mais aussi un franc hommage à la génération sacrifiée qu’elle met en lumière.

Après une pause prolongée, Les Engagés s’est enfin octroyé le come-back réussi qu’on attendait. Surtitrée XAOC, cette troisième et dernière fournée d’épisodes – seulement trois, à notre plus grand désarroi – bénéficie d’une mise en scène soignée et d’un scénario bien ficelée. La série de Sullivan Le Postec s’ouvre encore plus sur le monde et s’empare d’enjeux européens en parlant, avec émotion et justesse, de la situation en Tchétchénie. Mais elle n’oublie pas de puiser encore et toujours sa force dans ses histoires de famille, de sang comme de cœur.

Bien qu’on puisse lui reprocher d’être un peu trop édulcorée dans son approche de la sexualité adolescente, Love, Victor continue, en saison 2, d’être la série que beaucoup de gays auraient aimé avoir étant plus jeunes. En montrant les failles de la relation entre Victor et Benji, la série ne manque pas d’humaniser ses deux personnages principaux. Tout comme Rahim, le nouveau venu, qui permet à la série de critiquer gentiment la culture toxique des « masc 4 masc ». Et le fait que la série prépare le terrain pour une histoire lesbienne en saison 3 donne bon espoir en Love, Victor.

Quand une série parle d’asexualité, c’est bien. Mais quand elle le fait avec autant de justesse que Mental, c’est encore mieux ! Forte d’une première saison captivante, la fiction française méconnue de France.tv Slash a délivré une deuxième cuvée plus sombre dans ses émotions mais plus éclairée dans ses sujets. On applaudit forcément l’inclusion du personnage de Harmattan, qui permet à la série de souligner l’incompréhension et le manque d’empathie dont souffrent les personnes asexuelles.

Historique dès son lancement pour avoir inclus le plus gros casting de personnes trans dans une série américaine, Pose s’est achevée sur une note un brin moins spectaculaire. En dépit d’intrigues précipitées ou pas très bien amenées, le final du hit de Ryan Murphy a tout de même eu son lot de scènes bouleversantes. De quoi permettre à la joyeuse bande de Blanca de marquer l’histoire de la télé pour un moment.

Vivement critiquée avant même de débarquer sur Netflix, Q-Force (raccourci pour Queer Force) s’est révélée bien plus intéressante que ce que beaucoup attendaient. Comme le fruit d’une union déjantée entre un James Bond et Queer as Folk, cette série animée suit les mésaventures d’un groupe d’espion·nes LGBTQI+ dans le quartier très rainbow de West Hollywood. Accusée, à tort, de véhiculer des stéréotypes surannés, elle a vite détourné ces idées reçues pour proposer un récit solide, distrayant, bienveillant et par-dessus tout criblé de références queers.

C’était très probablement l’une des séries les plus attendues de 2021 et elle n’a pas failli à sa hype. Pour sa troisième saison, Sex Education a encore une fois tapé dans le mille en s’emparant de thématiques queers. Avec, par exemple, l’inclusion de Cal, le premier personnage non-binaire de la série qui vient bousculer les codes au lycée de Moordale – et, accessoirement, la vie amoureuse de Jackson. Mais la série a également poursuivi le développement de ses deux relations LGBTQI+ phares, à savoir celles liant Ola à Lily et Adam à Eric, évitant certains écueils – glorifier les histoires toxiques – par la même occasion. On veut déjà la suite.

Souvent irréprochable dans son traitement des sujets LGBTQI+, le remake français de Skam a continué sur sa lancée avec deux saisons très fortes en 2021 : la première, centrée sur le déni de grossesse, voyait une relation touchante éclore entre Tiff, une fille cis, et Max, un homme trans. Une forme de couple queer que l’on ne voit quasiment jamais à la télévision francophone. Puis, la saison suivante, Skam France a parlé du VIH avec brio grâce au personnage de Jo, qui découvrit sa séropositivité.

Il n’y a pas que les États-Unis pour produire de bonnes séries queers. Le Canada l’a prouvé cette année avec Sort Of, la toute première série centrée sur un personnage non-binaire. Elle raconte l’histoire de Sabi, enfant d’immigrés pakistanais résidant à Toronto, qui doit gérer une vie sentimentale chaotique tout en veillant sur les deux enfants que son job de nounou lui impose.  La série puise sa force dans un humour souvent grinçant, et l’authenticité du récit – sa co-créateurice, Bilal Baig, est aussi non-binaire – et fait mouche.

Encore indisponible sur une plateforme légale en France, The Other Two est l’une des meilleures comédies de ces dernières années. L’histoire d’un frère – Cary, un comédien ouvertement gay qui peine à voir sa carrière décoller – et d’une sœur – Brooke, une agente de stars qui galère tout autant. Tous deux s’entraident (et s’entraînent) dans leurs pires moments, souvent désopilants pour notre plus grand plaisir. En saison 2, la série dépeint avec humour et justesse le dating gay, les applications de rencontres, ou l’amitié entre hommes homosexuels. On soulignera surtout un épisode qui critique avec second degré le queerbaiting.

Forte d’une brillante carrière d’humoriste, Mindy Kaling fut cette année aux commandes de The Sex Lives of College Girls, une comédie subtilement décalée avec un campus universitaire américain en toile de fond. La série suit quatre jeunes femmes qui cohabitent dans le même dortoir – et l’une d’entre elles, la snob mais intelligente Leighton, est une lesbienne dans le placard. Au fil de la saison, elle réussit à mieux accepter son homosexualité et noue même une relation amoureuse avec une autre femme qui va beaucoup l’aider. Qu’un diffuseur français se manifeste !

Passée sous le radar de beaucoup, la saison 2 de Work in Progress s’est imposée comme une exploration rare de l’identité queer sur le petit écran. Pour la piqûre de rappel, cette « dramédie » intimiste s’intéresse à Abby, une quadragénaire lesbienne qui s’efforce de prendre le dessus sur sa dépression. Cette année, la série s’est donné pour mission de creuser davantage ses amitiés féminines ainsi que sa relation, conflictuelle mais bien amenée, avec son père. Une série rare sur la queerness loin de toute consensualité, qui détonne des précédentes fictions LGBTQI+.

C’est sans aucun doute l’OVNI de cette sélection. En 1996, un avion transportant une équipe lycéenne de football féminin se crashe dans la forêt entre les États-Unis et le Canada. Avance rapide jusqu’en 2021, où l’histoire se focalise sur quatre femmes adultes, toutes étant des survivantes à ce tragique accident. Elles ont survécu dans la nature pendant 19 mois mais toutes refusent de raconter ce qu’il s’est passé. Mélangeant horreur et drame, jouant avec la frontière entre réel et surnaturel, Yellowjackets se présente comme une descendante de Lost – et oui, évidemment elle contient une intrigue LGBTQI+ qui captive.

Tout droit venue de Suède, Young Royals s’est rapidement imposée comme la rencontre au sommet entre Gossip Girl et Skam. La série nous invite à suivre le quotidien de Wilhelm, le prince du pays qui, après un dérapage devenu viral sur les réseaux sociaux, est envoyé dans un pensionnat réservé à l’élite. C’est là-bas qu’il fait la rencontre de Simon, un élève boursier. Et leur amitié se développe vite en quelque chose de bien plus fort… Tendre dans la façon dont elle explore cette idylle adolescente, Young Royals est la fiction feel good dont on ne pensait pas avoir besoin. Et pourtant !