Interview : Ilya Beshevli, comme un air de Yann Tiersen

Par Julie Baret le 29/07/2016
Ilya Beshevli interview

TÊTU a interviewé Ilya Beshevli, compositeur prodige venu de Sibérie dont la musique minimale produite au piano n’est pas sans rappeler un certain musicien français…

Ilya Beshevli est un artiste-compositeur originaire de Krasnoïarsk en Sibérie. Pourtant, lorsque ses doigts commencent à pianoter, ce sont les décors parisiens du Fabuleux destin d'Amélie Poulain qui se bousculent dans notre tête, très vite rejoints par ceux d’un Berlin Est fraîchement ouvert au reste du monde dans Goodbye Lenin. Vous l’aurez compris, Ilya Beshevli a tout d’un Yann Tiersen ayant traversé la chaine de l’Oural. Rencontre avec un compositeur prodige qui, a seulement 22 ans, vient de sortir un deuxième album : Wanderer.
 
Bonjour Ilya ! Tu viens de Krasnoïarsk en Sibérie. Ce sont des lieux que l’on connaît très mal en France. Peux-tu nous en parler ?

La Sibérie est une région très spéciale où la nature y est majestueuse : la taïga, les montagnes, les rivières… Il y a fait très froid l’hiver mais en même temps très chaud en été. Mais s’il vous plait évitons les préjugés. Nous n’avons pas d’ours dans les rues ! Les villes de Sibérie, à l’instar de ma ville natale – Krasnoïarsk – ne sont pas très grandes, elles comptent environ 1 million d’habitants. Les gens qui vivent là-bas sont habituellement accueillants et aimables. Ces deux dernières années j’ai vécu, étudié et travaillé à Moscou et la nature tout comme l’énergie de la Sibérie m’ont vraiment manqué.

 
Aujourd’hui tu es membres du Conservatoire et de l’Académie russe de musique. Comment est née ta passion pour la musique et a fortiori pour le piano ?

Je suis effectivement étudiant à l’Académie russe de musique Gnessine (une école d’élite en musique, ndlr), en cours de composition. Après avoir décroché mon diplôme de l’école de musique, je n’étais pas pressé de jouer des instruments de musique classique, et encore moins de composer.
Un jour il y a six ans, je me rendais de Krasnoïarsk à Moscou en train avec ma mère et on est tombés sur six Français : trois filles et trois garçons. Et ils sont devenus mes tout premiers amis étrangers. D’ailleurs ils m’ont appris qu’en France, se rendre en Sibérie en empruntant le Transsibérien était quelque chose de très romantique et aussi assez extrême !
Et donc, ils avaient une guitare et ils m’ont appris à faire un premier accord. Une fois arrivé à Moscou, ma mère m’a donc acheté une guitare, et je dois dire que c’est là qu’à démarré mon intérêt pour la musique. Mais je suis vite lassé et deux après je travaillais comme surveillant dans une garderie. Je remplaçais ma grand-mère lorsqu’elle était occupée ou qu’elle ne sentait pas bien, et il y avait un piano là-bas ; c’est là que j’ai écrit mes premières compos. J’imagine que ma passion pour le piano est née à ce moment-là.

 
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Les médias ont tendance à te désigner comme un prodige. Comment est-ce que tu gères ça ?

Je n’y pense pas en fait, pour moi le mot de prodige est associé avec le groupe d’électro Prodigy que j’écoutais sur cassette quand j’étais enfant ! (rires)

 
Après ton premier album tu as sorti Wanderer le 17 juillet, ton second disque. Qu’est-ce que tu nous y racontes ?

Dans cet album j’ai introduit davantage de philosophie que d’histoire. « Wander » est une personne, et chaque composition en est une étape essentielle.

 
« Wanderer » signifie « vagabond ». C’est comme ça que tu sens aujourd’hui ?

Comme je le disais, cet album ne parle pas tant d’un vagabond que des étapes de la vie. Et en fait je ne voyage que très rarement en ce moment. Heureusement, j’aurai bientôt plein de concerts qui auront lieu dans différentes parties du monde !

 
À la différence de ton premier album que tu avais composé dans la nature sibérienne, tu as réalisé celui-ci à Moscou. Quelle empreinte la ville a-t-elle laissé sur ton travail ?

Dans Wanderer, ma musique a changé, muant de la nature des images vers les émotions humaines. En même temps que ma vie à Moscou est devenue plus compliquée, les compositions de l’album sont devenues plus dures et plus contrastées.

 
Ilya Beshevli
 
Lorsqu’on écoute tes morceaux, on est très tenté de te comparer à notre compatriote très populaire, Yann Tiersen. Que penses-tu de cette comparaison ?

Je suis vraiment très touché par cette comparaison. D’après moi, certains des travaux de Yann Tiersen sont de véritables chefs d’œuvres. Je pense notamment aux morceaux d’Amélie Poulain, de Goodbye Lenin… Je suis enchanté que Yann Tiersen soit retourné au piano.

 
As-tu d’autres sources d’inspiration venues de l’Hexagone ?

Bien-sûr, j’adore le cinéma français. Et pour ce qui est de la musique : Debussy, Ravel, Satie…

 
Qu’est-ce que cela représente pour toi de t’adresser à un média LGBT aujourd’hui ?

Tu sais, je ne pense rien de l’orientation sexuelle de chacun. J’écris ma musique pour tout le monde. Tout ce que je souhaite, c’est que ma musique apporte de la joie à chacun. Evidemment, je suis vraiment très déçu par toute forme de discrimination, de guerre ou de querelle.

 
Un petit mot pour nos lecteurs ?

Qu’ils trouvent toujours plus de bonne musique !

 
Retrouvez les morceaux d'Ilya Beshevli sur sa page Soundcloud.

Pour en savoir plus :

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