Une enquête du journal suisse Le Temps publie une enquête qui ébranle la Radio télévision suisse. Darius Rochebin aurait profité sa stature de présentateur vedette pour draguer de jeunes garçons.
Le journaliste Darius Rochebin se retire "quelques jours" de l'antenne de LCI après avoir été accusé de paroles et de gestes "déplacés" lorsqu'il travaillait pour la télévision suisse. Le journaliste helvète, récemment embauché pour animer la tranche du soir de LCI, est visé par des témoignages recueillis par le quotidien suisse Le Temps. L'enquête dénonce une "loi du silence" au sein de la Radio télévision suisse (RTS).
Un récit malveillant
Le journaliste "conteste les accusations et rappelle qu'il n'a jamais fait l'objet de plainte. Il examine avec son avocat les suites juridiques à donner à cet article", indique TF1 dans un communiqué. "Jamais je n'ai eu de relation non consentie ou illicite. Je me battrai donc contre les amalgames, les ragots ou les insinuations dont je suis victime et j'examine avec mon avocat la suite judiciaire que je donnerai", a affirmé le journaliste. Il serait victime d'un "récit malveillant", qu'il "conteste absolument".
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L'enquête, qui rassemble une trentaine de témoignages, fait notamment état de gestes déplacés, de propos salaces, de faux-profils sur les réseaux sociaux, et pointe plusieurs salariés dont Darius Rochebin. Antoine (le prénom a été modifié) a 22 ans lorsqu'il aurait entamé une discussion avec le présentateur vedette. Il voit en lui un "mentor inespéré" dans le journalisme que le jeune étudiant en lettre souhaite intégrer. "J'était flatté qu'une telle star s'adresse à moi. Le ton était ambigu et est rapidement devenu aguicheur. J'étais surpris, mais intrigué", raconte-t-il au quotidien suisse.
"Je redoutais les conséquences de mes refus"
Le journaliste lui aurait proposé un café puis des dîners dans des restaurants luxueux. Antoine raconte aussi que Darius Rochebin lui aurait proposé d'aller à la campagne, sur le trajet du retour, "Il s'est arrêté au bord de la route, a initié un rapport sexuel. Je ne l'ai pas repoussé. J'avais l'impression de ne plus pouvoir revenir en arrière. En partant, il a dit qu'il m'enverrait le contact d'un rédacteur en chef qui pourrait m'offrir un stage. Son mentorat prenait implicitement une dimension transactionnelle, et je m'y suis plié." Peu de temps après, le jeune homme est engagé en tant que free lance pour couvrir le 10è anniversaire de l'émission du présentateur.
Gêné par la tournure de leur relation, Antoine aurait pris ses distance mais raconte avoir des craintes sur la suite de sa carrière. "Je redoutais les conséquences de mes refus sur ma situation professionnelle. Je ne savais plus comment mettre fin à cette relation. C’était une lutte continuelle. J’ai pris peur", dit-il au journal helvète. Deux autres jeunes hommes ont témoigné dans le journal suisse d'une drague insistante et de propos déplacés.
Une prise de contact via Facebook
Darius Rochebin aurait également utilisé de faux profils sur Facebook pour contacter des collègues... créé avec une ancienne adresse mail de la RTS. Il aurait approché des étudiants avec son propre compte, mais aussi avec le faux, au nom d'une femme. Avec ce compte, il aurait répandu des rumeurs sur lui même : "Tu sais que Darius a une mini-bite ?". Il en aurait profité pour inviter ses victimes à se livrer sur leurs pratiques sexuelles.
Selon Le Temps, le présentateur se serait approché d'un jeune homme de 16 ans (qui a indiqué au présentateur en avoir 17), toujours selon le même procédé. Leur conversation aurait duré plus d'un an. Ils se voient à trois reprises pendant lesquelles Darius Rochebin aurait posé des questions salaces à l'étudiant.
Le journaliste s'en serait également pris à deux collaboratrices de la rédaction. Lors du nouvel an de 2006, alors que tout le monde se prend dans les bras, "il s’est approché de moi, je l’ai pris par l’épaule pour lui faire la bise, il a saisi ma main libre et l’a fermement posée sur ses parties génitales", indique l'une d'elle au journal helvète. En 2014, alors qu'il prend l'ascenseur avec une autre, il aurait subitement tenté de l'embrasser.
La direction accusée d'avoir minimisé
Mais la hiérarchie de la RTS est accusée d'avoir minimisé les agissements d'autres cadres. Entre 2005 et 2015, une quinzaine d'employés se plaignent de l'un d'eux. L'idée d'une plainte collective germe, avant d'être enterrée. Selon le Temps, ce cadre serait à l'origine de plusieurs burn out et de deux démissions. En cause, harcèlement sexuel, SMS suggestifs, harcèlement au travail... Alertée, la direction aurait sanctionné son employé d'un simple avertissement avant de le placer dans un placard doré.
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Un autre cadre est accusé d'avoir eu les "mains baladeuses". "J’ai eu l’impression que le même profil du mâle alpha quinquagénaire se retrouvait à tous les échelons de la direction. La politique de management est rétrograde et ce type de comportement est protégé", témoigne l'une des victimes au quotidien suisse.
Samedi, la RTS a dit avoir "pris connaissance" de l'article. "Si les témoignages concernant les comportements de Darius Rochebin sont confirmés, la RTS fait part de sa consternation et condamne avec force tout manquement ou écart de conduite", poursuit la chaîne. Le groupe public promet de "vérifier toutes les informations figurant dans cet article" et "réexaminer ses processus internes" sur le traitement de telles situations.
Crédit photo : Capture d'écran RTS
