Paris inaugure la première colocation pour cinq lesbiennes exilées en errance

Par Nicolas Scheffer le 12/01/2021
Paris

Cinq jeunes lesbiennes en errance après avoir quitté leur pays sont désormais accueillies dans une colocation. Installées butte Montmartre à Paris, elles peuvent enfin se sentir en sécurité.

Il y a pas à dire, il y a une belle vue depuis l'Escale à Paris. Cette colocation inaugurée lundi 11 janvier accueille 5 jeunes lesbiennes demandeuses d'asile ou qui l'ont obtenu. En bas de la butte Montmartre, ces cinq femmes jusqu'alors en errance se partagent 125 mètres carrés répartis sur trois étages.

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"Parmi les personnes qui fuient leur pays, beaucoup le font en raison de leur orientation sexuelle, regrette auprès de TÊTU, Ian Brossat, adjoint au logement de Paris. Malheureusement, les structures ne sont pas adaptées et ces femmes sont souvent victimes de discriminations et de violences dans les foyers. L'idée, c'est de leur permettre de se poser quelques mois et qu'elles aient enfin un peu de répit". L'élu regrette que l'orientation sexuelle est souvent un facteur de discrimination dans l'accès au logement, notamment chez les migrant·e·s.

"Un rêve pour moi"

"Ce lieu, c'est un rêve pour moi, s'illumine Fatou, une malienne de 22 ans. Dans mon quartier au Mali, c'était dangereux pour moi, tout le monde me parlait mal, me montrait en disant que je suis lesbienne". En arrivant en France, cette femme a dormi dans la rue et fait la manche. "Là, je n'arrive pas encore à réaliser que j'ai enfin un chez moi", dit-elle à l'AFP.

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L'Escale est gérée par l'association Basillade et Les Dégommeuses en lien avec l'Ardhis. "Trois dégos habitent désormais dans ce havre lesbien - la première colocation sociale non mixte pour des lesbiennes à Paris !", applaudit Les Dégommeuses, sur Twitter.

Ce "n'est pas un solde de tout compte"

"Ce projet n'est pas un solde de tout compte. Un premier projet pour hommes a été inauguré il y a quelques mois dans le XXème arrondissement. La ville de Paris a pour projet de créer un centre d'hébergement dédié aux personnes LGBT+ réfugiés qui devrait sortir de terre d'ici trois ans. L'objectif à terme est d'accueillir autant de place que de besoins", poursuit Ian Brossat.

Les cinq femmes bénéficient également d'un soutien social, médical et psychologique grâce à Basiliade. "Quand les personnes LGBT+ trouvent une place, elles sont souvent victimes de discrimination, sont insultées ou agressées, dénonce Noémie Stella, à l'origine du projet. L'idée c'est de créer un lieu safe pour qu'elles puissent rester sans courir le risque d'être mises à la porte".

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"C'est la condition pour retrouver une estime de soi qui a été maltraitée, pour faire un parcours sur soi qui leur permet ensuite de voler de leur propres ailes et de sortir de la précarité", ajoute-t-elle. L'association espère ouvrir 16 autres appartements pour loger d'autres personnes LGBT+ en errance dans la capitale.

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