Dans une interview au quotidien espagnol El Païs, Karim Benzema a refusé de répondre à une question sur l'homophobie dans le football. Pas si étonnant, au regard du passé pas très LGBT-friendly du footballeur…
C'est un silence qui en dit long sur un non-dit qui gangrène le foot. Lors d'une interview fleuve par mail à El Païs, Karim Benzema a refusé de répondre à trois questions : l'une sur ses voitures préférées, une autre sur sa réputation, la troisième sur... l'homophobie dans le football.
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Après sa manucure pour le shooting photo, l'avant-centre du Real Madrid est d'abord revenu sur l'affaire de la sextape. "Dans une course, il y a toujours des hauts et des bas et c’était un point très bas. Mais chaque être humain est confronté à des défis. Les miens sont grands, et j’ai suffisamment de capacités psychologiques pour m’y adapter. Je n’abandonne pas", déclare-t-il, traduit par Ouest France.
"Tarlouze, on peut le dire à tout le monde"
Le joueur n'a en revanche pas voulu revenir sur ses propos tenus à l'encontre de Mathieu Valbuena, qu'il avait qualifié de "tarlouze". En 2015, devant la juge d'instruction, Karim Benzema ne semblait déjà pas se rendre compte d'entretenir ainsi un climat homophobe dans le football. Se justifiant... à sa manière : "'Tarlouze', on peut le dire à tout le monde, à ses amis, à ses potes. Pour moi, pour la nouvelle génération, c’est amical", disait-il, sans se rendre compte que ces propos peuvent choquer.
Plusieurs joueurs de haut niveau ont pourtant déjà dénoncé le climat homophobe qui règne dans les équipes. Au Royaume-Uni, où comme en France aucun footballeur en exercice n'est ouvertement gay, deux joueurs ont néanmoins témoigné de façon anonyme. "La réalité, c'est que nous sommes deux joueurs gays en Premier League, face à de nombreux autres sportifs", écrivaient-ils au Sun. En Allemagne, 800 joueurs professionnels ont également signé une déclaration commune pour lutter contre l'homophobie. Ils ont posé en couverture du 11Freunde avec comme inscription à destination des jeunes LGBT : "Tu peux compter sur nous".
"Nous sommes en 2021 et il n'y a toujours aucun joueur de football professionnel ouvertement gay en Allemagne, peut-on lire. Personne ne devrait être amené à faire son coming out. C'est un choix qui doit être libre et individuel. Mais c'est notre but de faire en sorte que quiconque décide de franchir le pas soit certain de notre soutien le plus complet", déclarent les joueurs.
En France, une homophobie endémique
En France, en octobre dernier, Neymar a échappé à des sanctions en vertu du doute. Certains disent l'avoir entendu insulter Alvaro de "putain de pédé", ce que la Ligue de football professionnel n'a pas pu vérifier. Cet été, à Paris, des banderoles sexistes et homophobes ont été déployées lors de la finale du Classico. On pouvait y lire "PSG-OM : 9 ans de sodomie". Mi-août, c'était le parieur sportif Winamax qui publiait un tweet où il écrivait "On prend l'Europe et on l'encule à deux".
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Conséquence, en France, en Allemagne ou au Royaume-Uni, aucun joueur en activité n'est ouvertement LGBT+. Plus grave encore, de nombreux jeunes ados témoignent ne pas pouvoir faire leur coming out auprès de leur équipe, de peur d'être insultés de "tarlouze".
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Crédit photo : Capture d'écran Instagram/Karim Benzema