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rencontreZolita garde son âme d'ado pour chanter les amours lesbiennes

Par Tessa Lanney le 12/05/2023
La chanteuse américaine et lesbienne Zolita sort un nouvel EP, "Falling Out/Falling In"

[Article à retrouver dans le têtu· du printemps] Elle, elle s'appelle Zolita, elle est chanteuse, américaine, et son dernier EP, "Falling Out/Falling In", est dans les bacs. Un condensé pop/rock inspiré de son vécu, et surtout de ses amours lesbiennes.

Comme tant d’entre nous, quand elle était jeune, Zolita regardait sa série queer en secret, en l’occurrence The L World. Mais son personnage préféré, à elle, était l’ingérable Jenny. “Je sais que c’est mal, avoue-t-elle. Elle est complètement dérangée, mais je la trouvais jolie…” Si elle regrette cette erreur de jeunesse, la pop star américaine de 28 ans a conservé son goût juvénile pour la passion, le drame et les comédies romantiques. Une inclination qui infuse dans ses clips, montés comme autant de courts-métrages lesbiens kitch à souhait. D’ailleurs, sa trilogie “Somebody I F*cked Once”, “Single in September” et “I F***ing Love You” se regarde comme un film pour ados dopé aux gouineries. On y suit la romance de deux lycéennes, une cheerleader et une rebelle à l’âme d’artiste, de leur adolescence jusqu’à leur vie d’adulte, qui finit sur un happy end – comédie romantique oblige.

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Son dernier EP, Falling Out/Falling In, se donne à fond dans la pop/rock. “Je me suis inspirée de la période où j’ai dû laisser partir mon premier amour”, explique Zolita. Persuadée comme toute jeune âme que cette relation était immortelle, elle voit son monde se dérober sous ses pieds… ce qui ne l’a pas empêchée de vite développer de nouveaux et profonds sentiments pour sa copine actuelle. “Notre amour est dépourvu d’anxiété, développe-t-elle. C’est l’une des plus belles périodes de ma vie.” Dont elle fait d’ailleurs le récit sur six chansons, liées là encore par une même narration vidéo.

Zolita, la Vénus en Scorpion

Loin du personnage controversé de Jenny, Zolita se voit davantage comme une Alice, connue pour sa bonne humeur, son humour, son énergie à la fois détendue et extravagante. Mais bon, si l’on se fie à sa charte astrale, l’artiste est plutôt Balance avec un ascendant et une lune en Balance : “Ce qui reflète une aversion pour le chaos”, pense-t-elle. Sauf que sa Vénus en Scorpion vient rajouter son petit grain de sel à ce thème trop tourné vers l’équilibre. “Le Scorpion, c’est mon petit côté vindicatif, très passionné, qui me susurre de céder à ce chaos, avoue Zolita. Alors, au lieu de créer des problèmes dans la vraie vie, je les crée dans ma musique.”

"Lorsqu’une lesbienne a une nouvelle copine, ça en devient une drogue."

Dans “Falling Out/Falling In”, l’artiste raconte, comme Annie Ernaux dans Passion simple, comment, lorsque sa copine de l’époque vivait à l’étranger, elle s’interdisait de se rapprocher de qui que ce soit, dans l’attente de sa bien-aimée. “Elle était dans ma tête en permanence mais n’était pas là en personne. Cette situation n’était vivable ni pour elle ni pour moi”, se souvient la pop star, qui puise “90% de ce qu’[elle] raconte dans [s]a vie, dans [s]a propre expérience”. Les 10% restant sont des histoires fun qu’elle brûle d’envie de mettre en scène. Elle jure, par exemple, ne pas du tout ressembler à cette ex intrusive et complètement folle qu’elle dépeint dans “Crazy Ex”. Elle prend aussi un malin plaisir à explorer les clichés lesbiens, comme “lorsqu’une lesbienne a une nouvelle copine, ça en devient une drogue, s’exclame-t-elle. C’est bien simple, plus rien n’a d’importance. On est à la limite du « laissons nos vies derrière nous, recommençons tout à zéro et passons le reste de nos jours ensemble dans une ferme coupée du monde ».

Plus cheloue que cheerleader

Plus jeune, elle aurait aimé passer du temps devant de bonnes comédies romantiques lesbiennes. “J’en cherchais en vain sur internet, note aujourd’hui la chanteuse. Ça m’aurait permis de réaliser que j’étais lesbienne plus tôt, et de ne pas ressentir la honte que j’ai pu éprouver au début.” Zolita n’a en effet pris conscience de son homosexualité qu’à la fin de ses années lycée, à l’inverse du personnage de cheerleader qu’elle affectionne tant et qu’elle incarne dans “Somebody I F*cked Once”. “Je n’ai jamais été cheerleader, je me rapprochais plus de la meuf cheloue à fond dans l’art, même si je n’étais pas aussi badass et sexy que l’autre personnage du clip, souligne-t-elle. Mais tout de même, j’aurais aimé avoir une cheerleader au bras.” Seulement cet amour de jeunesse, elle ne l’a pas connu. “C’est certainement la raison pour laquelle je veux tellement y retourner en musique”, confie-t-elle.

L’étiquette de chanteuse lesbienne, Zolita l’embrasse pleinement : “Je n’ai jamais eu peur qu’on me mette dans cette case. J’avais même le sentiment qu’on n’était pas assez nombreuses à s’y retrouver, et qu’il y avait un vide à combler. Si mes vidéos peuvent aider certaines filles à prendre conscience de leur sexualité, à s’accepter ou simplement à se sentir représentées, ça me fait me sentir utile, avance-t-elle. J’ai sincèrement l’impression que c’est ma raison d’être.” 

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Crédit photo : Amber Asaly