EuropeGPA criminelle : l'extrême droite en Italie assouvit les passions tristes du lobby réac

Par têtu· avec AFP le 27/07/2023
Pride LGBT de Milan, Italie

Courant derrière la Hongrie de Viktor Orbán, l'Italie dirigée par l'extrême droite de Giorgia Meloni est à son tour en voie de devenir un paradis réac en Europe, assumant de vouloir séparer des familles au nom de la défense… de la famille (chrétienne).

Les députés italiens ont voté ce mercredi 26 juillet le projet de loi visant à renforcer l'interdiction de la gestation pour autrui (GPA). Il s'agit d'en faire un "délit universel" ("reato universale"), la rendant illégale même à l'étranger. Le texte, qui doit encore être validé par le Sénat pour entrer en vigueur, expose donc les Italiens qui recourent à une mère porteuse à l'étranger à des poursuites judiciaires à leur retour au pays. Le projet de loi a été soumis par Fratelli d'Italia (FDI), le parti d'extrême droite de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, qui se définit comme une "mère chrétienne" et a gagné les élections en septembre en faisant une campagne à la fois nationaliste et pour les valeurs traditionnelles de la famille catholique.

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L'Italie a déjà, depuis 2004, l'une des lois les plus restrictives d'Europe contre la GPA. Le durcissement prévoit que quiconque "réalise, organise ou fait connaître" la GPA dans le pays risque une peine de trois mois à deux ans de prison et une amende allant de 600.000 à un million d'euros. Durant le débat à l'Assemblée, une responsable de FDI, Elisabetta Gardini, a qualifié la GPA d'"utérus à louer" qui "insulte la dignité des femmes et piétine les droits des enfants". Un autre membre du parti avait estimé en mars que la GPA était un crime "plus grave que la pédophilie".

Inquiétude pour les droits LGBT en Italie

Jusqu'à présent, les Italiens qui pouvaient se le permettre voyageaient dans des pays où la GPA est autorisée, comme les États-Unis. Comme en France, relèvent les médias italiens, un grand nombre de personnes qui recourent à la GPA à l'étranger sont des couples hétérosexuels qui ne peuvent pas avoir d'enfants. Le projet de loi suscite néanmoins une inquiétude particulière chez les militants LGBTQI+ qui alertent contre le danger que représente le gouvernement d'extrême droite pour les droits civils, dans un pays qui ne dispose pas de loi contre les discriminations LGBTphobes et où les couples de même sexe n'ont accès que depuis 2016 à une union civile, mais restent interdits de mariage et d'adoption. Quant à la procréation médicalement assistée (PMA), elle est légale pour les couples hétérosexuels, mais pas pour les couples de même sexe ni les femmes seules.

Le pays n'a pas non plus de loi pour reconnaître les enfants des couples de même sexe. Ce qui laisse ces enfants dans un vide juridique avec seulement le parent biologique inscrit sur leur certificat de naissance, forçant l'autre à s'engager dans un long et coûteux processus d'adoption. En l'absence d'une politique claire, certaines villes, dont Milan, Turin et Padoue, avaient enregistré les enfants de couples de même sexe conçus à l'étranger par le biais de la GPA jusqu'à ce qu'une directive du ministère de l'Intérieur ne l'interdise en avril. Certains parents ont alors vu leurs noms effacés des registres, source de désespoir et de complications bureaucratiques.

Mardi, plusieurs centaines de personnes ont protesté devant le Panthéon, dans le centre de Rome, contre ce projet de loi, dénonçant notamment "une homophobie d'État". Stefania Ascari, membre du Mouvement Cinq Etoiles, a fustigé un "énorme bazar juridique" sur le dos "des droits très fragiles des mineurs" dont les parents pourraient être arrêtés en arrivant en Italie, et qui se pourraient alors se voir confiés à l'assistance publique. Persécuter des familles pour protéger "la famille", un concept.

>> En France, SOS homophobie et l’EuroCentralAsian Lesbian Community appellent à se mobiliser et à manifester ce vendredi 28 juillet à 18 heures devant l'ambassade d'Italie à Paris (7ᵉ arrondissement). D'autres rassemblements sont prévus à Marseille, Bruxelles ou Lisbonne.

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Crédit photo : Gabriel Bouys / AFP, Pride de Milan, 24 juin 2023