Europe"Les LGBTI sont des fléaux" : la droite européenne soutient un candidat homophobe en Slovaquie

Par Nicolas Scheffer le 05/09/2023
Milan Majerský, candidat aux législatives en Slovaquie

Le PPE, parti de la droite au Parlement européen auquel sont affiliés Les Républicains (LR), a apporté son soutien pour les élections législatives en Slovaquie à un parti dont le président a qualifié les personnes LGBTQI+ de "fléaux qui détruisent n'importe quel pays".

Chassez Orbán, son idéologie revient au galop. Tandis que la Slovaquie vit sa campagne pour des élections législatives anticipées (le gouvernement de centre-droit a perdu un vote de confiance) fixées au 30 septembre, le Parti populaire européen (PPE), qui rassemble au Parlement européen les différents partis de droite dont Les Républicains (LR) pour la France, a donné sa bénédiction au parti slovaque KDH (également membre du PPE). Et ce, bien que le président de celui-ci ait qualifié les personnes LGBTQI+ de "fléaux""Nous souhaitons à tous nos partis membres beaucoup de succès", appuie néanmoins le PPE auprès d'Euractiv.

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C'est lors d'un débat télévisé, ce dimanche 3 septembre, que Milan Majerský a répondu à une question du public en ces termes : "La corruption et les LGBTI sont le malheur de tous les pays, pas seulement de la Slovaquie. Ce sont des fléaux qui détruisent simplement n'importe quel pays. La corruption et les LGBTI peuvent détruire la nation en tant que telle". Ouvertement LGBTphobe, la déclaration a d'autant plus fait réagir dans le pays qu'il y a seulement un an, un homme a ouvert le feu devant un bar LGBTQI+ de Bratislava, la capitale, faisant deux morts.

Le PPE, la droite française et l'homophobie

Face au tollé, le dirigeant du KDH a tenté de justifier sa déclaration après l'émission dans un post sur Facebook. "J'ai utilisé des mots inappropriés et j'en suis désolé", écrit-il en préambule. Puis, il explique qu'il pensait… à l'union des couples homosexuels, interdite en Slovaquie. "Le mariage d'un homme et d'une femme est spécifique dans la société car il suppose la procréation, c'est la survie de la nation. Quand j'ai utilisé le mot 'catastrophe' ou 'peste', je voulais parler de l'idéologie, pas de personnes spécifiques", croit-il bon de justifier. Une plainte a été déposée par une ONG, l'Institut des droits humains, rapporte le quotidien slovaque Aktuality "Ce sont les hommes politiques qui divisent la société pour accéder au pouvoir qui sont un fléau (...) L'homophobie est intrinsèquement antidémocratique", pointe l'organisation.

Les membres du PPE se sont souvent montrés magnanimes à l'égard des politiques LGBTphobes, particulièrement ceux de LR. Par exemple en 2019, quand des zones "anti-LGBT" commencent à pulluler en Pologne, François-Xavier Bellamy, figure française du parti de la droite européenne, s'abstient de voter une résolution les condamnant. Leader de l'homophobie d'État au sein de l'Union européenne, ce n'est qu'en 2021 que Viktor Orbán, le Premier ministre de Hongrie, est discrètement poussé dehors par une résolution du groupe en faveur de l'état de droit. En 2022, c'est encore la droite française qui se distingue : alors que le PPE accepte justement de voter une résolution dénonçant les atteintes à l'État de droit en Hongrie, la délégation française – menée par François-Xavier Bellamy, Nadine Morano, Brice Hortefeux, Arnaud Danjean… – refuse d'y joindre ses voix, après avoir déjà refusé en 2021 de voter pour proclamer l'Union européenne "zone de liberté LGBTQI+.

En juin 2024, les élections européennes renouvelleront l'ensemble des eurodéputés. Et la protection des droits des personnes LGBTQI+ s'annonce bien, face au lobby réac, comme l'un des clivages de la campagne électorale à venir.

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Crédit photo : capture d'écran télévision slovaque