Figure des droits LGBT+ à la Chambre des députés en Italie, Alessandro Zan est secrétaire national aux droits civiques au sein du Parti démocrate (PD, centre-gauche). Il analyse l'offensive en cours du gouvernement de Giorgia Meloni contre les familles homoparentales.
La Chambre des députés italienne a approuvé une loi visant à faire de la gestation pour autrui (GPA) un délit universel, baptisée loi Varchi. Le texte sera devant le Sénat en septembre. Pensez-vous qu'il sera adopté ?
Alessandro Zan : Cette loi est la première loi anti-gay en Italie. En criminalisant la GPA même lorsqu'elle est pratiquée dans un pays où elle est légale, Giorgia Meloni et son gouvernement s'en prennent avant tout aux couples gays, les seuls dont la parenté est mise en doute lorsqu'ils enregistrent à l'état civil un enfant né par GPA à l'étranger. D'ailleurs, Fratelli d'Italia [Frères d'Italie, le parti d'extrême droite de Giorgia Meloni, ndlr] a été condamné à verser 25.000 euros de dédommagement à un couple d'hommes dont l'image avait été utilisée lors d'une campagne contre la gestation pour autrui, rendant évident que le problème n'est pas la GPA mais le fait que les homosexuels y aient recours. Lorsqu'elle reçoit Elon Musk, Giorgia Meloni ferme les yeux sur ses enfants nés par GPA car il est hétérosexuel, riche et blanc. D'ailleurs, même si elle est votée, cette loi sera inconstitutionnelle et inapplicable, puisqu'elle nécessite la collaboration des pays où se déroule la maternité. Toujours est-il que c'est très violent : des enfants, des jeunes conçus par GPA qui vivent actuellement en Italie, entendent les politiques dire que leurs parents sont des criminels....