En finale de Drag Race France saison 2, Sara Forever a dévoilé dans une performance remarquée son tube "Madame Forever" qui, en plus de nous hanter jour et nuit, a fait naître en nos cœurs une folle lueur d'espoir… Et si le titre, qu'on peut désormais écouter sur les plateformes musicales, nous permettait de renouer avec la victoire à la coupe du monde des LGBTQI+, à savoir le concours de l'Eurovision ?
“Mais elle est foooolle !” Le 25 août, Keiona a remporté la couronne de Drag Race France saison 2 à l’issue d’une finale haletante. Une victoire méritée et qui a marqué l’histoire du programme puisque la queen a aussi réalisé l'exploit inédit de figurer au sommet du classement de chaque épisode. Face à elle parmi les finalistes, Sara Forever a livré une performance d’anthologie sur "Madame Forever", son tube qui a mis le feu à la soirée et se trouve désormais disponible sur les plateformes de streaming musical. Alors, comme Keiona qui en a fait la suggestion le soir de la finale sur ses réseaux sociaux, nous aussi on se prend à rêver : et si Sara Forever, la drag queen créée par Matthieu Bardin, nous permettait de regagner enfin l’Eurovision, concours de chant le plus camp de la planète et dont la victoire échappe à la France depuis… 1977, vous devriez le savoir, depuis le temps qu’on vous rabâche qu’on n’a plus rien décroché depuis Marie Myriam avec “L’oiseau et l’enfant” ! L’idée vous paraît “fooooolle” ? Pourtant, à y regarder de plus près, et à condition d'obtenir une dérogation – le morceau étant sorti peu avant le 1er septembre de l'année précédent la prochaine édition –, il y a quelques arguments…
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"Madame Forever" est d'abord un tube incontestable. L'écouter, c'est la chantonner. C’est d'ailleurs “la” chanson de la finale qui est restée sur toutes les lèvres, lesquelles reprennent en chœur “t’es chaos, chaos, chaos”, ce doux hommage à Mylène. Et puis son côté 90’s vise dans le mille pour ce concours phare de la bonne vieille pop rétro, qui se déroulera en 2024 à Malmö, en Suède. Inutile de vous préciser que l'avalanche de saxophones dans sa deuxième partie achève de nous convaincre : il n’y a rien de plus beau, de plus drôle, de plus efficace et de plus séduisant que le cri effréné de ce cuivre un peu fou, les plus grand·es le savent, de George Michael à Whitney Houston en passant par Lady Gaga dans “The Edge of Glory”.
"Madame Forever", c'est cadeau, cadeau, cadeau
Autre argument, et non des moindres, “Madame Forever” nous raconte une histoire, celle de son interprète : “Ce petit gars pas sûr de soi, petit cochon dans le miroir, mate le bâtard devenir une star, c’est cadeau, cadeau, cadeau…” Belle revanche sur la vie qui ne manquera pas de parler au public queer, mais pas seulement. Et l’on sait combien l’Eurovision aime les chansons à texte, les hymnes forts. La preuve en 1977 lors de notre consécration : “L'amour c'est toi, l'amour c'est moi, l'oiseau c'est toi, l'enfant c'est moi…” Bim, bien envoyé !
Mais ce n’est pas tout ! Sara Forever est une artiste complète au talent de danseuse incontestable. Or l’Eurovision, c’est aussi du spectacle, et ce n’est pas Verka Serduchka arrivée deuxième en 2007 pour l’Ukraine et devenue depuis lors une figure iconique du concours, qui dira le contraire. On a pour notre part un petit faible pour les chanteuses russes de 2012, parvenues également sur la deuxième marche du podium – ok, c'est incompréhensible – avec “Party for Everybody”. Dix ans après la victoire d’une autre drag queen, l'Autrichienne Conchita Wurst, Sara Forever avec sa choré d’enfer, sa combi zèbre et son célèbre grand écart, devrait être capable de produire ce miracle : permettre que dans les coulisses de ce joli concours, qui fait briller chaque année des brochettes d'artistes queers, on entende scander "Coco, cocorico, coco, cocorico !"
Crédit photo : France Télévisions