politiqueLe RN de Jordan Bardella toujours dernier pour soutenir les LGBT+

Par Nicolas Scheffer le 22/04/2024
Jordan Bardella, tête e liste du RN aux élections européennes 2024.

En amont des élections européennes 2024, une analyse des votes des eurodéputés sortants démontre que même lorsqu'il s'agit de renforcer la réponse pénale face aux crimes homophobes, le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella n'a pas changé : il est aux abonnés absents.

On s'en doutait, mais c'est plus clair en comptant : en Europe, l'extrême droite est décidément la plus fervente opposante aux droits des personnes LGBTQI+. En amont des élections européennes du 9 juin 2024, l'association Forbidden Colours a réalisé un rapport d'analyse des votes des eurodéputés sortants qui objective ce constat. Les scrutins ont été analysés sur neuf textes, parmi lesquels une résolution pour mieux punir les crimes homophobes et transphobes au sein de l'Union européenne (UE), une déclaration faisant de l'UE une zone de liberté pour les personnes LGBTQI+, ou encore un texte concernant la législation homophobe en Ouganda qui a introduit la peine de mort pour "homosexualité aggravée".

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Résultat : les 18 eurodéputés français du Rassemblement national (RN) ou passés à Reconquête, le mouvement d'Éric Zemmour (4 parlementaires), n'ont pas brillé par leur soutien, bien au contraire. Sur huit des neuf textes analysés, ils ont ainsi voté contre ou se sont abstenus : dénoncer les "zones anti-LGBT" en Pologne, niet ; l'homophobie d'État en Hongrie, non plus ; pousser les institutions à soutenir les LGBTQI+, pas question. Seule une déclaration pour la dépénalisation universelle de l'homosexualité a eu droit aux faveurs de l'extrême droite – mais pas de Jordan Bardella, tête de liste du RN aux européennes, absent lors de ce vote. Même lorsqu'il s'agissait de voter en faveur d'une résolution dénonçant une attaque homophobe dans un bar gay à Bratislava, en Slovaquie, les députés d'extrême droite ont refusé d'approuver le texte. Abstention également (y compris de Jordan Bardella) lors d'une résolution pour inscrire l'homophobie et la transphobie dans la liste des crimes de haine ; sachant que dans six pays de l'UE, ces motifs ne sont toujours pas reconnus comme une circonstance aggravante en cas d'agression. Le texte voulait y remédier, mais les États dirigés par des alliés du Rassemblement national (Italie, Hongrie) bloquent le processus de son adoption.

La droite opposée aux familles

Au sein de la droite du Parti populaire européen (PPE), auquel appartiennent les huit eurodéputés français du parti Les Républicains (LR), les votes sont plus disparates, oscillant entre soutien et abstention. À l'exception d'un texte sur lequel la droite française a voté contre : une résolution sur les familles homoparentales, honnie par la tête de liste de LR aux européennes, François-Xavier Bellamy. Cette résolution – finalement approuvée sans la droite – permet que les parents de même sexe puissent voyager dans l'ensemble de l'UE sans que les droits de leurs enfants soient remis en cause.

Heureusement, les personnes LGBTQI+ ont aussi du soutien au Parlement européen. Ainsi, 55 eurodéputés français ont voté en faveur des neuf textes analysés : Renaissance (23 élus), les Verts (12 parlementaires), les Socialistes et Démocrates (7 eurodéputés) et la Gauche (La France insoumise, 6 députés) ont voté en faveur de la défense des droits des personnes LGBTQI+.

Malgré ces soutiens, la France reste, avec ses 79 députés sur un total de 705, parmi les mauvais élèves sur le sujet puisqu'elle est classée par Forbidden Colours 19e sur les 27 pays de l'UE, entre la Grèce et la Lettonie. À échelle de l'Europe, les députés les plus proactifs sont les Irlandais, les Luxembourgeois puis les Maltais, et les pires sont les Italiens, les Hongrois puis les Polonais. "Nous démontrons que lors de la dernière législature, un eurodéputé sur quatre a voté au moins une fois contre les droits fondamentaux des personnes LGBTQI+. Sur la base des sondages actuels, cette proportion pourrait monter à 40% après les élections", regrette l'association. Mais ce n'est pas une fatalité : à nous de faire entendre nos voix le 9 juin.

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Crédit photo : FREDERICK FLORIN / AFP

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