justiceDéchaînement homophobe contre Bilal Hassani : quatre hommes condamnés

Par Nicolas Scheffer le 15/01/2025

Face à une vague de haine en ligne, Bilal Hassani avait dû annuler en 2023 un concert prévu dans une église désacralisée à Metz. Quatre hommes ont été condamnés à des amendes pour "provocation publique à la haine en raison de l'orientation sexuelle" et "injure publique".

"Nous sommes très satisfaits", se félicite auprès de têtu· l'avocate de Bilal Hassani, Me Clara Steg. Quatre hommes, âgés de 23 à 69 ans, ont été condamnés ce mercredi 15 janvier par le tribunal correctionnel de Paris pour "provocation à la haine" et "injure publique" à l'encontre du chanteur avec la circonstance aggravante de l'homophobie. En avril 2023, ils avaient participé à la vague de cyberharcèlement homophobe qui avait accompagné l'annonce de son concert dans une église désacralisée à Metz. Face aux menaces reçues sur les réseaux sociaux, la société de production de Bilal Hassani avait préféré annuler l'événement.

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Le parquet poursuivait cinq prévenus, tous des hommes, dont seuls deux étaient présents à l'audience : sur Twitter et Youtube, l'un avait appelé "cette bande de dégénérés" à "laisser nos églises tranquilles", un autre à "les brûler", un troisième imaginait le "travelo marocain" "se faire lapider"… L'un a été condamné à 60 jours-amende de 50 euros, un autre à une amende de 1.500 euros avec sursis et devra suivre un stage de citoyenneté, et deux autres hommes à 1.000 euros d'amende avec sursis.

Un militant d'extrême droite relaxé

Le dernier prévenu a été relaxé pour des raisons de procédure – le tribunal ayant estimé les faits mal qualifiés. "Ce militant d'extrême droite n'est pas venu à l'audience, souligne Me Steg. Au contraire, il a adressé au tribunal de longues observations sur sa défense, invoquant toutes sortes d'arguments farfelus". Les quatre condamnés devront verser entre 400 et 800 euros chacun de dommages et intérêts à l'artiste, mais aussi aux six associations, dont le gestionnaire de la salle de concert, qui s'étaient portées parties civiles. "Dans l'ensemble, nous sommes très satisfaits. Même symboliques, ces peines démontrent qu'on est hors du cadre de la liberté d'expression", salue l'avocate.

C'est le collectif Lorraine catholique, soutenu par Civitas (depuis dissous par le ministère de l'Intérieur, entre autres pour ses appels à la haine), qui avait lancé un mouvement d'indignation, hurlant à la "profanation" alors que l'ancienne église de Metz où devait se produire le chanteur, la basilique Saint-Pierre-Aux-Nonnains, est désacralisée depuis… 500 ans.

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Crédit photo : Kristy Sparow / Getty Images Europe via AFP

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