10 films et séries à (re)voir pour la journée mondiale de lutte contre le VIH

Auréolée d’un prix Pulitzer, la pièce de théâtre acclamée de Tony Kushner eut droit au traitement télévisuel au début des années 2000 sur HBO, déjà réputée pour ses productions de qualité. Angels in America ne démérite pas, avec son portrait poétique et désarçonnant de l’Amérique pendant l’ère Reagan, sur fond d’épidémie de sida. Au fil des six épisodes, la caméra suit les destins croisés d’un groupe de personnes avec, en son cœur, un jeune homosexuel malade qui reçoit la visite d’un ange. Portée par un gros casting – de Meryl Streep à Al Pacino –, cette mini-série sensation revisite par un prisme inattendu la crise du sida des années 80 et n’oublie pas d’insuffler l’émotion nécessaire pour être simplement mémorable.

>> Angels in America est disponible à la demande sur OCS.

Perçue comme une digne héritière de Queer as Folk – qui incluait déjà son lot de personnages séropositifs –, la série Looking prenait plaisir à narrer les hauts et les bas d’un groupe d’amis gays à San Francisco. Attachante et symbolique pour tout un tas de raisons, la série vise d’autant plus juste lorsqu’elle accueille Eddie en saison 2. Incarné par Daniel Franzese (Mean Girls), ce dernier est bénévole dans un refuge pour jeunes LGBTQI+… et accessoirement, séropo. Sa relation avec Agustin, qui se montre d’abord démuni en apprenant le statut sérologique de son nouveau petit ami, permit d’éduquer sur la question du VIH et de briser certaines idées reçues à la dent dure. D’ailleurs, depuis l’arrêt de la série en 2016, son interprète est un fervent militant de la lutte contre le sida, soutenant plusieurs associations.

>> Looking est disponible à la demande sur OCS.

Rien n’aurait laissé penser a priori qu’un thriller aux accents soap comme How to Get Away with Murder parle aussi bien de VIH à une large audience. Et pourtant ! Entre deux affaires de meurtres, la série de Peter Nowalk a pris le temps de développer la relation entre Connor et Oliver, un couple sérodifférent puisque le second est positif au VIH. Le personnage d’Oliver permet d’éduquer le public de la série aux thématiques relatives au virus. Le programme est d’ailleurs devenu le tout premier à aborder le sujet de la PrEP sur un réseau américain. Bonus : le couple Connor/Oliver est adorable.

>> How to Get Away with Murder est disponible à la demande sur Netflix.

Adapté de la pièce éponyme de l’activiste Larry Kramer, The Normal Heart est l’un des téléfilms les plus marquants sur le sujet. Et pour cause, ce long-métrage piloté par Ryan Murphy (American Crime Story, entre autres) dépeint avec beaucoup d’humanité la crise du sida dans le New York des années 1980. Et ce, à travers l’histoire de Ned, un jeune écrivain – joué par Mark Ruffalo – qui se découvre une âme de militant dès lors qu’une maladie méconnue commence à ôter la vie de ses amis. Tour à tour bouleversant et éclairant, ce film permet de se (re)familiariser avec une génération sacrifiée d’homosexuels et de souligner les combats qu’il aura fallu enclencher pour en arriver aujourd’hui. Bonus : Julia Roberts au casting.

>> The Normal Heart est disponible à la demande sur OCS.

Dans une démarche peu ou prou similaire à The Normal Heart, le chef-d’œuvre français maintes fois récompensé de Robin Campillo demeure un visionnage essentiel. 120 battements par minute se focalise sur les luttes menées par l’association Act Up-Paris pour sensibiliser le gouvernement aux droits des personnes séropositives durant les années 1990. Pour ce faire, le film nous invite à suivre Nathan, un jeune militant en herbe campé par Arnaud Valois. Bien qu’il soit fictionnel, 120 BPM fut vivement loué pour son réalisme, illustrant avec brio une période délicate et intense.

>> 120 battements par minute est disponible à la demande sur Netflix.

Ce fut la révélation série 2021. Pensée par Russell T Davies (Queer as Folk), It’s a Sin nous embarque dans le Londres des années 1980, où un groupe de vingtenaires gays sont déterminés à profiter de leur jeunesse et de tout ce que la capitale britannique peut leur offrir. Mais la fête est de courte durée, l’épidémie de sida commençant à faire des ravages… Parfois plombante, souvent déchirante, cette mini-série britannique brille à tous les niveaux et s’impose comme une réussite en termes de reconstitution du climat de l’époque, sublimée par des performances irréprochables.

>> It’s a Sin est disponible à la demande sur MyCanal.

Lors de sa sortie, en 1993, Philadelphia a été une claque pour la planète. Tom Hanks, magistral, y incarne Andrew Beckett, un brillant avocat homosexuel, licencié du jour au lendemain sans raison par le cabinet qui l’emploie. Persuadé que sa contamination au VIH est la raison de cette rupture brutale de son contrat, il va s’engager dans une bataille juridique avec la firme, épaulé par Joe Miller, joué par Denzel Washington, un avocat ambitieux mais qui a tout apprendre sur l’homosexualité. Un film majeur, le premier à Hollywood sur le sida, la sérophobie et l’homophobie, dont la chanson titre de Bruce Springsteen est devenue aussi culte que le film. Tom Hanks sera récompensé pour ce rôle de l’Oscar du meilleur acteur.

On oublie trop souvent l’importance du film de Cyril Collard. Couronné de quatre Césars dont celui du meilleur film en 1993, ce long-métrage au succès populaire (plus de deux millions d’entrées) a participé à lever les tabous sur le sida en France. Cyril Collard y interprète Jean, chef opérateur bisexuel et séropo. Un rôle que des grands noms du cinéma français ont refusé d’endosser. Si Jean multiplie les amants, sa rencontre avec Laura (Romane Bohringer) va tout changer. Et la maladie aussi. Un grand film, qui fêtera l’année prochaine ses 20 ans, et qui devrait être pour l’occasion adapté au théâtre. Stay tuned !

C’est un film contesté pour le personnage de femme trans incarné par Jared Leto, un acteur cis, sacré oscar du meilleur second rôle. Mais au-delà de cette polémique, Dallas Buyers Club a le mérite de montrer au grand public un pan méconnu de l’histoire américaine. Le réalisateur Jean-Marc Vallée (à l’origine de C.R.A.Z.Y) y revient sur une histoire vraie, celle de Ron Woodrof, 35 ans, un cowboy redneck homophobe qui se retrouve contaminé à la suite d’une prise de drogue. Révolté par l’inaction des médecins, il mobilise d’autres malades pour se procurer des traitements alternatifs. Ainsi naît le « Dallas Buyers Club », sur lequel les autorités ne tardent pas à se pencher… Un film majeur.

Un petit bijou. Le premier long-métrage d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, sorti en 1998, réussit le tour de force de faire du sida un sujet de comédie musicale. Perché, coloré, sensible et déchirant, il suit le parcours de Jeanne, jeune femme frivole, qui rencontre l’amour par hasard dans le métro. Son crush, c’est Olivier, incarné par Matthieu Demy (fils de Jacques Demy, lui-même mort du sida en 1990). Et Olivier est malade… En mettant au centre de son intrigue un couple hétérosexuel, le duo Ducastel et Martineau s’autorise à être pédago et mainstream à une époque où tout et n’importe quoi circulait sur le sida. La figure de François, militant d’Act up dont le mari a été emporté par l’épidémie, vient aussi rappeler la réalité du vécu des hommes gays en une simple chanson : la perte de l’amour évidemment, le traitement que réservaient souvent les familles au conjoint du défunt, la reconstruction…  Alors pour contrebalancer, Jeanne s’habille de chansons rythmées, légères et de chemisiers coquelicots. Un drame emballé dans un papier de bonbon, à voir et à revoir à l’infini.