Colorée, chaleureuse et très suivie, la Pride 2021 de Paris/Île-de-France s'est élancée samedi de Pantin, en banlieue parisienne, pour la première fois de son histoire.

Sur l'air d'"I will survive", la Pride édition 2021 démarre. Ce samedi 26 juin, le soleil n'est pas au rendez-vous mais les couleurs sont dans le cortège, ainsi que les slogans rappelant que la lutte continue. "PMA pour toustes"; "Les LGBTphobies ça suffit"; "Il est temps de sortir du cis-thème". Pour la première fois de son histoire, la Pride parisienne est partie de banlieue proche, à Pantin (Seine-Saint-Denis, au nord-est de la capitale). "Notre souhait était de faire une marche qui n’oublie personne", explique Matthieu Gatipon-Bachette, porte-parole de l’Inter-LGBT. Aux fenêtres comme aux abords du cortège, les têtes curieuses se sont mêlées peu à peu à la foule.

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Une Pride politique

Sous un ciel nuageux, des milliers de personnes se sont élancées sans chars mais avec des tenues soignées tout le long du parcours. Sur les pancartes, les slogans politiques s'affichent. "Nous sommes les jeunes filles en feu", "pas de flics dans nos fiertés", "mon corps, mon choix, ta gueule". Cette Marche arrive une semaine après la Pride radicale, anti-raciste et anticapitaliste, également organisée à Paris et dont la communication s'opposait frontalement à la Marche des fiertés de l'Inter-LGBT. L'interassociative a donc tenu à rappeler dans les discours de ses membres que cette Pride n'est pas celle du pinkwashing mais bien une marche politique et qui lutte contre toutes formes de discriminations. Y compris contre le racisme au sein des communautés LGBT+ ou la fétichisation des personnes trans. 

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Partout la même effervescence, la même joie de se retrouver et de se compter si nombreux•ses autour d'un même combat. Celle de l'égalité des droits pour tous et toutes. Cette année la Pride s’est déroulée sans Flag, l'association de policiers LGBTQI+, sans politique en tête de cortège et en mode no blabla. Les associations de lutte contre les LGBTphobies, dont Acceptess-T, ont ouvert la marche. Un peu plus loin, discrètement Julien Bayou, Clémentine Autain et Audrey Pulvar étaient là pour rappeler que le lendemain était un jour d'élection.

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Dans les groupes d'ami·es, la joie explose. "Moi, je me mets sur le côté et j'attends que la Pride défile pour retrouver tous mes ami·es", raconte Ophélia. D'une voix posée, elle raconte sa transition qui commence et la bienveillance de toutes les personnes autour d'elle. "Je m'attendais pas à ce que l'on me genre directement bien. J'ai du mal à me trouver légitime encore et je trouve ça très beau que ma transition ne soit pas une question."

Droit à disposer de son corps

Un peu plus loin, une mère et sa fille se prennent dans les bras. Elles sont venues, ce jour, pour rappeler que le droit de disposer de son corps est essentiel. "Ma fille est lesbienne, si elle veut des enfants ou non, c'est à elle de décider si elle souhaite une famille ou non. Pas à des politiques", raconte Joséphine. A côté d'elle, sa fille rigole et s'excuse. Il faut rattraper les ami·es un peu plus loin dans le cortège avant de les perdre définitivement.

Annulée l’an passée pour cause de Covid-19, cette marche partie de Pantin pour rejoindre la place de la République était aussi le dernier grand rassemblement LGBT+ avant la présidentielle l’an prochain. L’occasion de rappeler que ni la PMA, ni la fin des thérapies de conversion n’ont encore été définitivement actées par le gouvernement actuel. 

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Après avoir descendu le boulevard Jaurès dans le 19e arrondissement, les participant·es ont observé une première minute de silence en hommage aux victimes du VIH-sida. Trois heures plus tard, la marche s'est terminée sur une nouvelle minute de silence, cette fois-ci pour les victimes de LGBTphobies. Peu après, entre deux slogans revendicatifs, la place de la République c'est transformée en club à ciel ouvert.

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