Chéries-Chéris : 5 films à découvrir au festival de cinéma LGBTQI+ de Paris

Afrique du Sud, 1981. Comme bon nombre de jeunes hommes blancs, Nicholas, 16 ans, est contraint de participer, pendant deux ans, à son service militaire obligatoire. Avec d’autres adolescents de son âge, il se rend ainsi à la frontière d’Angola pour débuter cet entraînement, aussi rude sur le plan psychologique que physique. Mais si les atrocités de la guerre le guettent, c’est surtout sa sexualité incertaine et en pleine ébullition qui le travaille. Car bien qu’elle soit toujours là en filigrane, la guerre n’est pas le sujet direct de Moffie. Avec ce film vibrant, Oliver Hermanus ausculte plutôt les failles d’une masculinité corrosive et la découverte de soi.

Fils d’Iraniens exilés, le jeune Parvis mène une vie de désinvolture dans sa petite ville allemande. Après avoir commis une infraction à la loi, il est contraint d’aller travailler dans un centre pour réfugiés. C’est là-bas qu’il fait la rencontre de Banafshe et Amon, deux frère et sœur qui ont fui l’Iran dans l’espoir d’un avenir meilleur. Le trio se met à passer beaucoup de temps ensemble, mais les choses se corsent lorsque Parvis et Amon se rapprochent plus intimement. Avec No Hard Feelings, le néo-réalisateur Faraz Shariat amène des réflexions pertinentes sur l’intégration, le choc des cultures mais aussi l’exploration sexuelle et identitaire, le tout sublimé par une mise en scène très « clipesque ». Un film coming of age à l’esthétique indé qu’il ne faut pas rater.

Nora grandit entourée d’une mère alcoolique et démissionnaire ainsi que d’une sœur aînée qui se prend déjà pour une femme. Elle se lance alors à la découverte d’elle-même, sans véritable modèle auquel s’identifier. L’événement déclencheur de cette quête n’est autre que Romy, une nouvelle élève à l’allure queer qui fera office de guide spirituel lesbien et l’aidera à sortir de sa chrysalide. Touchante et empreint d’une grande sensibilité, Kokon joue beaucoup sur l’implicite et les émotions de l’âge adolescent sont retranscrites avec suffisamment de justesse pour raviver nos souvenirs. Signé par la réalisatrice allemande et lesbienne Leonie Krippendorff, le film rend hommage aux premières fois : la découverte des corps – le sien et celui des autres –, les premières règles, les premières désirs mais aussi les premières déceptions. (Tessa Lanney)

Dans le New York de 2013, Ben cumule les rencontres qui mènent pas à grand-chose, malgré sa bonne volonté. Jusqu’au jour où il fait connaissance avec Sam, un Afro-américain habitant Brooklyn. Ils passent alors l’été à se découvrir l’un l’autre, laissant tomber des barrières qui semblaient insurmontables. Mais leur relation grandissante fait ressurgir des traumatismes passés que Ben avait longtemps réprimés. Invoquant le cinéma d’Andrew Haigh, Cicada est un premier film qui mise sur un parti pris très naturaliste pour décortiquer une relation gay à ses débuts. Sans tomber dans une morosité pesante, il explore le thème épineux des violences sexuelles et parvient à s’y frotter avec beaucoup de bienveillance et de sensibilité. Une réussite.

À 17 ans, Bagdad habite Freguesia do Ó, un quartier populaire et cosmopolite de São Paulo, avec sa mère et ses sœurs. Ses journées sont rythmées par ses sessions de planche à roulettes au skatepark du coin. Là-bas, elle est entourée presque exclusivement de garçons. Tout commence à changer dès lors qu’elle se lie d’amitié avec d’autres skateuses, perçues comme une anomalie dans ce sport à prédominance très masculine. Je m’appelle Bagdad fait orbiter son récit autour d’une héroïne à la sexualité non définie, mais dont l’entourage est particulièrement queer. Dans l’ensemble, il s’agit d’un film à la résonnance féministe qui ne recule pas devant des sujets forts comme le sexisme ou les agressions sexuelles.