Ensemble depuis dix ans, Jérémy Falédam et Jérémy Guetté ont lancé une page Instagram commune, où ils partagent des clichés valorisant la queerness dans son habit le plus pop.

Les deux s'appellent Jérémy. Ils ont 33 ans. L'un est régisseur, l'autre est ex-chef de projet digital et depuis peu ex-co-président de SOS Homophobie. Mais plus qu'un prénom, Jérémy Guetté et Jérémy Fadélam partagent aussi dix ans de vie commune. "On est un vieux couple, blague ce dernier lorsqu'on l'a au bout du fil. On est rentrés en contact sur un tchat gay en ligne, c'était l'époque où il n'y avait pas encore d'applications. On s'est assez vite rencontrés et on ne s'est plus jamais quittés. La collaboration artistique s'est faite au fil du temps". Il est ici question de JeremieLouie, leur compte immanquable sur Instagram.

Depuis le printemps 2019, le couple parisien alimente cette page avec des photos faites maison. Et avec le temps, leurs clichés ont gagné en complexité et en esthétisme. Des couleurs vives, des peaux immaculées et un max de luminosité et de contraste : leurs images reflètent une atmosphère pop éminemment contemporaine. "Au début, on essayait de faire un feed Instagram un peu cohérent, concède Jérémy Fadélam. Puis finalement, on a arrêté avec l'idée qu'en fait, quand on développe un univers et qu'on apporte ce truc qui vient vraiment de nous, ça finit forcément par se ressentir dans le feed sans qu'on ait besoin de trop y réfléchir".

Queer(s) devant et derrière l'objectif

En regardant les images particulièrement léchées du couple, qui rappellent parfois l'univers de Pierre et Gilles, on se doute qu'elles nécessitent une implication considérable. "Un projet peut prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines, confie le cocréateur de la page. En plus, on aime bien parfois fonctionner sur l'imprévu. Les séances peuvent se prolonger afin qu'on teste plusieurs choses". Mais les prises de vue ne sont pas le travail le plus conséquent pour ces deux autodidactes. Ça, ce sont les retouches après-shooting. "L'univers qu'on développe est très propre, très lisse, très artificiel, fait-il remarquer. On a donc un gros boulot de post-production. Et ça peut prendre du temps, c'est jamais moins d'une demi-journée de boulot".

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Au-delà de leur parti pris esthétique fort, "Jérémy grand" et "Jérémy petit" – c'est ainsi que leurs proches les distinguent affectueusement – ont un autre fil conducteur qui guide leurs photos. En effet, ces dernières mettent (littéralement) en lumière des modèles, surtout masculins, issus de la communauté LGBT+. "Si l'on devait parler de ligne éditoriale, c'est vrai qu'on aime mettre en avant des jeunes personnes queers parce que c'est dans ce milieu-là qu'on évolue, avoue Jérémy Fadélam. On fait ça de manière consciente, d'autant qu'il y a de plus en plus d'influenceurs LGBT+ assumés. La visibilité est un chantier sur lequel il faut travailler pour faire avancer les choses". Pour l'ex-co-président de SOS Homophobie, c'est, finalement, une autre façon de militer.