sportManuel Picaud, président des Gay Games : "Ouverture des inscriptions le 13 mai !"

Par Adrien Naselli le 18/04/2016
gay games

Manuel Picaud se consacre à temps plein, avec l’aide d’une centaine de bénévoles, à l’organisation des Gay Games qui auront lieu du 4 au 12 août 2018 à Paris.

 
En novembre dernier, Paris 2018 a tenu une conférence de presse à mille jours de l’événement... Avez-vous avancé comme prévu depuis ?
Oui. Les Gay Games présentés par Paris 2018 sont issus de la FSGL (Fédération Sportive Gay et Lesbienne) qui compte actuellement 6.000 adhérents. Nous avons commencé à signer des conventions avec nos trente-six fédérations sportives nationales partenaires. La réservation des 70 lieux nous a bien occupé, car outre les manifestations sportives il y aura au programme une quinzaine d’événements culturels. L’essentiel était de finaliser le cahier des charges de ces événements. Et puis nous avons enrichi notre cercle d’ambassadeurs. De nouveaux ont rejoint l’équipe, et notamment Lilian Thuram (photo ci-dessus), qui est devenu ambassadeur de Paris 2018. Nous pouvons également compter sur le nageur Gilles Rondy et sur le boxeur John Mmumba et notre nouvelle co-présidente d’honneur, Isabelle Lamour, présidente de la Fédération française d’escrime.
 
Vous aviez annoncé le lancement des inscriptions pour les Gay Games au mois de mai. Est-ce que ce sera bien le cas ?
Oui tout à fait. Nous avons lancé la révision complète de notre site internet qui sera effectivement inauguré le 13 mai prochain. Nous avons préparé le logiciel d’inscription qui sera accessible à cette même date. Le site web est bien avancé et en phase d’actualisation complète. Nous avons réalisé un certain nombre de visuels pour ça. Le 13 mai, ce sera aussi l’ouverture du Tournoi International de Paris (TIP). Il s’agit d’un événement assez lié à Paris 2018 car le premier tournoi était l’occasion de montrer que nous étions capables d’organiser un grand événement. Le TIP a continué, il est devenu un rendez-vous important à l’échelle européenne, c’est un clin d’œil. Ca tombe le vendredi 13, espérons que cela nous portera chance !
 
On peut donc dire que les Gay Games sont la petite sœur du TIP ?
Oui en effet, nous avons d’ailleurs de nombreux bénévoles communs avec le TIP, nous sommes très liés. Mais Paris 2018 est aussi la petite-fille des neuf éditions précédentes des Gay Games qui ont toutes une dimension mondiale avec à chaque fois en moyenne plus de 10.000 participants.
 
Qui pourra s’inscrire ?
Tous les sportifs et les artistes qui souhaitent participer à l’expérience sans aucune sélection ni critère. Les sportifs vont pouvoir choisir l’un des trente-six sports proposés, et les artistes l’un des cinq événements culturels qui nécessitent une inscription : la chorale, l’orchestre symphonique, la fanfare, les cheerleaders et le théâtre improvisé. En tout, nous pourrons accueillir 15.000 participants. Toute personne de plus de 18 ans et qui adhère à nos valeurs de diversité, de respect, d’égalité, de solidarité et de partage est invitée à s’inscrire pour faire avancer les mentalités.
 
Vous avez rangé les Pom-pom parmi les événements culturels ?! Pourquoi pas parmi les sports ?
(Rires) Je vous rassure, il y aura aussi un tournoi de cheerleaders dans le gymnase du stade Charléty. C’est en effet une activité très acrobatique avec de grandes pyramides et des sauts en l’air. Mais les participants animeront aussi les cérémonies, certaines épreuves sportives et même des concerts.
 
Vous avez aussi prévu un cycle de conférences avant l’ouverture des jeux.
Oui, du 1er au 3 août 2018, elles accueilleront quelques centaines de participants sur le thème du sport pour tous. Une première journée sera consacrée à « Sport et discrimination », une deuxième à « Sport, bien-être et santé » et une troisième à « Sport et accessibilité ». Le tout aboutira à 18 propositions pratiques – en référence à Paris 2018 – à destination des pouvoirs publics et des fédérations sportives. Nous aurons l’expertise de scientifiques, de sociologues, de praticiens, de militants. Nous voulions organiser un temps de réflexion qui aille plus loin qu’un exposé sans suite. Il sera coordonné par l’UFOLEP, une grande fédération sportive qui compte 300.000 adhérents.
 
Quels seront les thèmes abordés lors de la journée « Sport et accessibilité » ?
Nous nous inscrivons dans l’idée que le sport doit être accessible à toutes et à tous, à l’inverse des Jeux Olympiques qui conservent un côté élitiste. Nous estimons que le sport fait partie de l’émancipation personnelle et permet de faire reculer les préjugés. Nous travaillons pour que le sport soit mis en avant pour les minorités : pas seulement les personnes en situation de handicap, mais aussi les femmes, qui sont exclues de certains sports, et les seniors. Nous allons particulièrement attirer l’attention sur le cas des personnes trans en demandant comment faciliter leur inclusion dans les fédérations sportives. Nous refusons l’invasion médicale pendant le déroulement de ces jeux. Les Gay Games sont les premiers à avoir écrit une charte sur cette question. Sur le site internet, chaque personne qui s’inscrit dira quel est le genre dans lequel il ou elle souhaite concourir.
 
Avez-vous abordé la question de la mixité, ou plutôt de la non-mixité dans le sport ?
Nous essayons de promouvoir un sport mixte autant que faire se peut.
 
La Ville de Paris vous soutient-elle toujours autant ?
On a établi des relations très étroites avec l’ensemble des institutions publiques. Nous voyons régulièrement les responsables de la région, de la Ville et du ministère des Sports. On travaille avec le Délégué Interministériel aux Grand Événements Sportifs (DIGES), un préfet qui coordonne ces rendez-vous d’ampleur. Cela veut bien dire que Paris 2018 est un événement important pour le gouvernement.
 
Tous les lieux ont-ils été trouvés ?
Nous allons utiliser soixante-dix lieux dans toute la région Ile-de-France. La cérémonie d’ouverture aura lieu au stade Jean-Bouin, le tournoi d’athlétisme au stade Charléty, il est question de faire les finales de tennis à Rolland Garros. Et nous avons déjà signé la mise à disposition du Grand Palais pour la cérémonie d’ouverture.
 
Lors des neuf éditions précédentes, le public hétéro s’était-il pris au jeu ?
Nous nous appelons « Paris 2018 » car cela nous permet d’indiquer aux gens que l’événement est ouvert à toutes et à tous. « Gay Games » apparait en sous-titre. Je préfère dire que nous organisons l’événement du sport et de la culture pour tous. La population hétéro est de plus en plus engagée au sein des Gay Games. En 1982, à San Francisco, on ne comptait presque que des LGBT. Il est difficile en Europe d’avoir des chiffres, mais je peux vous dire qu’à Cleveland en 2014 il y avait environ 20% d’hétéros. Nous nous appuyons sur trois principes : la participation, l’inclusion et le dépassement de soi. Il ne s’agit pas de performance absolue, mais par exemple de courir 5.000 mètres si on a l’habitude d’en courir 4.000.
 
Comment réagissez-vous aux récentes manifestations d’homophobie dans le sport ? Je pense notamment à la sortie du footballeur Serge Aurier à propos de Laurent Blanc.
Si les Gay Games ont été créés en 1982 par le DR Tom Waddell, un médecin et décathlonien olympique, c’était justement pour offrir une plus grande visibilité aux sportifs LGBT et faire reculer l’homophobie dans le sport. Je pense qu’elle reste importante, en particulier dans notre pays. Elle est tellement incarnée, intériorisée par les pratiquants, les fans, les dirigeants qu’ils ne se rendent même pas compte du fait qu’ils ont des comportements et des propos homophobes. Ce n’est pas étonnant que les propos de Serge Aurier n’aient pas été qualifiés d’homophobes par la plupart des médias. Lorsque nous discutons avec les fédérations sportives, aucune ne nous dit qu’elle rencontre de l’homophobie dans son club. En réalité, on sait bien que c’est le cas puisque beaucoup de sportifs restent dans le placard. Certains leur conseillent même de ne pas faire leur coming-out pour ne pas « mettre de barrière » à une carrière possible. En tout cas, notre approche est très bien accueillie par le monde sportif. Ca les intéresse, ils sentent bien que nous ne sommes pas en opposition avec eux. On en profite pour leur ouvrir les yeux sur des questions auxquelles ils n’ont pas réfléchi, par exemple sur les personnes trans, ou sur le cas du patinage artistique qui est encore réservé aux couples de sexes différents. Nous demandons qu’il soit ouvert aux couples de même sexe ! Ce qui ne signifierait d’ailleurs pas forcément que les patineurs soient homos.
 
Comment nos lecteurs qui souhaiteraient vous aider peuvent-ils s’engager dans l’association ?
On a besoin d’un grand élan populaire. Paris 2018 est une fédération d’énergies, nous sommes une association à part. Nous essayons de rassembler le plus grand nombre de personnes, on aura besoin de 3.000 bénévoles pour accueillir 15.000 participants. Il suffit de s’inscrire sur le site. Deuxième chose : vos lecteurs peuvent nous aider à financer l’événement. On a créé la fondation « Inclusion Paris 2018 » sous l’égide de la fondation reconnue d’utilité publique FACE : elle permet aux donateurs de défiscaliser l’ensemble de leurs dons. Cette fondation a pour but de financer l’événement et d’aider des participants les plus démunis à participer. Et enfin il faut aussi s’inscrire le plus tôt possible pour concourir aux Gays Games, à partir du 13 mai !
Retrouvez plus d'informations sur le site officiel de Paris 2018.
Crédit photo de couverture : © Franck Weens / Paris 2018