Six villes "sans LGBT" ne recevront pas de subvention européenne dans le cadre d'un programme de jumelage. Cette sanction, relativement symbolique, est un premier pas vers une véritable condamnation diplomatique.
La sanction est relativement symbolique mais elle pourrait avoir un impact important. L'Union Européenne n'apportera pas de subvention à six communes polonaises qui ont adhéré à un programme de jumelage. Les six villes appartiennent à des zones dites "sans LGBT". Ces espaces revendiquent d'être "libérés de l'idéologie LGBT+", laissant porte ouverte aux discriminations.
Des sanctions de 5.000 à 25.000 euros
Les sanctions en questions restent faibles. Il s'agit de montants de l'ordre de 5.000 à 25.000 euros. "Ces sommes peuvent tout de même avoir un impact significatif sur le budget d'une commune", note Sébastien Tüller, responsable des LGBTQI chez Amnesty International qui se félicite auprès de TÊTU "d'une première étape qui n'est pas suffisante".
"Les valeurs de l'Union et les droits fondamentaux doivent être respectés par les États membres et les autorités. C'est pourquoi la demande de jumelage de six villes polonaises qui ont adopté des "zones sans LGBT" ou des résolutions "pour le droit des familles" ont été rejetées", écrit sur Twitter la commissaire européen pour l'Égalité.
EU values and fundamental rights must be respected by Member States and state authorities.
This is why 6 town twinning applications invilving Polish authorities that adopted 'LGBTI free zones' or 'family rights' resolutions were rejected.#LGBTI #UnionOfEquality
— Helena Dalli (@helenadalli) July 28, 2020
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"C'est important d'avoir des condamnations fortes"
En décembre dernier, le Parlement européen avait dénoncé de telles dispositions et demandé un contrôle accru des fonds européens. "C'est important d'avoir des condamnations fortes. Certains maires disent ne pas se rendre compte de l'impact des mesures qu'ils prennent et reviennent sur leur décision. Ils sont désinformés en permanence par l'État polonais et de telles sanctions permet de lutter contre cette désinformation", complète Sébastien Tüller.
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À Kònskowola, l'une des communes visées, le maire a promis de "discuter plus en détail de ce sujet. J'ai l'impression que les conseillers ne savaient pas vraiment ce qu'ils faisaient", dit-il cité par Euronews. De plus, plusieurs zones ont été annulées par la justice polonaise.
Changement de ton de la France
Quant à la France, elle a modérément durci son ton. Le nouveau secrétaire d'État aux Affaires européennes, Clément Beaune, a fait un pas vers une condamnation de la politique discriminatoire de la Pologne.
"Il y a (…) des zones en Pologne, parfois déclarées par des municipalités, dites ‘LGBT free’. Des commerces, des quartiers de centre-ville où l’ont dit que des gens en raison de leur orientation sexuelle ne sont pas les bienvenus. C’est évidemment scandaleux, effrayant et c’est au sein de l’Europe que cela se passe", déclarait-il sur France Inter le 29 juillet avant d'appeler à la création d'un mécanisme efficace de sanctions.
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Avant lui, la diplomatie française est restée très timorée dans ses condamnations des atteintes à l'État de droit en Pologne. Jean-Yves le Drian, le ministre des Affaires étrangères ne s'est pas prononcé sur le sujet. Emmanuel Macron avait plaidé pour limiter les aides financières du plan de relance européen. Il déclarait "C’est simple, pas d’État de droit, zéro euro", sans que cette déclaration ne soit suivie d'effet.
Un tiers du pays "sans LGBT"
Une centaine de communes répartie sur un tiers de la Pologne se sont déclarées "sans LGBT". Cet affichage n'a pas de répercussion légale mais renforce la rhétorique menaçante à l'encontre des personnes LGBT+. L'année dernière, des opposants aux droits des LGBT+ ont jeté des briques, des pierres et des feux d'artifices contre des personnes qui marchaient lors d'une Fierté à Bialystock, note le New York Times.
Crédit photo : Facebook / Gazeta Polska