Perché sur ses hauts stilettos, Papa Drag est un artiste ouvertement gay qui prône "l'insolence d'être soi". Son mantra au quotidien, qu'il emmène jusque devant les juges de The Voice dans le prime de ce samedi, à 21h05 sur TF1.
Dans le nouvel épisode de The Voice diffusé ce samedi 20 février sur TF1, une figure atypique viendra illuminer les auditions à l'aveugle. Il s'agit de Papa Drag. Originaire de Gagny en Seine-Saint-Denis (93), ce chanteur âgé de 34 ans attire d'emblée l'attention sans même avoir lâché une vocalise. Et pour cause, son look affirmé et ses talons aiguilles de 12cm l'aident à dominer la scène. Afin d'en apprendre davantage sur ce personnage singulier, TÊTU est allé lui poser quelques questions.
Qu'est-ce qui t'a poussé à participer à The Voice ?
Papa Drag : Il y a plusieurs années, j'ai tenté de faire l'émission mais je n'étais pas vraiment mûr dans ce que je voulais dire musicalement, ni au niveau du message que je voulais porter. Entretemps, j'ai grandi, je me suis construit, j'ai assumé pas mal de choses, comme mon homosexualité. Je viens d'un milieu assez réticent à l'homosexualité. Me marier avec un garçon, ça a été pour moi un vrai déclencheur. Je me suis alors dit que ma voix serait le meilleur moyen pour prôner "l'insolence d'être soi". C'est-à-dire de vivre sa vie en respectant les autres tout en se libérant des carcans. The Voice m'offre la possibilité de pouvoir dire très clairement – et largement – aux gens que c'est bien d'être comme on est.
D'où provient ton nom de scène "Papa Drag" ?
Papa Drag, c'est parce que je suis père mais c'est aussi parce qu'on m'appelle "papa" depuis que je suis gamin. Parce que j'ai tendance, dans ma nature, à être assez présent, assez consolant pour les gens. Et le "drag" pour moi est synonyme de sérendipité, d'une identité marquée, faite de plein de choses différentes. Je me suis dit que Papa Drag, c'était génial parce que j'essaie de consoler au travers de ma musique et je le fais de manière très singulière. Ça rejoint aussi le fait d'être insolent. Car il ne s'agit pas de choquer ou de scandaliser.
Quand as-tu décidé de chanter en talons et qu'est-ce que cela t'apporte ?
En fait, il y a eu un moment assez fondateur. Lorsqu'on s'est mariés avec Julien, nos amis nous ont offert des talons. On a commencé à les mettre, on a beaucoup kiffé et on s'est dit que ça nous faisait une belle shape [Rires]. J'ai commencé à aimer porter ces talons. Je me suis dit que c'était bien pour la scène. Esthétiquement, dans le mouvement et dans ce que ça représente, c'est fort. Je voulais franchir un pas. Et le pas, c'était ça. J'ai mis les talons et au fur et à mesure, c'est devenu comme une deuxième peau.
Un papa ouvertement gay, noir, en talons sur TF1 dans une émission de prime-time. Qu'est-ce que ça représente pour toi ?
C'était un grand moment pour moi. Justement, je voulais montrer que c'était possible sans forcément se faire rejeter. C'est difficile, parce que t'es un peu un être hybride devant tous ces gens [Rires]. Mais en même temps, tu montres juste par ta présence que c'est possible. Quoi qu'on pouvait me dire, on me respecte parce que je m'assume. Il s'agissait aussi pour moi d'être cohérent : je ne pouvais pas encourager cette "insolence d'être soi" et rester assis sur mon canapé à ne rien faire.
Penses-tu que la France est suffisamment ouverte d'esprit en termes de musique et surtout de diversité musicale ?
Aujourd'hui, la France a quelque chose de mimétique. Je pense que les États-Unis, avec la post-mondialisation, ont emmené un état d'esprit qui fait que ce qui est écoutable doit être écoutable par tous. C'est la notion du mainstream. Donc ça pose un univers musical accessible, mais quand on est dans une dynamique de recherche, c'est frileux. Voire très frileux.
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Crédit photos : BUREAU 233 / ITV / TF1