tribuneÉric Zemmour est surtout le candidat de l’homophobie

Par GayLib le 01/12/2021
eric zemmour,présidentielle,homophobie,zemmour candidat,candidature eric zemmour,zemmour lgbt

TRIBUNE. Éric Zemmour est désormais officiellement candidat à l'élection présidentielle. Et ce n'est pas une bonne nouvelle… Pour l'association de LGBTI libéraux et de centre-droit GayLib, Catherine Michaud et Yann-Maël Lahrer tiennent à rappeler ses positions sur les questions LGBTQI+.

Le poison Zemmour, le polémiste devenu le candidat à la présidentielle le plus homophobe de la Ve République, n’en finit plus d’empuantir la conversation nationale. Trop rares sont les leaders d'opinion et les responsables politiques qui prennent fermement position contre la discrimination, la violence et les autres manifestations d'homophobie et de transphobie prises depuis des années par Éric Zemmour ; nous avons choisi de les relever ! 

À lire aussi : Baiser l'anneau d'Orbàn une étape de campagne pour Zemmour et Le Pen

Zemmour, le psy qui considérait que la sexualité est un choix 

Pour Éric Zemmour, être homosexuel est un choix. Il suffit de se reporter à l’une de ses nombreuses sorties sur la question, notamment sur CNews : "Oui, on choisit sa sexualité. Jusqu'à preuve du contraire, oui" ; "Bien sûr que c'est un choix d'être homosexuel (...) S'ils veulent des enfants, qu'ils couchent avec une femme". Non, être homosexuel ou bisexuel et assumer son orientation sexuelle est un droit, qui relève de la liberté de chacun. Comme le rappellent de nombreux médecins, à l’instar du psychiatre Philippe Brenot : "L'orientation sexuelle (attirance préférentielle que nous avons tous pour l'un ou l'autre sexe) n'est pas un choix, c'est une tendance que nous découvrons en même temps que notre intérêt pour la sexualité". 

Zemmour, l'homophobe qui démolit des vies 

Ce que Zemmour considère comme un choix est encore puni de prison ou de flagellation dans une centaine de pays, et de mort dans huit autres ! En France aussi, il n’y que 40 ans, l'homosexualité était interdite et même condamnée pour "outrage aux bonnes mœurs". Éric Zemmour réfute aux musulmans le pouvoir de s’assimiler aux valeurs françaises. Mais quelles sont ses valeurs, lui qui refuse de considérer des droits pour ceux qui n’auraient pas la même sexualité que lui ? En creux, ce que Zemmour suggère, c’est que nous rejoignions les cultures extrémistes, comme celle des talibans, réprouvant l'homosexualité en raison du caractère infécond de l'union entre deux personnes du même sexe. Contrairement à ce que suggère Zemmour, nous savons combien l’homosexualité censurée et condamnée a généré comme souffrances. Ce que les études montrent en revanche, c’est que "les enfants élevés par des couples homosexuels n’ont pas davantage de difficultés que les autres"

Zemmour, l’historien qui effacerait les homosexuels français de l’histoire des camps 

Selon Éric Zemmour, dans Le Bûcher des vaniteux, "jamais les homosexuels français n'ont été envoyés dans des camps de concentration pour leur orientation sexuelle". Si la répression des homosexuels a été moins forte en France qu’en Allemagne, la Fondation pour la Mémoire de la Déportation identifie "avec certitude" 62 Français arrêtés pour motif de leur homosexualité, dont 26 ont été envoyés en camp de concentration. Si le chiffre reste pour l'instant limité (les archives sont ouvertes au fur et à mesure), il est difficile pour autant de parler de "légende". Cette impasse historique n’empêche pas, en revanche, le même homophobe de faire la comparaison entre un médecin nazi qui amputait des enfants et collectionnait les yeux de ses victimes, à savoir le Dr Mengele, et le ministre Jean-Michel Blanquer luttant contre l'homophobie et la transphobie à l’école qui conduit encore trop souvent au suicide. Ce qui est criminel, c’est de refuser d’assurer la prise en charge de tous les élèves, quelle que soit l’identité qu’ils expriment. 

Zemmour, le candidat qui ne tolérait pas la transidentité 

"Vous avez vu que la mode aujourd'hui, ce n'est plus les gays, ce n'est plus les lesbiennes, maintenant c'est les transexuels". Le 31 mai sur CNews, réagissant à la récente campagne d'affichage en soutien à la communauté LGBT ("Oui mon pote est gay"), Éric Zemmour fustigeait déjà des manœuvres pour "abattre la norme hétérosexuelle" et condamner la transidentité en imputant également aux personnes LGBT, d’une part "d’avoir la main sur l’État et de l’asservir à son profit", et d’autre part de "désagréger la société". Ces allégations portent atteinte à l’honneur et à la réputation des personnes LGBT et constituent des actes de diffamation. La Cour de cassation a déjà jugé que le fait d’attribuer au "lobby juif" la mise "en péril de l’unité du monde et de la paix" constituait des propos diffamatoires. Les personnes ciblées sont différentes mais les ficelles sont identiques ! D’année en année, les agressions physiques envers les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans) progressent pour atteindre un niveau inégalé de violence. 

Zemmour, le candidat qui veut supprimer la Cour européenne des droits de l'Homme 

Si la France a adopté la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples du même sexe en avril 2013, ces droits, comme beaucoup d’autres, peuvent reculer. Il n’y a rien d’acquis et leur effectivité est déjà remise en cause. Éric Zemmour ne s’en cache pas. Il propose déjà de se débarrasser "des contraintes de la Cour européenne des droits de l'Homme, de la Cour de justice, du Conseil constitutionnel". Or on sait que c’est grâce à ces institutions, que Zemmour considère comme des "contraintes", que la Pologne ou la Hongrie ne peuvent pas impunément marginaliser toute une partie de leur population. 

La liberté, le vivre-ensemble et l’État de droit sont les valeurs de la France. Plus que jamais, nous devons rester mobilisés pour construire une société de respect, riche de sa diversité et défendre notre République démocratique. À l'heure où une agression verbale, ou physique, en chasse une autre, il n'est pas inutile de rappeler que l'homophobie ne doit jamais nous laisser insensibles, si nous ne souhaitons pas que les plus grands excès de l’Histoire ne se répètent. L’homophobie n’est pas une opinion, mais un délit. 

Catherine Michaud, Présidente de GayLib, Conseillère régionale d’Ile-de-France, Secrétaire Nationale du Parti Radical

Yann-Maël Larher, Avocat, Vice-Président de GayLib, Conseiller municipal à Boulogne-Billancourt