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cinéma"Scream" 5 : un retour aux sources exaltant pour la franchise culte

Par Florian Ques le 12/01/2022
"Scream" : un retour aux sources exaltant pour la franchise culte

[Article garanti sans spoilers] Malgré la mort de Wes Craven, l'univers Scream ressuscite enfin au cinéma. Le duo à qui l'on doit le jubilatoire Wedding Nightmare redonne vie à l'effroyable Ghostface dans un cinquième opus réjouissant, toujours très référencé. Sortie… aujourd'hui !

Relancer une franchise, c'est une chose. Mais relancer Scream, franchise cultissime des années 1990 dont la communauté de fans est aussi réactive qu'exigeante, c'en est une autre. C'est le défi qu'ont relevé Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, le tandem de réalisateurs qui avait surpris les aficionados d'épouvante avec le jouissif Wedding Nightmare en 2019. Ils sont aux commandes de ce cinquième volet de la saga, succédant à feu Wes Craven, le père de l'univers Scream décédé d'une tumeur en 2015. Marcher dans ses pas ne fut pas une mince affaire, mais le binôme peut se rassurer : son nouveau film, au cinéma dès ce mercredi 12 janvier, est brillant.

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Hommage réussi à la franchise Scream

Les fidèles de Scream le savent : un film de la saga commence toujours d'emblée par une première victime. Un jeu du chat et de la souris entre Ghostface, le fameux tueur au masque fantomatique, et sa proie qui se termine à coup sûr par une mort, si possible lente, douloureuse et explicite. La nouvelle Drew Barrymore de ce cinquième chapitre, la jeune actrice Jenna Ortega – croisée dans la saison 2 de You – campe ici Tara, une lycéenne qui, seule à son domicile, se fait harceler par un inconnu au téléphone lui posant des questions très spécifiques...

"Scream" 5 : un retour aux sources exaltant pour la franchise culte
Crédit photo : Paramount Pictures

Au scénario, James Vanderbilt et Guy Busick parviennent à trouver le juste équilibre entre innover et honorer, faisant de ce Scream un hommage moderne et réfléchi aussi bien au cinéma horrifique qu'à Wes Craven. Une passerelle se forme alors entre le passé et le présent, dans la tonalité et l'atmosphère du film, mais également dans sa narration.

"La subversion, c'est la clé."

Matt Bettinelli-Olpin

Et ce, tout en prenant quelques libertés avec la franchise, qu'on ne dévoilera évidemment pas pour ne pas divulgâcher. "Ce qu'a fait Scream depuis ses débuts, c'est établir une règle pour ensuite trouver un moyen de la contourner, nous explique Matt Bettinelli-Olpin. C'est ce qu'a fait avec brio Wes Craven dans les quatre précédents films. Il jouait avec nos attentes et trouvait comment nous surprendre. On s'est vite dit que ce serait se tirer une balle dans le pied si on ne s'amusait pas sur ce point nous aussi. La subversion, c'est la clé." Bien qu'on ne puisse pas exactement définir ce nouvel opus comme "subversif", on le qualifierait volontiers d'ingénieux.

Une nouvelle génération (un peu) plus queer

Contrairement aux opus précédents sortis entre 1996 et 2011, ce Scream n'est pas centré sur la triade infernale formée par Sidney, Gale et Dewey – respectivement joués par Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette. Les trois sont ici présents à l'écran mais pour passer le relais à une nouvelle génération d'ados persécutés par Ghostface. Parmi lesquels Sam Carpenter, nouvelle héroïne à la filiation surprenante, mais aussi et surtout Mindy Meeks-Martin, l'incollable du cinéma d'horreur à la repartie piquante – et accessoirement, le premier personnage ouvertement LGBTQI+ de la saga.

"Elle est drôle, elle est intelligente et, oui, il s'avère qu'elle s'identifie comme queer."

Jasmin Savoy Brown

"Scream" 5 : un retour aux sources exaltant pour la franchise culte
Crédit photo : Paramount Pictures

"Le fait qu'elle soit queer est visible mais ça ne fait pas partie de son intrigue, tient à souligner son interprète, Jasmin Savoy Brown. Elle n'est pas là pour cocher une case ou être le personnage queer de service. Elle est drôle, elle est intelligente et, oui, il s'avère qu'elle s'identifie comme queer." Jusqu'ici néanmoins, tous les personnages de la franchise étaient hétéros. Ou, tout du moins, supposés hétéros jusqu'à preuve du contraire – beaucoup, d'ailleurs, débattaient d'une relation homosexuelle présumée entre Billy et Stu, les coupables du premier film. Un manque de représentation qui n'empêche pas une grande partie de la communauté LGBTQI+ d'être férue de Scream.

À ce sujet, selon des propos rapportés dans le dernier numéro de La septième obsession actuellement en kiosques, le co-créateur de la saga, Kevin Williamson, avait sa propre théorie. "En tant que jeune homosexuel, je m'identifiais à cette ultime survivante et à sa lutte parce que c'est à ça qu'est confronté un adolescent homosexuel pour survivre lui aussi, avançait-il. [...] Inconsciemment, je crois que le code génétique de la franchise Scream est tout entier dans l'instinct de survie gay." Jasmin Savoy Brown nous a fait part d'un avis pas si éloigné : "Je pense que la définition même de queer se trouve dans la différence. Et la plupart des films d'horreur célèbrent d'une certaine manière l'outsider, celui ou celle qui est rejeté. Il est alors facile pour une personne queer de s'identifier."

Les fans avant tout

À une ère où les films d'épouvante se prennent de plus en plus sérieux – Midsommar en est un parfait exemple – et où les reboots sans saveur prolifèrent, ce cinquième Scream représente une profonde respiration. D'une part, peut-être, parce qu'il comprend qu'une franchise n'est plus seulement l'affaire d'un réalisateur et d'un scénariste, mais bel et bien de toute une communauté. En plaçant les fans au sein même de son propos, que ce soit frontalement ou par de simples clins d'œil, le film semble avoir trouvé la recette que tant de remakes ou revivals ont tristement éludée.

"Alors qu'il devient de plus en plus facile d'accéder aux objets culturels qu'on adore, la façon dont on les appréhende a énormément changé, détaille le réalisateur Tyler Gillett. Ce film parle d'une époque très précise, la nôtre, actuellement, et de comment les fans peuvent interagir et influer sur les personnes en charge de créer les œuvres qu'ils adorent." Nuance, cela dit : le Scream de 2022 n'est pas là pour donner aux fans ce qu'ils exigent. Mais, plutôt, pour les combler avec une histoire qui réunit tous les ingrédients requis pour les exalter, à savoir les faire sursauter et les faire rire.

"Scream" 5 : un retour aux sources exaltant pour la franchise culte
Crédit photo : Paramount Pictures

En moins de deux heures – un record quand on voit que la durée des films au cinéma ne cesse d'être rallongée, souvent en vain, voire à tort –, Scream est une habile fusion entre brutalité horrifique et humour méta. La seule ombre au tableau vient de Melissa Barrera, actrice principale de ce cinquième volet, dont le jeu sans nuances pâlit face aux performances efficaces et sensibles de ses camarades, Jenna Ortega et Jasmin Savoy Brown en tête de liste. Ce néo-Scream parviendra-t-il à relancer la franchise ? Il a tout pour y prétendre.

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Crédit photo : Paramount Pictures