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cinéma"L'origine du mal" : Laure Calamy et "une armée de Walkyries" contre le patriarcat

Par Franck Finance-Madureira le 05/10/2022
"L'origine du mal", au cinéma avec Laure Calamy

Grâce à un casting de comédiennes enthousiasmant – Laure Calamy, Dominique Blanc, Suzanne Clément, Doria Tillier –, Sébastien Marnier sonne dans son dernier film L'origine du mal une charge bienvenue contre le patriarcat.

“L’origine du mal, c’est la famille, l’argent, mais surtout le mâle toxique ! lance Sébastien Marnier. La grande question qui traverse mon film, c’est comment on fait exploser ce patriarcat de droite dégueu. J’ai essayé de décrire un monde qui vit au gré de croyances obsolètes, porté par de vieux mâles blancs dominants. Et la charge passe par une armée de Walkyries, sans manichéisme, car chacune a ses zones sombres ou troubles.” Pour L’Origine du mal, son troisième long-métrage – après Irréprochable et L’Heure de la sortie – qui sort au cinéma ce mercredi 5 octobre, le réalisateur met en scène une visiteuse de prison qui travaille dans une conserverie et part à la rencontre de son père, qu’elle n’a pas connu, un patriarche chef d’entreprise richissime. Sous des abords de film noir à intrigue à tiroirs, L’Origine du mal est une charge contre tout ce qui a pu constituer une époque qu’on espère révolue.

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S’il affirme un style ludique et nourri de références cinéphiliques variées, Sébastien Marnier témoigne également d’une vraie modernité de propos. “Dès le départ, je voulais faire un film avec plusieurs femmes, mais un seul homme. J’avais envie d’explorer tous les rapports : sororité, mère-fils, amantes, etc. Je souhaitais parler du désir, de la difficulté d’aimer, avec, au fond, l’idée d’imaginer que tout le monde a envie de coucher avec tout le monde, note-t-il. Convoquer des cinéastes – Almodóvar, Brian De Palma… – et des œuvres qu’on a aimés, c’est une forme de générosité.”

Laure Calamy, Dominique Blanc…

Comme Huit Femmes de François Ozon, une autre référence de Sébastien Marnier, le film bénéficie d’un casting trois étoiles, et les comédiennes s’en donnent à cœur joie dans des emplois souvent éloignés de leurs rôles habituels. “C’est un plaisir d’emmener Laure Calamy, Dominique Blanc, Suzanne Clément ou Doria Tillier dans des directions inédites, explique le réalisateur. J’aime bien créer des univers qui peuvent échapper au naturalisme, m’appuyer sur les costumes, la déco, la musique pour jouer avec une certaine théâtralité qui nourrit aussi bien la narration que la psychologie des personnages. Ne pas uniquement passer par le dialogue, mais aussi par les sensations”.

Le film doit également son atmosphère au décor : une immense villa, les pieds dans l’eau, renseigne sur le statut social de la famille et laisse entrevoir la folie de Louise (Dominique Blanc), qui entasse des collections d’objets de toutes sortes. “Cette maison est un personnage à part entière et incarne la fin de ce monde d’avant : une espèce de brocante excentrique et fanée, un mausolée – qui peut rappeler Sunset Boulevard”, soumet Sébastien Marnier. À l’image de cette maison, le film, qui regorge de chausse-trappes, de surprises et de révélations, parvient à marier un cinéma d’auteur exigeant et cinéphile à un propos d’une vraie modernité, avec un vrai sens du divertissement populaire.

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Crédit photo : Laurent Champoussin