Abo

rencontreNabilla : "Les gays m'ont toujours aidée dans ma carrière"

Par Florian Ques le 06/01/2023
Nabilla présente une nouvelle émission, "Cosmic Love"

Figure de la télé-réalité française des années 2010, Nabilla s'est construit en dix ans une carrière dans la mode et les réseaux sociaux. Rencontre avec celle qui se trouve désormais à la tête de sa propre émission, Cosmic Love, mêlant sur Amazon Prime Video dating et astrologie.

Que ce soit sur W9, NRJ12 ou tant d'autres chaînes de la TNT, les programmes de télé-réalité se succèdent en France depuis Loft Story, en 2001. Ces émissions, souvent moquées et pointés du doigt comme étant abrutissantes, sont devenues au fil du temps des usines à people. Dont Nabilla, qui, avec ses looks de cagole et ses répliques cultes – "Non mais allô quoi" –, a marqué Les Anges de la télé-réalité en 2013. Dix ans après son buzz surprise, aujourd'hui âgée de 30 ans, l'ex-candidate phare prend les commandes de Cosmic Love, nouvelle émission de dating estampillée Amazon Prime Video, qui démarre ce vendredi 6 janvier.

À lire aussi : Daphné Bürki : "J’aimerais écrire une série intergénérationnelle sur les femmes"

"J'avais déjà animé Love Island pour Prime Video, mais là ils m'ont laissé plus de place, nous confie la principale intéressée. J'ai été maîtresse de cérémonie, j'ai fait la voix off, j'ai accompagné les candidats devant comme derrière la caméra." Dans ce programme tellement 2023, quatre femmes s'envolent pour Malte, où une brochette de mâles célibataires, incarnant les douze signes du zodiaque, les attendent dans l'incontournable villa démesurée de ce type d'émission. Au fil des jours, elles vont y apprendre à connaître leurs prétendants, dans l'espoir de tomber sur le match parfait, calculé selon leurs thèmes astraux respectifs. Un concept dans l'air du temps, calibré pour la génération TikTok.

Nabilla, Verseau comme Ronaldo

"Oh mais génial", réagit Nabilla quand je lui confie mon propre thème : Cancer ascendant Balance. Elle déchante en revanche légèrement quand elle apprend l'existence de ma Lune en Scorpion. "C'est le pire signe selon moi", lâche-t-elle sans hésiter, et surtout sans trop se prendre au sérieux. Bien qu'elle se retrouve dans les caractéristiques attribuées à son signe – "Je suis Verseau comme Neymar, Ronaldo... ce sont des gens qui croient tellement en leurs rêves qu'ils se réalisent" – et qu'elle consulte fréquemment son horoscope, la star de télé-réalité avoue ne pas être une pro de l'astrologie. Ce qui l'a attirée avec Cosmic Love, c'est avant tout l'amour, sous toutes ses formes.

Même si elle emprunte ses rouages à d'autres programmes comme Les Princes de l'amour, l'émission de Prime Video se distingue par sa volonté d'inclure des identités queers : parmi les quatre héroïnes de Cosmic Love, deux sont pansexuelles – Moana et Moon. Dès le début de l'aventure, cette dernière propose d'ailleurs une définition de la pansexualité, ce qui n'est pas courant dans la télé-réalité française. "Cette inclusion, c'est la base, appuie l'animatrice. Tu ne peux juste pas faire ce genre de format en faisant comme s'il n'y avait que des gens hétéros."

Pour sa part, Nabilla n'a jamais questionné son orientation sexuelle : "Vraiment, jamais. Depuis que je suis née, je sais que j'aime les garçons. Je n'ai jamais eu de doutes sur ça." Ce qui ne l'empêche pas de reconnaître que la représentation LGBTQI+ pèche encore dans la télé-réalité. "Mes amis gays ne ressemblent pas à ceux qu'on a pu voir dans ces émissions, développe-t-elle. Ils ne ressemblent ni à Benoît, ni à Eddy [de Secret Story], même si je les adore tous les deux. Il y a un manque de diversité."

Et d'ajouter, sur son rapport à la communauté : "Depuis mes débuts, je me sens soutenue par la communauté gay. Les trois quarts de mes amis sont des hommes gays, et ce sont toujours les gays qui m'ont aidée dans ma carrière." Elle pense notamment à Stéphane Joffre, producteur chez Endemol, "celui qui [l]'a découverte" dans le cadre de sa première émission de télé, L'Amour est aveugle (TF1). On pensait plutôt à Jean-Paul Gaultier, pour qui elle a défilé en 2013, se frayant un chemin jusqu'à l'univers de la mode qui lui permet d'asseoir sa crédibilité. Mais c'est vers le maquillage que la jeune entrepreneuse va finalement se diriger pour faire fructifier ses affaires.

Une alliée à… Dubaï

Depuis 2019, la starlette est donc à la tête de Nabilla Beauty, sa propre marque de cosmétiques, qui se veut gentiment inclusive. "Pour moi, le make-up n'est pas genré, souligne-t-elle. Quand je m'adresse à ma communauté, j'ai du mal à dire 'les filles', c'est réducteur. Beaucoup de mecs se maquillent, ne serait-ce qu'avec de la poudre pour masquer les imperfections. J'ai d'ailleurs une égérie pour ma marque qui est un très beau jeune homme." Nabilla laisse d'ailleurs son fils Milann, 3 ans, s'amuser avec son rouge à lèvres : "Mon mari a tendance à lui expliquer que c'est pour les filles. Moi, c'est quelque chose que je ne fais pas. Je vais le laisser faire sans lui mettre de limites. C'est un sujet qui revient souvent à la maison."

"Quand mon fils verra deux garçons se tenir par la main, je lui dirai qu'il s'agit de deux hommes qui s'aiment, tout comme une femme peut aimer une autre femme."

La jeune maman est bien déterminée à normaliser l'existence des personnes queers aux yeux de ses enfants : "Quand mon fils verra deux garçons se tenir par la main, je lui dirai qu'il s'agit de deux hommes qui s'aiment, tout comme une femme peut aimer une autre femme. Pourquoi ? Parce que c'est comme ça. Il n'y a pas besoin d'explications !" Pas sûr, en revanche, que ses enfants croisent beaucoup de couples LGBTQI+ à Dubaï, où Nabilla et sa famille résident depuis déjà trois ans… Mais elle trouve que "les gays sont acceptés" à Dubaï : "Tu peux marcher avec ton mec dans la rue sans problème. Mais si tu l'embrasses, peut-être que si tu tombes sur des locaux, ça peut les choquer et tu peux avoir des regards sur toi." Reste qu'aux Émirats arabes unis, derrière la façade ouverte sur le monde, l'homosexualité est passible de 10 ans de prison. Ce ne sera donc pas là-bas qu'on croisera la jeune femme à une marche des Fiertés. "Je devais me rendre à la Pride de Tel-Aviv mais ça ne s'est finalement pas fait... En France, pourquoi pas ! Je peux carrément imaginer ça !"

À lire aussi : "Tampa Baes" : la télé-réalité 100% lesbienne de Prime Video est un peu plus qu'un simple plaisir coupable

Crédit photo : Amazon Prime Video