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interviewDaphné Bürki : "J’aimerais écrire une série intergénérationnelle sur les femmes"

Par Florian Ques le 21/12/2022
Daphné Bürki

Dans le têtu· de l'hiver en kiosques, rencontre avec l'animatrice, comédienne et chroniqueuse qui a fait de 2022 l'année Daphné Bürki en étant à la fois référente mode de Drag Race France et maman idéale dans la série Chair tendre.

On compte en 2022 deux événements télévisuels d'envergure en France. La première saison de Drag Race France, dont le succès a dépassé toutes les espérances, et Chair Tendre, la série de France 5 sur une ado intersexe, dont le scénario et l'interprétation ont été unanimement salués. Le point commun entre les deux ? Daphné Bürki. Jury dans le premier, et mère idéale dans le second, elle était partout, inévitable, et on y a pris goût.

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Soyons cash… Daphné Bürki : alliée ou concernée ?

On m’a souvent présentée comme alliée car j’ai toujours pris position pour la communauté LGBTQI+, que ce soit dans mes choix éditoriaux dans les médias ou la programmation de mes émissions. Chacun de mes engagements s’est fait à voix haute et fière. Dans l’absolu, je ne me sens pas concernée par l’hétérosexualité, je n’y crois pas. Ce en quoi je crois profondément, c’est en l’amour. Vous n’êtes jamais à l’abri d’une rencontre qui bouleversera votre vie.

Tu te rappelles ton premier coup de cœur pour une femme ?

C’était Donna Summer et Barbra Streisand ! J’ai ressenti de telles émotions la première fois que j’ai vu la pochette de No More Tears (Enough is Enough). En tout cas, très jeune, je savais que j’aimais aussi bien les filles que les garçons, mais dans le milieu où j’évoluais, c’était pas simple…

Tu étais jurée dans Drag Race France. C’était qui ta chouchoute ?

Pour moi, Paloma est très vite sortie du lot, mais on ne voulait pas donner trop d’indices. Je tenais à ce que la première gagnante représente la culture française, et c’est ce qu’elle a proposé. Je lui disais que je serais son agent après l’émission. Dans la vie, c’est comme ça qu’elle me surnomme d’ailleurs.

Ça s’est bien passé le tournage ? Tu nous racontes une anecdote que tout le monde ignore ?

À un moment donné, on était passées aux shots de vodka avec Nicky Doll – ce n’est pas une vanne ! Ça te met un coup de fouet, et tu peux continuer ta journée. Je ne bois pas tellement d’alcool, mais là ça passait bien !

Tu n’as pas eu envie de te lancer dans le drag ?

J’ai toujours aimé me costumer. Je me souviens en 5e être arrivée à une boum – ça se dit encore, je précise, ma fille de 15 ans l’utilise – en ayant piqué des plateformes à la grande sœur d’une amie. J’avais aussi une robe ultra-moulante et la cravache de mon père. J’avais un peu un look de dominatrice. Bref, je m’étais habillée en drag et personne n’avait rien compris.

Ton lip sync de choix, ce serait lequel ?

Le karaoké est une de mes passions. J’adore chanter faux et fort ! J’aurais peut-être choisi la reprise de “Copacabana” par Line Renaud. J’aurais adoré être meneuse de revues, comme elle.

Tu es aussi styliste, d’où vient ton intérêt pour la mode ?

Ma mère est dessinatrice textile, et je dormais souvent dans son atelier. J’ai fait une école de mode et les Beaux-arts. Mon métier, ça devait être ça. J’avais d’ailleurs écrit une émission télé de mode qui s’appelait Daphné la fée, où je devais débarquer chez les gens pour rebooster leur garde-robe.

De quel look es-tu la plus fière ?

Quand j’étais à poil ! Je l’ai fait plusieurs fois pour des émissions, notamment pour le lancement du Grand Journal. Le fait d’être nue m’a permis plusieurs fois de faire passer des messages, car tu captes l’attention, et le message passe mieux.

Et le pire fashion faux pas ?

Pour moi, il n’y a pas de mauvais goût. Par exemple, on dit souvent qu’il ne faut pas associer le rose et le rouge, alors que c’est ce qu’il y a de plus beau.

Donc le look claquettes-chaussettes, on valide ?

Ça ne me dérange pas du tout ! (Rires.) Pour tout te dire, j’ai même porté les Crocs de Vladimir Cauchemar tout l’été.

Tu joues dans Chair tendre, une série sur l’adolescence. Daphné ado, elle était comment ?

Je n’étais pas faite pour l’école, et les profs ne m’aimaient pas beaucoup. Et puis je sortais déjà. Je ne me souviens même plus du nombre de fois où j’ai déposé mon sac Eastpak dans les vestiaires des clubs. Ça les faisait marrer. Je n’y allais pas pour l’alcool, mais pour la danse. Dès qu’il y a de la lumière et des gens, dès que ça bouge, ça m’attire.

Ça fait quoi d’être la mère qu’on aimerait tous avoir dans Chair tendre ?

Ça fait évidemment plaisir ! Oh là là, je me fais tellement traiter de “ieuv” toutes les deux secondes dans cette interview. (Rires.)

Si tu pouvais jouer dans la série de ton choix, ce serait laquelle ?

La mienne ! J’aimerais beaucoup écrire une série intergénérationnelle sur les femmes d’aujourd’hui, sur le célibat et la solitude. Qu’on cesse de ne parler que des vingtenaires !

Crédit photo : Aline Deschamps

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