droits LGBTQIPolémique sur le concert de Beyoncé à Dubaï : le Mondial au Qatar aurait-il servi de leçon ?

Par Tessa Lanney le 25/01/2023
Beyoncé s'est produite en concert privé à Dubaï

Beyoncé se voit reprocher d'avoir donné un concert privé à Dubaï en dépit de la législation LGBTphobe du pays, en contradiction flagrante avec l'esprit queer de son dernier album, Renaissance. Alors que les influenceur·euses d'Instagram s'installent impunément aux Émirats arabes unis depuis des années, le Mondial 2022 au Qatar semble avoir quelque peu réveillé les consciences.

Si les appels au boycott du Mondial 2022 au Qatar ont été un échec, la séquence aura au moins eu le mérite de réveiller les consciences quant au vrai visage LGBTphobe de régimes théocratiques rompus à la communication, et surtout quant à la mansuétude qu'ils s'achètent à coups de millions de dollars. Première à en faire les frais, Beyoncé, au cœur d'une polémique après s'être produite en concert privé ce samedi 21 janvier à Dubaï, où l'homosexualité est, comme au Qatar, réprimée par la loi et théoriquement passible de la peine de mort. Un concert qui interpelle d'autant plus que la chanteuse n'était plus montée sur scène depuis quatre ans. Pour qu'elle se produise lors de son inauguration, l'hôtel de luxe Atlantis The Royal aurait allongé pas moins de 24 millions de dollars.

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Beyoncé, queer mais pas trop ?

Sur les réseaux sociaux, l'incompréhension est largement partagée chez les fans de la diva, icône gay s'il en est. "J'ai du mal à comprendre pourquoi Beyoncé, riche d'un demi-milliard de dollars, accepterait 20 millions pour donner sa première prestation depuis 'Renaissance', un disque qui s'inspire énormément de la culture queer, à Dubaï, où les droits LGBT ne sont pas reconnus", s'insurge ainsi un internaute sur Twitter. De fait son album sorti en juillet dernier a été encensé comme "une célébration de la culture noire et queer" par le Washington Post. En plus de comporter 16 morceaux inspirés des ballrooms des années 1970, le disque rend surtout hommage à son oncle Johnny, mort de complications liées au sida dans les années 1990. "Il était ma marraine et la première personne à m'avoir fait découvrir les nombreuses musiques et cultures qui m'ont inspiré cet album", déclarait l'artiste dans une note d'intention postée sur son site internet au moment de la sortie du disque.

"Un album spécialement dédié à son oncle gay pour finir par se produire à Dubaï, dans un des pays les plus LGBTphobes au monde, où l'homosexualité reste théoriquement passible de la peine de mort", cingle sur le même réseau social Sébastien Tüller, militant LGBTQI+ chez Amnesty International France+. Et un fan de trancher :"Elle a été payée 24 millions pour se produire devant un paquet de connards homophobes. Elle n'est pas mon idole".

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Même si, comme au Qatar, la peine de mort pour homosexualité est aujourd'hui théorique à Dubaï, le Code pénal des Émirats arabes unis prévoit "un minimum d'un an de détention" pour "le crime de corruption volontaire", rappelle l'association Ilga, "corruption volontaire" faisant référence aux rapports homosexuels. Le droit en vigueur à Dubaï ajoute que la sodomie peut être punie de quatorze ans de prison.

Dubaï, eldorado sur Instagram

Beyoncé est pourtant loin d'être la première à fermer les yeux sur la législation LGBTphobe de la cité émiratie, devenue depuis quelques années le paradis des professionnels d'Instagram. À l'instar de Max Stanton, Hugo Philip ou encore Pallavi Deanes, les influenceurs sont en effet nombreux à s'y installer, profitant notamment des conditions fiscales avantageuses de la "Manhattan du Moyen-Orient".

Début janvier, lors de notre interview avec Nabilla à l'occasion de la sortie de l'émission Cosmic Love – dans laquelle deux candidates sont pansexuelles –, nous l'avions interrogée sur cette contradiction, la star de la télé-réalité française ayant élu domicile à Dubaï avec sa famille. Estimant que "les gays [y] sont acceptés", elle admettait tout de même : "Tu peux marcher avec ton mec dans la rue sans problème. Mais si tu l'embrasses, peut-être que si tu tombes sur des locaux, ça peut les choquer, et tu peux avoir des regards sur toi." Une vision assez spéciale de l'acceptation des personnes LGBTQI+…

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Crédit photo : Atlantis The Royal via Instagram