vidéoQuand Bruno Le Maire assume l'homosexualité de Gabriel Attal devant le Sénat

Par Nicolas Scheffer le 30/01/2024

Concluant son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre Gabriel Attal s'est félicité que "les mentalités évoluent (…) dans un pays qui il y a dix ans seulement se déchirait encore sur le mariage pour tous". En simultané, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, était chargé de faire la lecture de son discours devant le Sénat.

"Être Français en 2024, c'est, dans un pays qui il y a dix ans seulement se déchirait encore sur le mariage pour tous, pouvoir être Premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité." Pour conclure son discours de politique générale devant la représentation nationale, Gabriel Attal, premier chef de gouvernement ouvertement gay de notre histoire, a choisi d'en parler.

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"Je vois la preuve que notre pays bouge, la preuve que les mentalités évoluent, la preuve que nous n'avons aucune raison de céder à la fatalité", a ajouté le Premier ministre. De fait, dans l'hémicycle secoué en 2013 par le débat sur l'égalité des couples homosexuels devant le mariage, nombre de députés se sont levés ce mardi 30 janvier pour saluer ce passage.

Gabriel Attal doit désormais dépasser le symbole

C'est la première fois que Gabriel Attal fait une mention aussi explicite de son orientation sexuelle depuis son arrivée à Matignon. Lors de la passation de pouvoir avec Élisabeth Borne, il s'en était gardé. L'homosexualité, disait-il en 2019 à Closer, "j'ai toujours considéré qu'on pouvait l'assumer sans la revendiquer. Je me demande si la porter comme une bannière ne contribuerait pas à en faire un truc anormal."

La séquence, symbolique, a occasionné un épisode savoureux au Sénat. Chargé, comme le veut la tradition, de lire le discours du Premier ministre devant la Chambre haute pendant qu'il était prononcé à l'Assemblée, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a lu tels quels les mots de Gabriel Attal (voir le replay). Sans – heureusement – que le passage sur l'homosexualité ne provoque les rires suscités par le début du discours : "Je suis né en 1989…" Hilarité, le ministre quinquagénaire marque une pause, avant de reprendre : "Si seulement…"

Si Bruno Le Maire fait partie de la poignée de députés de la droite qui s'étaient abstenus lors du vote de la loi Taubira ouvrant le mariage aux homosexuel·les (une autre poignée avait voté pour), l'entendre prononcer ces mots devant un Sénat dominé par la même droite qui avait en grande majorité voté contre, a quelque chose de savoureux. Pour le reste, charge à Gabriel Attal de montrer que sa nomination peut être autre chose qu'un simple symbole pour les minorités. Et les dossiers ne manquent pas pour son gouvernement : suites administratives dans l'affaire Lucas, reconnaissance du passé homophobe de la France, défense de l'État de droit en Europe, autodétermination de genre…

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Crédits : Assemblée & Sénat