À la suite de la diffusion d'une pub pour sa nouvelle Bud Light avec Dylan Mulvaney, influenceuse trans star sur TikTok, la marque de bière très prisée aux États-Unis a subi un bad buzz organisé par le lobby réac. L'appel au boycott lui a fait perdre 5 milliards de dollars en Bourse.
"Nous sommes dans un business qui vise à rassembler les gens autour d'une bière." Dans un communiqué très simple, Brendan Whitworth, PDG de Anheuser-Busch, a répondu aux critiques visant la marque Bud (Budweiser) après un partenariat avec Dylan Mulvaney, femme trans suivie par 10,8 millions de personnes sur TikTok, qui a fait la pub de la nouvelle Bud Light. Aux États-Unis, le lobby réac s'est immédiatement emparé de l'occasion pour dénoncer le wokisme de la marque, allant jusqu'à appeler au boycott de cette bière très prisée outre-Atlantique. En à peine quelques jours, l'entreprise a perdu plus de 5 milliards de dollars de valeur en Bourse.
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Bud Light et Dylan Mulvaney
Tout est parti de la publication de deux vidéos, le 1er avril, dont l'une dans laquelle Dylan Mulvaney boit une canette de Bud Light en expliquant qu'à l'occasion de la finale du March Madness, compétition masculine de basketball aux États-Unis, Bud Light propose de faire gagner 15.000 dollars. Le mois de mars étant aussi l'occasion pour l'influenceuse de fêter ses "365 jours de féminité", Bud Light lui a spécialement fait parvenir une canette à son effigie.
Face à l'annonce de ce partenariat, le lobby réac s'est largement mobilisé pour boycotter la marque, publiant de très nombreuses vidéos dans lesquelles on peut voir des partisans conservateurs vider des cannettes de Bud Light dans leur évier. D'autres ont imaginé des réponses plus violentes encore, comme un internaute qui sur TikTok a partagé une vidéo dans laquelle un rouleau compresseur détruit des centaines de packs de bière, ou encore le chanteur Kid Rock qui a choisi de tirer dessus… à l'arme automatique. Parce qu'il est bien connu qu'une bière prétendument woke est plus dangereuse que les armes à feu.
@kennyboyinthe608 Not my beer because im not confused #fyp #notyourfavoritebiker #kennyboyinthe608 ♬ FAFO - Bryan Martin
La vice-présidente du marketing de Bud Light, Alissa Heinerscheid, a répondu aux critiques dans un épisode du podcast Make Yourself at Home, expliquant que "la marque est en déclin depuis un certain temps", ce qui imposait une évolution de son image : "Ça veut dire changer de ton, avoir une campagne vraiment inclusive, plus légère, plus lumineuse et différente, qui s'adresse aux femmes et aux hommes". Hérésie, pour les réacs, qui ont appelé au boycott de la marque.
Une bière anti-wokisme en réponse
"La violence de sa chute en Bourse est effarante, c’est du jamais vu", relève Audrey Millet, historienne et autrice du livre Woke washing - Capitalisme, consumérisme, opportunisme, dans l'émission Forum de la RTS. Pour la chercheuse, cette réaction n'est pas surprenante : "Cette bière est très peu chère et notamment bue par un public conservateur […] qui n'a pas été sensible à Dylan et à la diversité". Et d'ajouter : "Les femmes, depuis MeToo, sont davantage incluses dans les publicités, mais pour les personnes transgenres ça reste très difficile".
La marque avait pourtant déjà affiché sa volonté d'une meilleure inclusion. En 2019, déjà, Bud Light avait dévoilé une édition limitée de bouteilles arborant un arc-en-ciel à l'occasion du mois des Fiertés, comme le rappelle Pink News. Elle avait alors reversé une part des bénéfices à l'association caritative LGBTQI+ GLAAD, pour un montant total de 150.000 dollars.
On saluera tout de même l'inventivité du lobby réac. Dirigeant d'une entreprise de produits dérivés affichant leur soutien au très conservateur Parti républicain, un certain Seth Weathers a ainsi annoncé la production d'un nouvelle bière, la "Conservative Dad's Ultra Right", garantie 100% sans wokisme… On le saura désormais, les "vrais mecs" ont le palais délicat.
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Crédit photo : Instagram Dylan Mulvaney
