La chanteuse et reine du rock Tina Turner s'est éteinte ce 24 mai à l'âge de 83 ans. Elle était une légende, et une fervente alliée des LGBT.
Une voix unique, mais plusieurs vies. Après pas moins de six décennies de carrière, Tina Turner s'est éteinte ce mercredi 24 mai à l'âge de de 83 ans, en Suisse, des suites d’une "longue maladie", élude le communiqué publié sur son compte Instagram. Sa carrière, démarrée dans les années 1950 et qui a atteint son apogée dans les 80's, aura été marquée par des titres au succès planétaire comme "Proud Mary", "The Best", "Private Dancer" ou encore "What’s Love Got To Do With It". Modèle pour chaque drag queen qui a un jour rêvé de porter des talons de 12 cm, celle que l’on a surnommée "la Lionne", et couronnée "Reine du rock’n’roll" pour sa présence scénique inimitable et sa voix reconnaissable entre mille, a aussi été une compagne de route de la communauté LGBT.
Outre ses chansons, son histoire personnelle a su également trouver un écho particulier dans nos vécus queers. Car rien ne prédestinait Anna Mae Bullock, issue d'une famille de fermiers pauvres du Tennessee, dans le sud des États-Unis, à devenir une star aussi incontournable qu’Aretha Franklin ou encore Diana Ross. Églises locales, chorales, la jeune fille vit sa passion loin des feux des projecteurs jusqu’en 1956, année de sa rencontre avec Ike Turner, dont elle tombe sous le charme avant de rejoindre son groupe, Kings of Rythm. Quatre ans plus tard, sous le pseudonyme choisi par Ike, elle se produit en duo sous le nom de Ike & Tina Turner. Le couple, qui se marie en 1962, sortira ensemble plus d’une vingtaine d’albums. Mais Ike est un mari violent, ce qu’elle dénonce en 1986 dans une première autobiographie.
Tina Turner, une vie rude
"Ma relation avec Ike a été vouée à l'échec le jour où il a compris que j'allais devenir son gagne-pain, détaille-t-elle en 2018 dans un autre livre, My love story, dont certains passages ont été diffusés par le tabloïd américain People. Il avait besoin de me contrôler, économiquement et psychologiquement, pour que je ne puisse jamais le quitter." Elle confie également les détails qui ont marqué ces quinze années de cauchemars, notamment la façon dont il la battait "avec un embauchoir à chaussures en bois" pour ne pas abîmer ses mains de musicien. Après son divorce, en 1978, elle se consacre à ses quatre enfants. Son fils aîné se suicidera en 2018, à 59 ans. Quatre ans plus tard, c’est son dernier fils, Ronnie, le mari d’Afida Turner, qui s’écroule devant chez lui. Les secours ne parviendront pas à le réanimer.
Après sa séparation, en solo, elle peine d’abord à convaincre. Le producteur Roger Davies finit alors par s’occuper de sa carrière, et réinvente ce personnage fascinant. Tina se voit proposer la chanson "What’s Love Got To Do with it", qui avait fait un flop lors de sa première interprétation par le groupe Bucks. La voix de la chanteuse le transforme en succès, qui lui vaut le Grammy du meilleur enregistrement de l’année. Le premier d’une série de onze ! Son premier album solo, "Private Dancer", fonctionne du feu de dieu.
Tina avec les LGBT
Une effervescence qui se traduit dans les clubs gays et les Gay Pride, où "Private Dancer" et "What’s Love Got to Do with It" passent en boucle. Ses fans queers ont toujours été touchés par la force de caractère de la chanteuse, sa capacité à se relever et à s’imposer. Et ses positions ont fait d’elle une alliée de poids. Ses engagements envers la communauté se traduisent notamment dans certaines de ses collaborations, comme avec Elton John sur la chanson "This Bitch is Back". Ce dernier lui a d’ailleurs rendu hommage sur Instagram : "Nous avons perdu l'une des artistes les plus excitantes et les plus électriques au monde. Une légende totale sur disque et sur scène. Elle était intouchable. Condoléances à Erwin et à sa famille. La plus triste nouvelle."
Dès 1982, au début de l'épidémie de sida, Tina a également apporté son soutien aux séropositifs et à la communauté gay. Cette année-là, elle est la tête d’affiche des premiers Gay Games, à San Francisco. En 2000, l'artiste exprime aussi son soutien au mariage des homos, dans une interview pour le magazine The Advocate : "Je pense que c’est merveilleux quand les hommes épousent d’autres hommes, et les femmes d’autres femmes. Dieu leur accorde sa bénédiction, c’est ce que je pense". Simply the best !
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Crédit photo : Monica Davey / AFP