Publié par les éditions Léa et Capucine, Le Guide de la PMA pour les couples de femmes propose aux lesbiennes des outils concrets pour s’orienter dans ce parcours en terres (souvent) inconnues.
Si la PMA est un sujet complexe, il l'est d'autant plus quand on est un couple de femmes. "Lorsqu’elles arrivent dans ce parcours, la plupart n’ont pas ou peu de connaissances à ce sujet et apprennent sur le tas. Je pense que c’est hyper important qu’elles connaissent au mieux toutes les possibilités qui s’offrent à elles afin de pouvoir modeler leur parcours selon leurs envies et leurs besoins, et pouvoir ensuite expliquer leur démarche à leur enfant", explique Léa Cayrol, qui a d’abord partagé des contenus sur Instagram avant de créer un blog dédié à la question, et vient tout juste de publier Le guide de la PMA pour les couples de femmes.
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Si les lesbiennes peuvent avoir recours depuis plus de 15 ans à une PMA en Espagne ou en Belgique, et en France depuis presque deux ans, il leur manquait un outil pratique pour faire leurs choix en conscience et s’orienter sur un chemin parfois compliqué, semé d’embûches, et surtout marqué par des biais paternalistes et hétéronormatifs. Ce qui est notamment le cas en France, où les choix sont parfois réduits, sinon dictés par la loi, le centre de PMA ou le médecin qui assure le suivi. "En France, la méthode Ropa, ou méthode de maternité partagée, n’est pas autorisée, y compris lorsque que la femme qui souhaite porter l’enfant a un souci au niveau de sa réserve d’ovocytes. Sa compagne ne peut pas lui en donner, ce qui l'oblige à faire appel à un don tiers", explique Léa Cayrol.
Diversité du sperme et régime d'anonymat
Autre choix dont les couples de femmes françaises sont privés, celui du régime d’anonymat du donneur de sperme : "Nous sommes aujourd’hui dans une période de transition, et il est difficile de décider si l’on préfère un donneur anonyme* ou un donneur non anonyme*. D'ailleurs les centres ont plutôt tendance à écouler les dons anonymes." En outre, le protocole étant souvent assez figé, il peut être ardu de démarrer par une FIV* plutôt que par une insémination* – plus simple et moins lourde en termes de traitement, mais aussi plus incertaine en termes de résultats. Autre difficulté que l’on ne retrouve pas à l’étranger, où le parcours n’est pas, rappelons-le, pris en charge : les délais. "Par exemple, dans une ville comme Lyon, il faut entre un an et demi et deux ans pour obtenir ne serait-ce qu’un premier rendez-vous. Toutes les femmes n’ont pas forcément envie de patienter autant pour mener à bien leur projet", déplore Léa Cayrol, ajoutant qu’il existe un manque criant de diversité ethnique dans les banques de sperme, ce qui peut être problématique pour les couples de femmes racisées et mixtes.
Enfin, et même si les choses tendent heureusement à s’améliorer, les couples de femmes se heurtent souvent à une méconnaissance profonde de l’homoparentalité. "Cela peut donner des rendez-vous parfaitement lunaires avec les psychologues, avec lesquels il est nécessaire de s’entretenir dans tout parcours avec don de sperme. Malheureusement, ces praticiens, qui doivent émettre un avis, sont rarement formés", regrette Léa Cayrol, qui se désole du fait que les professionnels de santé font encore trop souvent des copier-coller des modalités s’appliquant aux couples hétéro : "Les couples de femmes peuvent se sentir écartés, et la maman qui ne porte pas l’enfant peut souffrir d’un manque de considération."
Pour l’autrice du Guide de la PMA pour les couples de femmes, la PMA en France souffre cruellement d'un manque de moyens et de personnel qui affecte tout le secteur hospitalier : "L’argent est vraiment le nerf de la guerre. Avec davantage de moyens, les professionnels pourraient être mieux formés à l’homoparentalité, il y aurait moins d’attente, il pourrait y avoir davantage de campagnes de dons, un peu comme pour le don du sang…"
Débroussailler ce parcours semblait plus que nécessaire, car s’il est forcément médicalisé, il devrait pouvoir rester doux, intime et plein d’amour.
Lexique
Insémination artificielle : L'insémination artificielle est la technique de PMA la moins invasive et aussi la moins chère, elle est préconisée pour les femmes sans problème particulier, de moins de 35 ans. Elle consiste à injecter une paillette de sperme directement dans l'utérus, en passant par le col de l'utérus à l'aide d'une longue seringue très fine.
FIV : La fécondation in vitro est une méthode un peu plus complexe, elle est préconisée pour les femmes de plus de 35 ans, ou ayant déjà eu plusieurs échecs d'IAD [insémination artificielle avec don de sperme], ou souffrant d'un problème médical particulier. Il s'agit de récupérer, par une ponction, des ovules qui seront fécondés par du sperme en laboratoire. S'ils se développent correctement, cela donne "naissance" à des embryons, prêts à être réimplantés dans l'utérus.
Ropa : Cette technique s'adresse aux couples de femmes exclusivement. C’est une technique de FIV assez coûteuse, mais qui présente de bons taux de réussite. Pour schématiser, il y a Maman 1 et Maman 2, il s'agit donc de prélever chez Maman 1 des ovules, de les féconder avec le sperme d'un donneur, puis d'implanter un ou plusieurs embryons dans l'utérus de Maman 2. Maman 1 est la mère génétique, et Maman 2 la mère biologique.
Donneur anonyme : un donneur dont vous ne savez que quelques caractéristiques physiques. Vous ou votre enfant n’aurez jamais accès à plus d’informations le concernant, ni à son identité. Aussi appelé "donneur fermé".
Donneur non anonyme : un donneur dont vous connaissez les principales caractéristiques avec plus ou moins de précisions, mais dont vous ne connaissez pas l’identité. Seul l’enfant né de ce don, et seulement à partir de ses 18 ans, peut avoir accès à l’identité du donneur. Aussi appelé "donneur semi-anonyme" ou "donneur ouvert".
Les définitions sont tirées du blog Léa&Capucine
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Crédit photo : Éditions Léa et Capucine