Abo

sériesSur Netflix, "Everything Now" pose un regard juste sur l'anorexie

Par Tessa Lanney le 11/10/2023
Everything now,TCA,troubles,comportement,alimentaire,anorexie,Mia,queer,série,Netflix

La série Netflix Everything Now aborde, sans complaisance ni voyeurisme, les troubles du comportement alimentaire à travers le personnage d'une jeune queer londonienne.

Peut-on reprendre sa vie là où on l'avait laissée après avoir passé des mois loin de tout ? Dans Everything Now, de Ripley Parker, disponible sur Netflix, Mia, 16 ans, revient au lycée après avoir passé sept mois dans un centre hospitalier spécialisé dans le traitement des troubles du comportement alimentaire. Elle doit alors non seulement poursuivre sa convalescence, mais aussi rattraper les expériences que ses amis ont vécues sans elle. Premières soirées, pemiers crushs, premiers baisers, premières conneries… Si Mia Polanco, interprétée par Sophie Wilde, ne se résume pas à sa maladie, Everything Now ne ferme pas les yeux sur l'emprise de cette dernière sur sa vie. En huit épisodes de 45 minutes, la série réussit à la fois à réunir un panel de personnages particulièrement queers et à ne pas en faire le sujet principal de l'intrigue.

À lire aussi : "Faire du sale" sans complexe : Camille Aumont Carnel décortique "Les mots du Q"

On se souvient de la clique de Mean Girls (Lolita malgré moi), qui se contentait de picorer des légumes crus, et de sa reine des abeilles, Regina George, en plein régime de l'enfer. Au lieu d'aborder ses TCA, l'intrigue voulait que Cady, sa némésis, lui fasse ingurgiter en secret des barres hyper-caloriques pour détruire la plastique de rêve, acquise au détriment de sa santé. En se concentrant sur le processus de guérison de Mia plutôt que sur les origines de ses troubles – et non, comme l'affirme la série, les réseaux sociaux et les phénomènes de mode ne sont pas l'alpha et l'omega des troubles alimentaires –, Everything Now prend le strict contrepied des teen movie américains des années 2000. D'ailleurs, même lorsque la vie amoureuse de l'adolescente est au centre de l'attention, son rapport à la nourriture apparaît toujours en filigrane. Un traitement réaliste de l'anorexie inédit jusque-là.

Identification sans pathos

Le récit intimiste à la première personne, qui laisse apparaitre les failles que Mia garde pour elle, permet une grande identification. Mais attention, les moments de désespoir de l'adolescente, s'ils sont à la fois nécessaires, sont aussi particulièrement décourageants. En cherchant en permanence le point d'équilibre, Everything Now se veut à la fois accessible – la série ne montre pas de scène insoutenable qui pourrait choquer le spectateur – et authentique. On voit ainsi les traces que l'anorexie laisse sur le corps, notamment sur ses ongles, et même si l'on sait que l'héroïne se fait vomir plusieurs fois, on ne la voit pas faire. On l'entend, on le comprend. Vous ne verrez pas non plus d'extrême maigreur, de gros plans voyeuristes sur les cuisses ou le ventre de la jeune femme.

Au cœur de ce récit, les effets collatéraux de la maladie : l'inquiétude des proches, les conséquences sur la sociabilité de Mia, sur sa vie de famille. Quand l'idée même d'avaler un yaourt à la fraise déclenche des montées d'angoisse, mettre les pieds dans une soirée et enchaîner les verres d'alcool relève de l'exploit. Sans parler de l'intimité physique, qui semble hors d'atteinte. L'accent étant mis sur la manière de concilier ses sentiments et son trouble alimentaire, l'orientation sexuelle de Mia, pas plus que celle des autres personnages d'ailleurs, n'est pas précisé, la jeune femme et ses amis semblant suivre leurs inclinations comme elles viennent. Quant à savoir si sa sexualité, son rapport au genre ou à la féminité sont en lien avec le développement de ses TCA, il faudra attendre une deuxième saison pour le découvrir. On le comprend, le chemin à parcourir est encore long pour Mia, et son passé reste suffisamment flou pour donner de la matière à une potentielle suite.

À lire aussi : "Sex Education" saison 4 : cette scène où Jackson, le tombeur hétéro, dit oui au plaisir anal

Crédit photo : Netflix