vidéo"Contrôle", le clip de Marius qui parle des troubles des conduites alimentaires

Par Tessa Lanney le 02/06/2022
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Après avoir tenté sa chance à l'Eurovision 2022, le chanteur Marius revient avec un clip engagé, "Contrôle", en résonance ce 2 juin avec la journée mondiale des troubles des conduites alimentaires (TCA).

La prise de parole intervient pile pour la Journée mondiale des troubles des conduites alimentaires (TCA), le 2 juin. Le nouveau clip de Marius, "Contrôle", réalisé par Romain Barreau, met en scène le rapport du chanteur au corps de manière frontale quoiqu'enrobée de la douceur mélodique qui le caractérise. Début mars, les téléspectateurs de l'émission "Eurovision France, c'est vous qui décidez !" avaient découvert sa voix profonde avec son titre "Les chansons d'amour". Il revient donc avec un texte engagé et personnel, bouleversant, qui met en scène un quotidien marqué par le contrôle et la restriction.

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Le chanteur queer âgé de 22 ans, originaire de Lyon, brise ainsi le silence autour de sujets qui restent souvent cachés derrière un voile de honte : la boulimie et l'anorexie. Affections mentales que l'on associe encore à tort à l'adolescence féminine. Il faut dire que les diverses injonctions qui pèsent sur les corps des femmes n'aident en rien mais chez la gente masculine aussi, la maigreur est mal vue, associée à un manque de puissance/virilité. Pour contrer cela, Marius ne passe pas par quatre chemins, il dit les termes.

Pas de romantisation des TCA

D'abord quelques notes de piano, pour nous mettre dans le bain. Marius apparaît plongé dans les tréfonds d'une immense baignoire trônant au centre d'une étendue bleue oppressante. Presque autant que son reflet, son plus grand bourreau. "Le doute s'abat avec gloire / Sur mon corps se dépose / Les troubles et les craintes du miroir ", confie-t-il d'une voix douce et pénétrante de fragilité. Outre cette délicatesse apparente qui avait séduit son public, Marius sait aussi être cru : "Je n'suis encore / Que dégoût et remords." Il n'hésite d'ailleurs pas à se montrer particulièrement imagé : "C'est pas joli c'que je j'fais pour maigrir / À genoux sur le sol", reconnaît-il, sans toutefois romantiser les TCA malgré une esthétique léchée et une délicate interprétation piano-voix.

Difficile d'illustrer les TCA sans déclencher un sentiment de malaise chez les personnes concernées. Le mal-être est omniprésent, dans la mine défaite de l'artiste, trempé jusqu'aux os et incapable de se sortir de sa prison de porcelaine à ciel ouvert. Et ce défi que s'impose Marius, "Garder le contrôle", une injonction qui pèse en permanence sur ce corps dont il ne contrôle plus les gestes autodestructeurs. Ce ne sont pas tant son enveloppe physique ou ses complexes qui sont mis en avant, point de gros plan sur son ossature, point de scènes dénudées à outrance, c'est bien sur l'aspect psychologique des TCA qu'est mis l'accent dans le clip. Marius est enveloppé de deux pulls immenses, difformes, dont l'un, entièrement noir et détricoté par endroits, semble l'avaler. Leurs manches atteignent presque le sol, restreignant les mouvements du jeune homme, pris au piège dans cet accoutrement difforme.

"Faut qu'jarrête, je n'vais pas m'en sortir."

"Je ne peux plus me voir", clame le chanteur, renvoyant à la fois à une détestation de son image et à l'impossibilité de poser un regard objectif sur son propre corps. Il finit par s'adapter à l'eau de ce bain de désespoir, au point d'entamer une transformation au moyen d'une paire de branchies et de palmes naissant entre ses longs doigts. Est-ce là une échappatoire ou Marius finit-il par sombrer dans l'abysse, submergé par ses démons ? Finalement, si l'espoir du clip est ténu, l'artiste fait tout de même preuve d'une grande lucidité et d'un certain recul sur son rapport au corps, même s'il ne dispose pas encore des armes pour se défaire de ses troubles. "Faut qu'jarrête, je n'vais pas m'en sortir" : la santé mentale est un combat intime.

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Crédit photo : Romain Barreau