Quelques semaines après que le pape François a ouvert la porte à une bénédiction au cas par cas de couples homosexuels, le Vatican publie une nouvelle réponse sur le cas de leurs enfants ainsi que sur celui des personnes trans.
Sur les questions LGBTQI+, la doctrine de l'Église catholique ressemble de plus en plus à ce jeu de cour d'école où les enfants doivent demander au maître du jeu : "Épervier peut-on passer ? À quelle condition ?". Après avoir répondu début octobre sur la possibilité de bénir des couples de même sexe, le Vatican vient de clarifier sa position sur le baptême des personnes trans et des enfants adoptés par des couples homos ou nés d'une GPA.
À lire aussi : Intégristes cathos et musulmans s'allient contre l'éducation sexuelle en Belgique
C'est le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, congrégation de la Curie romaine chargée de "promouvoir et de protéger la doctrine et les mœurs conformes à la foi dans tout le monde catholique", qui a répondu aux questions d'un évêque brésilien, dans un document approuvé par le pape François, rédigé le 31 octobre mais rendu public seulement maintenant. Celui-ci explique que les fidèles trans "peuvent recevoir le baptême", mais à une condition : "S'il n'existe pas de situation dans laquelle il y a un risque de générer un scandale public ou une incertitude parmi les fidèles". Le texte n'en dit pas plus sur ce risque mais précise que l'avis s'applique à quelqu'un qui a recouru à un traitement hormonal et/ou à une opération de réassignation de genre.
L'homosexualité reste un "péché"
Le dicastère ne soulève par ailleurs aucune objection au baptême des enfants de couples de même sexe, qu'ils soient adoptés ou nés d'une gestation pour autrui (GPA) : à la question de savoir si un couple homo peut être considéré comme étant les parents d'un enfant qui doit être baptisé, le dicastère se borne à répondre qu'il doit y avoir un "espoir fondé" que l'enfant sera éduqué dans la religion catholique. Quant à savoir si les homos ou les personnes trans peuvent être parrains/marraines lors du baptême, et témoins lors du mariage, feu vert également.
Début octobre, le même dicastère avait publié la réponse du souverain pontife à une question de cinq cardinaux conservateurs lui demandant de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples de même sexe. Rappelant que le mariage catholique ne peut concerner que l'"union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme", le pape François s'y est pour la première fois montré, au nom de la "charité pastorale", ouvert à la bénédiction de couples gays, toujours avec beaucoup de précautions. "Nous ne pouvons pas être des juges qui se contentent de nier, de rejeter et d’exclure", a-t-il écrit, expliquant qu'au cas par cas, "la prudence pastorale doit discerner adéquatement s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage".
Qu'on ne s'y trompe pas : ces prudentes avancées ne remettent pas en cause la doctrine homophobe de l'Église. Le document du 31 octobre rappelle ainsi clairement que l'homosexualité est "un péché". Position déjà rappelée par François en janvier dernier, quand il a appelé les États à cesser de la criminaliser : "L'homosexualité n'est pas un crime. Ce n'est pas un crime. Mais c'est un péché. Il faut faire une distinction entre ces deux notions."
Crédit photo : Andreas Solaro / AFP