Iris Brey nous parle de sa première série, Split, disponible sur France TV Slash, et qui a obtenu au festival Séries Mania de Lille le Prix de la meilleure musique originale, que l'on doit à Rebeka Warrior et Maud Geffray.
“C’est à la fois un soulagement et une joie d’être lesbienne.” Une citation du Génie lesbien d’Alice Coffin dans une série, ça annonce la couleur : Split est la première d'Iris Brey, l’autrice du Regard féminin, une révolution à l’écran, paru en 2020, plaidoyer pour un female gaze, soit une manière de filmer les corps féminins débarrassée du voyeurisme mâle. “Que les personnes qui n’aiment pas mon travail théorique n’aiment pas la série, ce ne serait pas surprenant, accorde la réalisatrice. Ce qui me tient le plus à cœur en revanche, c’est que les lesbiennes l’aiment. On a un tel manque de représentation. J’espère que que certaines pourront s’y retrouver.”
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Pour ce faire, elle a mis toutes les chances de son côté : une bande originale signée Rebeka Warrior et Maud Geffray, l’icône bi Jehnny Beth dans un des rôles principaux, une équipe technique en majeure partie féminine... Puis il y a les références, à travers un élément de décor ou un clin d’œil scénaristique, aux figures du féminisme français, Delphine Seyrig, Violette Leduc ou Alice Guy. “Je suis nourrie de tous ces textes, de tous ces films, de toutes ces femmes. Quand on réalise pour la première fois, on se dit que c’est peut-être aussi la dernière, donc j’ai eu envie de rendre hommage à ces figures oubliées par la culture mainstream”, souligne Iris Brey.
Pour une épiphanie lesbienne
Composée de cinq épisodes filmés en express sur seulement 16 jours, la série disponible en streaming sur France TV Slash montre le tourbillon émotionnel qui emporte Anna, jouée par Alma Jodorowsky, une cascadeuse fascinée par Ève, l’actrice qu’elle double sur un tournage. La température grimpe dans des scènes de sexe aussi humides que crédibles. Les jambes tremblent, la cyprine coule et les bagues sont ôtées des doigts... “On a pris beaucoup de temps en amont avec les comédiennes pour créer une sorte de grammaire commune, que ce soit au niveau des regards, des gestes ou du souffle”, appuie Paloma García Martens, la coordinatrice d’intimité du projet.
Toute cette énergie est au service d’une ambition : étendre le champ des possibles et du commun. “Ce n’est pas un récit sur le coming out, précise sa créatrice. Ce n’est pas l’histoire d’une femme qui se sent lesbienne depuis l’enfance et qui a souffert de ne pas pouvoir s’assumer. Dans la société, on a l’impression que si on ne ressent pas une attirance homosexuelle dès l’adolescence, alors on ne peut la ressentir à l’âge adulte.” Elle parle en connaissance de cause, puisque c’est à 35 ans – “comme Virginie Despentes” – qu’elle a dit au revoir au modèle hétéro. “Si certaines peuvent voir la série et avoir la même épiphanie, ça me rendra heureuse”, renchérit-elle.
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Crédit photo : France TV Slash