Érigée en icône lesbienne sur Instagram, Marie Papillon va illuminer de son humour le petit écran avec sa première série télévisée, Marie et les choses, à partir de ce samedi 22 mai sur Téva.
Sur Instagram depuis plusieurs années déjà, Marie Papillon amuse la galerie de ses 330.000 abonnés. Ce chiffre grimpe en flèche à mesure que la jeune comédienne collectionne les stories désopilantes : un téléfilm douteux de la TNT qu’elle tourne en dérision avec un faux doublage poilant ; sa chienne Bibi, un adorable carlin croisé Cavalier King Charles qu’elle filme fréquemment et dont la bouille singulière suscite l’hilarité ; ou encore son passe-temps fétiche : la paréidolie, une illusion d’optique qui l’amène à déceler des visages humains dans des objets anodins.
Marie prend ainsi un malin plaisir à faire parler ces “trucs” du quotidien en adoptant des intonations de voix différentes : un gimmick devenu récurrent dans ses vidéos sur les réseaux. “Ça faisait deux ans que je réalisais ce genre de petites mises en scène, évoque-t-elle. Mais ça s’est accentué durant le premier confinement. En même temps, on devenait tous fous”, se souvient-elle en riant. Plutôt que de sombrer dans la démence, elle s’est dégoté un nouvel objectif : faire de ce concept humoristique presque enfantin une série télévisée à part entière.
Une représentation lesbienne sans clichés
Dans Marie et les choses (à partir du samedi 22 mai sur Teva), l’instagrameuse se glisse dans la peau de… Marie, une trentenaire touchante qui converse l’air de rien avec les objets qui l’entourent. Comme un air de déjà-vu. “Il y a bien sûr des éléments ou des événements qui font écho à ma propre vie, concède Marie Papillon. C’est comme un reflet fictionnel de ce que je connais.” Pour cette première fiction sur la petite lucarne, la chaîne du groupe M6 lui a laissé carte blanche avec, toutefois, un impératif concernant le format, puisque chaque épisode devait durer environ deux minutes.
"J’ai envie de montrer aux gens LGBTQ+ qu’ils peuvent être acceptés comme ils sont"
Cette contrainte de temps n’a pas empêché la jeune femme d’aborder des thèmes qui lui sont chers. Comme le sexisme ordinaire, l’écologie, les règles et, évidemment, l’homosexualité. “Ce que je voulais, avec cette série, ce n’était pas forcément mettre ma vie en avant, mais plutôt montrer une fille lesbienne dont la sexualité n’est pas un sujet, avance-t-elle. D’ailleurs, aucun des personnages ne le relève, et c’est tout à fait normal. J’ai envie de montrer aux gens LGBTQ+ qu’ils peuvent être acceptés comme ils sont.” Fournir une représentation lesbienne qui contraste avec les clichés habituels, voilà ce qu’elle vise. “On est encore très peu visibles dans la fiction ; ou alors on revient toujours à cette idée que c’est une ‘expérience’ ou une ‘phase’, fait-elle remarquer. J’ai l’impression que les histoires d’amour entre femmes sont moins bien considérées.”
Une communauté florissante
Plus le temps passe, plus l'entrepreneuse prend conscience de sa communauté. Et, toujours, une même ambition en tête : “Je suis fière d’être lesbienne, affirme la jeune femme. Je reçois souvent des messages de filles sur Instagram qui me disent que je leur donne envie de s’assumer. Et c’est ça, aussi, mon but. J’ai envie de montrer que tu peux aimer les filles, être épanouie, et que tout ça soit normal. J’ai envie de le faire pour nous toutes.” Un combat salutaire pour la visibilité, alors que le Sénat a voté contre la PMA pour toutes quelques jours seulement avant que Marie Papillon n’échange avec TÊTU. “Je dois avouer que ça m’a vraiment mis un coup”, déplore-t-elle.
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D’abord, les réseaux sociaux. Puis, la télé. Et après, quel est le programme ? La comédienne de 32 ans n’est pas du genre à se tourner les pouces et a déjà plusieurs projets sur le feu. À commencer par un livre illustré pour enfants, “que les plus grands pourront apprécier aussi” grâce à un second degré de lecture. D’ici à l’automne, Marie sera également à l’affiche de Jeune et golri, une fiction inédite estampillée OCS. “J’ai aussi tourné dans un film policier où je joue une flic, dévoile-t-elle. Avec le flingue et tout. C’est un contre-emploi complet, et j’aimerais bien explorer encore d’autres types de rôles.” Bref, elle n’a pas fini de papillonner.
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Cet article est paru dans notre numéro printemps 2021, toujours en kiosques
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Crédit photo : Yann Morrison