féminismeMort de l'autrice afroféministe et queer bell hooks

Par Florian Ques le 16/12/2021
États-Unis : bell hooks, autrice afroféministe et queer, est morte

De son vrai nom Gloria Watkins, l'intellectuelle afro-américaine bell hooks est décédée à l'âge de 69 ans. Elle laisse derrière elle une bibliographie riche et un militantisme intersectionnel.

Une grande penseuse s'en est allée. L'écrivaine américaine afroféministe bell hooks est morte des suites d'une "longue maladie", a annoncé ce mercredi 15 décembre la faculté Berea où elle exerçait depuis 2004. Elle était âgée de 69 ans. Au gré d'une vie de travail, elle se sera penchée sur de nombreuses thématiques – le féminisme, le racisme, la sexualité, l'amour, la spiritualité... – avec une approche intersectionnelle. L'autrice native de Hopkinsville dans le Kentucky (sud-est des États-Unis ) aura signé une trentaine de publications, dont Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminismes (1981).

bell hooks au croisement des luttes

Née Gloria Jean Watkins en 1952, l'autrice opta pour le nom de plume bell hooks en hommage à son arrière-grand-mère. Elle fit le choix de l'écrire sans majuscules pour que l'on se focalise sur "la substance des livres" plutôt que sur sa personne. Ses livres ont notamment examiné l'identité noire et plus spécifiquement les enjeux autour de la femme noire dans la société patriarcale et capitaliste. Ayant gagné en popularité au fil de sa carrière, bell hooks donna des cours dans diverses universités prestigieuses, de Stanford à Yale, et ses parutions furent traduites dans une quinzaine de langues à travers le monde.

L'écrivaine soutenait les luttes pour les droits LGBTQI+ et s'était elle-même définie comme "queer-pas-gay". Elle avait notamment partagé sa propre définition du terme "queer", déterminant qu'il ne désignait pas "avec qui l'on couche, bien que ça puisse être l'une de ses composantes" mais avait davantage à voir avec "le soi qui est en opposition avec tout ce qui l'entoure et qui doit inventer et créer et trouver un espace pour parler, prospérer et vivre".

Homophobie et racisme

Dans ses écrits, bell hooks s'intéressait en particulier à l'homophobie et au racisme, deux discriminations qu'elle appelait à distinguer pour mieux les combattre. "Les personnes blanches, hétéros comme gays, pourraient faire preuve d'une meilleure compréhension de l'impact de l'oppression raciale sur les personnes racisées en n'essayant pas de rendre ces oppressions synonymes, mais plutôt en montrant les façons dont elles sont liées et en même temps diffèrent", avançait-elle dès 1989 dans son ouvrage Talking Back: Thinking Feminist, Thinking Black, non traduit en français.

Outre-Atlantique, de multiples auteurs et autrices LGBTQI+ pleurent la disparition de bell hooks, évoquant une "perte incalculable". En France, Sandrine Rousseau et Amandine Gay lui rendent hommage, de même que la journaliste et activiste antiraciste Rokhaya Diallo qui sur Twitter salue "une très grande dame (…) Ses écrits ont été moteurs de tant de transformations littéraires, intellectuelles, personnelles... Quelle perte immense !"

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Crédit photo : Freedom Forum via capture d'écran YouTube