La révélation du nouvel opus des "Crevettes pailletées", c'est Bilal El Atreby. Âgé de 26, l'acteur incarne Sélime, la nouvelle recrue tout en charme et en muscles de l'équipe de water-polo. têtu· l'a rencontré.
Voici la nouvelle recrue de l’équipe de water-polo gay la plus célèbre du 7e art. Bilal El Atreby, 26 ans, en a déjà émoustillé plus d’un lors de sa furtive apparition en Speedo dans la bande-annonce de La Revanche des Crevettes pailletées. Son personnage à l’écran, Sélime, est un dur à cuire ayant grandi en cité et qui peine à accepter son homosexualité. “On a un parcours assez similaire”, raconte Bilal, originaire d’un quartier populaire du XIVe arrondissement de Paris, mais, contrairement à son personnage, carrément hétéro. D’ailleurs, si lui aussi s’est découvert assez tôt un attrait pour le sport, il s’est, en revanche, plutôt tenu éloigné des bassins : “Je ne suis pas un très bon nageur”, avoue-t-il. Ce qui ne l’a pas empêché de décrocher un diplôme de coach sportif et de développer une carrure imposante lui ayant permis de travailler comme physionomiste en boîte de nuit. Car la comédie arrive plus tard lorsque, encouragé par un ami, Bilal, qui accepte de jouer dans un clip, a une révélation : il sera acteur.
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Bilal El Atreby, premier rôle en (speed)or
Pour son premier rôle, être à l’affiche du second opus des Crevettes pailletées relève de l’opportunité en or. “Mais quand t’es arabe, ou musulman ou africain, ça peut être compliqué de jouer le rôle d’un homosexuel, reconnaît-il. Surtout vis-à-vis de tes proches et de ta famille.” Mais le jeune homme n’a pas été rongé par le doute très longtemps. À la lecture du scénario, Bilal comprend que les valeurs portées par la franchise des Crevettes pailletées font écho aux siennes : “Le message de solidarité m’a vraiment frappé. C’est l’individu au service du collectif. C’est un message d’unité qui dépasse l’homosexualité, qui s’adresse à n’importe quel groupe. Ça me plaisait de me positionner par rapport à une idée que je suis capable de défendre. Si tout le monde garde ses convictions pour soi, ça ne fait pas avancer la lutte contre l’homophobie.”
Toutefois, quand il fallut annoncer à son entourage sa participation au film, cela releva presque d’un coming out. Le jeune acteur se rappelle avoir bégayé en annonçant la nouvelle à son père, au téléphone. “Il est reparti vivre en Égypte dix ans plus tôt, et c’est un pays où être gay est très tabou. Là-bas, même les couples hétéros ne s’embrassent pas à la télé, rappelle-t-il. J’ai eu beaucoup de mal à lui dire, comme si j’avais peur de le décevoir. Il m’a répondu : 'T’es pas obligé de le faire.' Mais je pense qu’il craignait que ça me porte préjudice. Ce n’est pas le mec le plus fermé d’esprit, loin de là ! Quand il verra le film, il va beaucoup rigoler.”
Il s’attendait également à être charrié par ses amis quand il leur annoncerait la nouvelle. “Mes potes étaient morts de rire, explique-t-il. Mais le sentiment qui prédomine auprès de tous mes proches, c’est la fierté que je sois dans un film au cinéma.” Qui plus est dans un film pédagogique, bienveillant, et qui pourrait participer à l’évolution des mentalités, espère l’acteur. “Peut-être qu’il faut offrir cette représentation pour qu’elle se répercute dans la vie réelle, ajoute-t-il. Montrer que c’est possible. Mais en France, pour l’instant, on est en retard. À l’avant-première, il y aura plein d’amis à moi, et je sais qu’ils vont être autant morts de rire que gênés.”
"Montrer que c'est possible"
Bilal pense également que des actes forts et symboliques pourraient un jour changer la donne. “Quand un joueur de foot adulé par tous les jeunes dira 'je suis gay', ça va provoquer un réel changement, note-t-il. Il faudra dans ce cas que tous ses coéquipiers disent haut et fort que ça ne change rien pour eux et qu’ils l’acceptent. Mais il faut oser.” Parce que le combat pour l’égalité ne pourra être remporté qu’avec le soutien de tous·tes.
“Je suis fier de me positionner comme un allié, ponctue le comédien. Et il faut se positionner. Contre l’homophobie, l’islamophobie, le racisme, la grossophobie… Si on ne laisse passer aucune discrimination et qu’on est solidaire, ça nous conduira à une France tellement plus forte et tellement plus riche.” Et Sélime comme Bilal en sont un parfait avant-goût.
>> Pour cette Revanche des crevettes pailletées, Nicolas Gob et Cédric Le Gallo sont en interview dans le magazine têtu· en kiosque
Photographies : Audoin Desgorges
