Droits LGBTQI+ en France : 10 bonnes raisons de sauver 2021

C’était la promesse principale d’Emmanuel Macron pour les personnes LGBTQI+ : autoriser la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires. Après plusieurs années d’atermoiements, c’est enfin une réalité, la loi bioéthique du 4 août a été promulguée fin septembre donnant la possibilité aux centres de PMA de pratiquer les premières inséminations.

Malgré cela, la loi pourrait être améliorée, en autorisant notamment la technique de la ROPA qui permet d’inséminer dans le corps d’une femme un ovocyte de sa compagne fécondé par un donneur. Ou encore de faire des progrès sur « l’appariement », où certains couples se voient refuser un don car le donneur dispose de caractéristiques physiques très différentes des futurs parents.

Mais l’ouverture de la PMA à toutes les femmes provoque un véritable engouement puisqu’en septembre, alors que la loi venait d’être promulguée, le gouvernement recensait quelque 3.500 demandes supplémentaires, contre 1.000 anticipées pour la fin 2021.

Crédit photo : Elodie Hervé pour TÊTU

C’est la fin d’un calvaire qui a duré plus de quatre ans. Fabien Azoulay, condamné à 16 ans de prison en Turquie pour avoir commandé un dérivé du GHB sur internet, a connu l’enfer. Dans sa prison, il a été harcelé à cause de son orientation sexuelle, ses co-détenus l’ont battu et brûlé, ont rapporté ses avocats.

Mi-août, Fabien Azoulay a pu être rapatrié en France, au nom d’un accord diplomatique entre la France et la Turquie. Mais son remake de Midnight Express ne s’est pas arrêté pour autant. Condamné en Turquie, il devait poursuivre de purger sa peine à la prison de la Santé à Paris. Les juges français ont finalement réduit sa peine, lui permettant de sortir de prison début novembre.

« Ce dénouement doit tout à l’obstination de ses soutiens, à la rigueur juridique et à la diplomatie. Convaincus de son innocence, nous n’avons jamais cédé à la tentation de découragement. Pour Fabien, c’est un nouveau départ », se sont réjoui ses deux avocats, Me Carole-Olivia Montenot et Me François Zimmeray.

Crédit photo : Capture d’écran Facebook

Refuser le don du sang de personnes LGBTQI+ au nom de la lutte contre le VIH, c’est désormais interdit. En dernière lecture de la loi bioéthique, l’Assemblée nationale a voté un amendement déposé par le gouvernement, interdisant toute distinction entre homos et hétéros dans la sélection des donneurs. La réforme doit entrer en vigueur le 1er janvier 2022.

Jusqu’à présent, pour donner leur sang, les personnes LGBTQI+ devaient respecter une période d’abstinence de quatre mois pour pouvoir faire un don, alors même que toutes les poches sont testées au VIH avant d’être utilisées. Sur le sujet, le gouvernement a changé de braquet à 180 degrés puisque lors des lectures précédentes, l’exécutif macroniste s’était prononcé contre de tels amendements portés par les socialistes.

Crédit photo : Nguyễn Hiệp / Unsplash

Le Tango, aussi connu sous le nom de La boîte à frisson, était menacé à cause des confinements successifs. Dans les colonnes de TÊTU, le propriétaire de la discothèque croulant sous les dettes a annoncé mettre en vente l’immeuble abritant le dancing centenaire dans le Marais à Paris. « On n’a aucune visibilité sur une possible date de réouverture. De toute manière on ne tiendra pas jusqu’en septembre 2021 », regrettait-il en janvier 2021. De fait, contrairement aux autres établissements du quartier, le Tango n’a pas rouvert après les périodes de confinements et couvre-feu.

C’est finalement la mairie de Paris qui a mis la main au portefeuille. Comme l’annonçait TÊTU mi-septembre, la ville a racheté l’immeuble pour la coquette somme de 6,7 millions d’euros. « La vente a été signée début septembre », confirmait Ian Brossat.

Finalement, la Boîte à frissons restera au rez-de-chaussée, avec une ouverture pour les associations pendant la semaine et pour faire la fête le week-end. Aux étages, les appartements ont été transformés en huit logements sociaux. En revanche, l’établissement n’a pas pu rouvrir le 24 décembre comme espéré ; des travaux de remise aux normes ont dû être entrepris.

Crédit photo : Pixabay

La proposition de loi interdisant les « thérapies de conversion » a été adoptée définitivement par l’Assemblée nationale et le Sénat. Ces pratiques qui prétendent modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, sont désormais punies de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende.

Derrière le mot d’ordre « rien à guérir », la proposition de loi visait à inscrire dans le marbre que l’orientation sexuelle, tout comme une identité de genre non-cis, ne sont en rien quelque chose qu’il s’agirait de réprimer. Au cours des auditions, les témoignages de victimes de ces pseudo « thérapies » ont fait état de tortures physiques et psychologiques augmentant le risque de dépression et de suicide. Alimentée par des militantes féministes anti-trans, la droite sénatoriale, à l’instar de Bruno Retailleau, aura ferraillé pour retirer du texte l’identité de genre, mais ne l’a pas obtenu.

Désormais, la balle est dans le camp du gouvernement qui doit promulguer le texte au Journal officiel. Il devra également se donner les moyens policiers et judiciaires pour faire respecter la loi et démanteler les groupuscules qui pratiquent ces « thérapies ».

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C’est une première. Par un jugement du 28 mai 2021, la Cour d’appel de Paris a condamné pour la première fois un homme pour « viol en raison de l’orientation sexuelle ». L’accusé connaissait, dès le début de leur rencontre, l’orientation sexuelle de sa victime. Pendant plus d’une heure, il l’a violée, violentée et humiliée après qu’elle eut refusé une relation sexuelle avec lui. Il lui a asséné : « Tu kiffes les meufs ? Eh bien je vais te faire kiffer »…

Pour l’avocat de la victime, Me Stéphane Maugenre, c’est l’aboutissement du procès d’Aix-en-Provence en 1978, quand les trois agresseurs du couple Anne Tonglet-Araceli Castellano, défendues par Gisèle Halimi, avaient été condamnés et que ce procès avait conduit à une redéfinition légale du viol. Auprès de TÊTU, Anne Tonglet a salué un « saut dans le 21ème siècle » : « 45 ans après le procès d’Aix, la société a un peu évolué, mais pas la justice. C’était indispensable d’oser plaider le caractère lesbophobe du viol, l’accusé l’a reconnu lui-même un an après sa première condamnation ».

Crédit photo : Tingey Injury Law Firm / Unsplash

Si le VIH a pâti de l’épidémie de Covid-19, cette année a également été l’occasion de grandes avancées. Le premier traitement du VIH par action prolongée est disponible depuis le 21 décembre en France. Deux molécules, une piqûre par fesse tous les deux mois, peuvent désormais remplacer le cachet quotidien. Un traitement remboursé à 100% par la sécurité sociale. Aux États-Unis, un traitement bimestriel fonctionne déjà aussi comme prévention.

Pour remonter la pente des dépistages non réalisées en temps de confinement et de couvre-feu, le ministère de la Santé a annoncé la généralisation de la mesure « Au labo sans ordo », qui permet d’entrer dans un laboratoire d’analyses médicales sans ordonnance pour obtenir un dépistage du VIH sans avoir à avancer de frais. Cette mesure était jusqu’alors expérimentée à Paris et dans les Alpes-Maritimes. Elle a montré qu’elle permettait d’inciter à se faire tester. Quant à la PrEP, plus besoin d’aller nécessairement dans un CeGIDD pour être initiée, elle peut être prescrite par les médecins généralistes, formés depuis le 1er juin.

Enfin, en mars, Sidaction a réalisé une soirée d’hommage à Line Renaud, infatigable alliée dans le combat contre le VIH/sida. Le week-end de mobilisation a permis de récolter 4,49 millions de promesses de dons, approchant le record historique de 4,5 millions d’euros en 2019.

Crédit photo : Shutterstock

Pour la première fois, La Réunion a connu une marche des Fiertés. Après plusieurs attaques lesbophobes, la communauté LGBTQI+ avait besoin de montrer sa force sur l’île de l’océan Indien. Histoire de montrer qu’on revendiquer sa créolité et son orientation amoureuse.

Crédit photo : Capture d’écran Instagram / Requeer

TÊTU vous l’annonçait en avant-première, la ville de Paris s’est dotée du premier comité stratégique de prévention lié au chemsex, cette pratique associant sexe et drogues de synthèse. Ce comité vise à rassembler les acteurs associatifs, de santé publique, la préfecture, la ville… pour coordonner la prévention et la réduction des risques.

Avant février 2022, la ville doit lancer une campagne d’information pour les chemsexeurs, ciblant aussi bien les hommes gays, que les personnes trans ou les hétéros. Car une étude commandée pour l’occasion montre que la pratique ne se limite pas à la seule communauté gay, d’où l’intérêt de prendre en compte ces différentes réalités dans les approches.

Si vous ou l’un de vos proches avez besoin d’aide ou de soutien, l’association Aides a mis en place un numéro sur WhatsApp (07 62 93 22 29, chiffré de bout en bout) et un groupe fermé sur Facebook, InfoChemsex.

L’Académie française était en PLS mi-novembre, alors que le Petit Robert a fait faire dans sa version numérique une entrée fracassante au pronom « iel », contraction de « il » et de « elle », un pronom qui permet de genrer au neutre. De quoi faire hurler les conservateurs, accusant le dictionnaire de verser dans le « wokisme ».

Contactée par TÊTU, Marie-Hélène Drivaud, directrice éditoriale, a assumé la volonté d’inclusion du dictionnaire : « Quand on met ‘pianiste : musicien, musicienne qui joue du piano’ ou ‘personne qui joue du piano en amateur’, c’est inclusif. Parfois c’est ‘musicien(ne)’, car on a aussi une problématique de place pour la version papier. Et quand on ajouté les parenthèses, le point médian n’était même pas né ! ».

Depuis juin 2020, elle était incarcérée dans une maison d’arrêt pour hommes. Jennifer (prénom changé) a obtenu, en avril, son transfert dans une prison pour femmes, après son changement d’état civil par le tribunal de Toulouse. Elle était jusqu’alors à l’isolement « pour éviter qu’elle ne se fasse agresser par ses camarades », selon La Dépêche du Midi.

Depuis son incarcération, elle était victime de « propos et d’actes transphobes de la part de nombreux surveillants », selon l’association de travailleur·ses du sexe Grisélidis. D’après des proches de Jennifer, la femme était en outre obligée de porter des vêtements d’hommes. Les surveillants pensaient qu’il y avait « un problème au niveau des fouilles ».

Auprès de TÊTU, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, déplorait : « De petits efforts sont réalisés, mais les droits sont mal respectés. Il faut aller plus loin avec un cadrage concret ». Transmis au ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.

Crédit Photo : Forsaken Photos / Flickr.