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confinementReconfinement : les pistes du gouvernement pour protéger les personnes LGBT+

Par Nicolas Scheffer le 30/10/2020
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INFO TÊTU - Les associations seront reçues lundi par le gouvernement pour mettre en place des mesures pour soutenir les personnes LGBT+ pendant le confinement. Le gouvernement devrait notamment proposer des nuits d'hôtel pour les personnes victimes de violences LGBTphobes.

"Le plus urgent, c'est de prévenir des violences intra-familiales et des violences de l'entourage", souffle une source au sein de l'exécutif. Alors qu'Emmanuel Macron a annoncé le reconfinement du pays pour au moins quatre semaines, les associations craignent pour les personnes LGBT+. Lors du premier confinement, les témoignages de harcèlement ont grimpé en flèche. Pour éviter une seconde vague, le ministère de l'Égalité entre les femmes et les hommes réunira les associations LGBT+ ce lundi 2 novembre. Objectif ? Trouver des solutions pour limiter les effets du confinement sur les plus fragiles. D'ici-là, nous vous dévoilons certaines pistes.

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La question des violences sera donc centrale. Le gouvernement devrait proposer, comme lors du premier confinement, des nuits d'hôtel aux personnes victimes de LGBTphobie. Les personnes victimes de violences ou menacées n'auront pas besoin d'une attestation pour fuir de chez elles. Des arbitrages doivent encore être pris sur les conditions de ces déplacements dérogatoires.

Des dispositifs pas assez connus

"Pendant le confinement du printemps, le nombre de victimes de harcèlement de la part de sa famille, du voisinage ou au travail a sensiblement augmenté. Ces situations sont ressenties comme plus graves car on n'a pas de soupapes de décompression pour s'évader. On espère que le maintien de l'école permettra aux étudiants d'avoir un temps de répit. D'autant que l'école est aussi un lieu où les adolescents peuvent s'isoler pour nous appeler", indique David Malazoué, le président de SOS homophobie. Au Refuge, on a constaté une augmentation de 25% du nombre d'appels, mais c'est surtout leur durée qui a explosé (elle a été multipliée par deux), preuve de l'importance du malaise des personnes LGBT+.

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"Il faut que les dispositifs d'aide aux victimes soient mieux connus", assure l'entourage d'Élisabeth Moreno. Notamment, les dispositifs d'écoute et les lignes d'urgence. Les associations demandent une communication massive sur les réseaux sociaux et pourquoi pas, des bandeaux sur des plateformes type Netflix. "Lors du premier confinement, Marlène Schiappa a mis beaucoup de temps avant de promouvoir ces lignes d'écoute. On a le sentiment que le gouvernement a reconnu cette erreur et a décidé d'agir tout de suite", juge Nicolas Noguier, président du Refuge.

1.364 nuitées pour protéger les personnes LGBT+

Pendant le premier confinement, "tous les besoins exprimés en matière d'hébergement d'urgence ont été couverts et ils le seront à nouveau", assure l'entourage de la ministre. Le gouvernement fait référence à une convention qui a été passée avec les hôtels et les associations pour pouvoir héberger des personnes en difficultés. Mais au printemps, il y avait eu du retard à l'allumage : la convention est entrée en application quinze jours avant le déconfinement. L'exécutif avait alors prévu de financer 6.000 nuitées pour protéger des personnes LGBT+. Selon nos informations, 1.364 nuitées ont été prises en charge par la Dilcrah (délégation interministérielle contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT+). La mesure devrait être réactivée.

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L'exécutif n'avait pas fait une folle publicité de ce dispositif. "Il y a eu de nombreux besoins non exprimés qui n'ont pas été pris en charge", insiste le président du Refuge. Il faudrait également des avancées juridiques car les associations n'ont pas le droit d'aider les plus jeunes. "Aujourd'hui, si on prend en charge un jeune mineur qui est à la rue, on est hors la loi", indique David Malazoué. Aux yeux de la loi, cette main tendue s'apparente en effet à du kidnapping.

Quid des interventions en milieu scolaire ?

"On est encore dans le flou concernant les interventions en milieu scolaire", regrette le président de SOS homophobie. Ces interventions pourraient être interdites non pas en raison du confinement, mais du relèvement du niveau d'alerte Vigipirate. Ces interventions sont importantes pour prévenir des LGBTphobies. Car lors de ces passages en classe, les ados écrivent des remarques anonymes aux bénévoles. Et permettent de se rendre compte d'une situation problématique au sein d'une famille.

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Le gouvernement mise également beaucoup sur l'application de FLAG! qui permet de signaler un acte de LGBTphobie et d'être orienté. "C'est une application qui permet d'écrire sans faire de bruit", note l'exécutif. À Marseille par exemple, les forces de l'ordre manquent cruellement de main d'oeuvre formée pour gérer les situations de LGBTphobies. Une référente de l'association FLAG! est bien sur place, mais elle prépare les plaintes d'actes LGBTphobes sur son temps personnel et non sur son temps de travail. "Elle ne pourra pas faire infiniment des heures supplémentaires si le nombre de plaintes augmente", pointe Johan Cavirot, le président de FLAG!. Il espère qu'au moins un poste sera dédié à la prise en compte des LGBTphobies dans la cité phocéenne.

Auto-tests du VIH par courrier

À propos de la prévention du VIH, les ordonnances pour un traitement de PrEP étaient renouvelées automatiquement. "C'est quelque chose qui a fonctionné au printemps, il n'y a pas de raison que cette mesure ne soit pas reconduite", indique l'exécutif. Les délivrances de traitement ont chuté drastiquement pendant le premier confinement, les associations proposent aujourd'hui d'envoyer des auto-tests par courrier.

Enfin, l'exécutif compte "soutenir" les associations qui ont dû annuler des événements, notamment des marches des Fiertés. À Paris, la manifestation a été repoussée au 7 novembre, avant d'être annulée. À la place, des rassemblements dans plusieurs points de la capitale et de la petite couronne devaient se tenir. Ce sera finalement vraisemblablement en ligne.

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