cinémaLe palmarès réjouissant du festival de films queers Chéries-Chéris

Par Tessa Lanney le 30/11/2022
"Le bleu du caftan"

L'édition 2022 du festival de cinéma queer Chéries-Chéris, à Paris, s'est achevée ce 29 novembre. Joyland, La guerre de Miguel, Camille sortira ce soir… découvrez les films primés.

Dix jours d'intrigues, de personnages et de passions queers sur grand écran. C'est la promesse, tenue chaque année, du festival Chéries-Chéris à Paris. Son édition 2022 a présenté quelque 70 longs-métrages et 60 formats courts dans les cinémas partenaires. Mais rassurez-vous, aucun membre du jury n'a été maltraité au cours de l'événement, puisque seuls treize films étaient sélectionnés dans la compétition officielle. Et c'est Joyland, du Pakistanais Saim Sadiq (à retrouver dans le têtu· de l'hiver en kiosques) qui a raflé le Grand prix de la catégorie fiction.

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Compétition fiction

La victoire de Joyland ne nous foudroie pas de surprise, le film ayant déjà été récompensé de la Queer Palm lors du dernier Festival de Cannes. Chéries-Chéris a donc aussi craqué pour l'histoire d'amour entre Haider, jeune homme qui étouffe dans sa famille traditionnelle au Pakistan, et Biba, danseuse transgenre.

Le bleu du caftan, de Maryam Touzani, a de son côté reçu le Prix du jury dans la catégorie fiction. L'histoire d'un couple hétéro marié qui tient un magasin traditionnel de caftans au Maroc. Du moins, en façade, puisque si Halim a épousé Mina, tous deux cachent l'homosexualité du garçon. Sauf que voilà, Mina est malade et l'arrivée d'un jeune apprenti bouleverse cette dynamique savamment orchestrée…

Le Prix d'interprétation en fiction est allé à la Brésilienne Kika Sena pour son rôle dans Paloma de Marcelo Gomes. Elle y interprète une agricultrice trans qui ne rêve que d'une chose, un mariage traditionnel, dans une église, avec son petit ami. Pour y parvenir, elle n'est pas au bout de ses peines…

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Crédit photo : Condor Distribution

Compétition documentaire

Du côté des documentaires, c'est La guerre de Miguel, d'Eliane Raheb, qui a reçu les lauriers. Si le personnage vit pleinement son homosexualité en Espagne dans une atmosphère post-franquiste, il est rattrapé par son passé au Liban où, en tant que combattant, il a maintes fois observé et embrassé les horreurs de la guerre. Le Prix du jury n'a en revanche pas pu trancher entre Nun of your business, de la Croate Ivana Ivana Marinić Kragić, et Vilain garçon, du Français François Zabaleta. Le premier suit Marita, qui prend conscience de son homosexualité en entrant dans un couvent... où elle vivra une histoire d'amour lesbienne. Vilain garçon nous est narré par un enfant de huit ans qui développe une relation amoureuse et fusionnelle avec un autre garçon un peu plus âgé. Une histoire d'amitié, d'amour, de trahison et de transition vers l'âge adulte.

Compétition courts-métrages

Hideous, de Yann Gonzalez, repart avec le Grand prix. Construit en trois actes autour du nouvel album d'Oliver Sim, Hideous Bastard, il explore une problématique : grandir en tant que garçon queer et séropositif. Deux films partagent encore une fois le Prix du jury : L'attente, de la Française Alice Douard, et Regarde-moi du Chinois Shuli Huang. Le premier se concentre sur l'attente à la maternité de Céline, entourée de papas qui, comme elle, patientent dans le hall. L'autre court s'intéresse à la relation mère-fils complexe d'un jeune cinéaste en plein voyage introspectif dans sa ville natale. Dans cette catégorie, le Prix spécial du jury est revenu à un film du Chilien Diego Céspedes, Les créatures qui fondent au soleil, dont l'intrigue s'ancre dans une mystérieuse communauté qui fuit le soleil. Y vit Léon, l'ancien amant du personnage principal, Nataly, une femme trans qui lui rend visite. En elle se réveillent alors les souvenirs d'une relation toxique.

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Crédit photo : Koi Studio

Prix libertés chéries

Le dernier prix était doté par l'ONG Solidarité internationale LGBTQI+. C'est Camila sortira ce soir, d'Inès María Barrionuevo (Argentine), qui l'a remporté. Le film se déroule à Buenos Aires, alors que la légalisation de l'IVG est au coeur des préoccupations de l'Argentine. Camila est une adolescente qui incarne parfaitement cette jeunesse fluide et avide de liberté en opposition au traditionalisme hérité de l'Église.

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Crédit photo : Destiny Films

Deux films ont également reçus une mention spéciale : Silent Love, du Polonais Marek Kozakiewicz, traite d'un amour que l'on doit taire, celui de Maja et d'Aga, qui font face à une société homophobe. L'autre heureux élu est Un Varón (un homme), du Colombien Fabián Hernández. Incarner une masculinité agressive ou embrasser sa véritable nature, c'est tout le dilemme que vit son héros, Carlos, confronté à la violence des rues dans son quartier où, pour être respecté, il faut être un mâle alpha.

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Crédit photo : Ad Vitam Distribution