Au sein d’une histoire théâtrale très hétérocentrée, l’œuvre du dramaturge, romancier et dessinateur Copi fait figure d’explosion hors norme. Trente-cinq ans après sa mort du sida le 14 décembre 1987, retour sur cette figure iconoclaste de la contre-culture gay française, que certains n’ont pas oubliée.
La Guerre des pédés, L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer, Le Bal des folles, Les Vieilles Putes, Du côté des violés, Sale crise pour les putes… En parcourant rapidement les titres des œuvres de Copi, que ce soit ses pièces de théâtre mais aussi ses romans, ses nouvelles ou encore ses bandes dessinées, un monde interlope, provocateur, saute d’emblée aux yeux, traduisant effrontément ce qui faisait toute la force de l’univers de l’Argentin installé en France. "Dans les années 1970, peu d'auteurs parlaient de la marginalité sexuelle de manière aussi explicite et décomplexée que Copi", résume le metteur en scène Thibaud Croisy, spécialiste reconnu du dramaturge.
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Trente-cinq ans après sa mort, la société française a changé mais Copi continue toujours de passionner certains artistes. C’est le cas de Louis Arène, ancien pensionnaire de la Comédie-Française et cofondateur de la compagnie Le Munstrum Théâtre. Lorsqu’il découvre Copi au cours de ses études de théâtre il y a une quinzaine d’années, c’est un choc. "Il m’a tout de suite fait mourir de rire avec son humour qui explose les normes et les codes du théâtre classique." En le lisant, il y retrouve autant le drame façon Tchekhov que le rire à la Feydeau ou encore la tension inhérente au cinéma noir américain. "Il dynamite l’esprit de sérieux et ça m’a fait du bien à moi, jeune étudiant au très respectable conservatoire où l’on étudie beaucoup les grands textes, les grands auteurs ; où l’on apprend à dire le vers, à chercher le tragique en soi. Tout un nouveau monde s’est ouvert !"...