Impressionnant de physicalité dans Les Nègres de Bob Wilson, Hippolyte brûlant à l’Odéon aux côtés d’Isabelle Huppert dans Phèdre(s) de Krzysztof Warlikowski, Gennaro bouleversé chez Podalydès dans Lucrèce Borgia, il est aujourd'hui Belize dans Angels in America de Tony Kushner, mis en scène par Arnaud Desplechin. À l'occasion de la reprise de cette pièce LGBT historique par la troupe de la Comédie-Française, l’acteur, qui interprète un personnage à son image, à la fois noir et gay, se confie à têtu·, et raconte comment sa quête identitaire se distille dans son cheminement d’artiste.
Gaël nous accueille dans sa loge de la Comédie-Française, dans le Ier arrondissement de Paris. Un parquet clair, des grandes fenêtres qui donnent sur la place Colette et un canapé rouge au centre, assorti aux couleurs de la maison, sur lequel il s’assoit en tailleur. Une casquette vissée sur la tête, d’une voix qui apaise, l’acteur nous raconte sa naissance à Kinshasa, d’une mère rwandaise et d’un père israélien, puis son enfance au Congo, jusqu’à ses 4 ans, avant de partir habiter au Burundi. C’est à ce moment-là qu'il perd sa mère, qui meurt du sida. Puis la guerre éclate : il a 7 ans et s’en va cette fois vers la Suisse, chez sa tante, qui l’adopte et deviendra sa mère. ”J’ai eu plusieurs mères, celle que j’appelle ma maman, et celle qui m’a élevé, ma mère. Et d’autres encore…”, explique-t-il. Gaël nous raconte qu’il s'intéresse d’abord au théâtre par jalousie, parce qu’il se sent mis à l’écart, exclu du passe-temps extrascolaire de ses deux amies, chaque mercredi après-midi. “Je me disais, je vais pas faire ça, c’est un truc pour les filles.” ...