écoleHarcèlement scolaire : les quatre mineurs jugés pour le suicide du jeune Lucas relaxés

Par têtu· avec AFP le 06/11/2023
Une marche blanche en l'honneur de Lucas, 13 ans, s'est tenue ce dimanche 5 février à Épinal.

Les quatre mineurs jugés pour "harcèlement ayant entraîné le suicide" de Lucas, collégien gay de 13 ans, en janvier dernier dans les Vosges, ont été relaxés en appel.

"Les quatre mineurs ont été relaxés", ont indiqué leurs avocats à l'AFP. Ce lundi 6 novembre, la Cour d'appel de Nancy a relaxé les quatre élèves qui étaient poursuivis pour "harcèlement ayant entraîné le suicide" de Lucas, un collégien gay de 13 ans qui s'est donné la mort le 7 janvier dernier à Golbey dans les Vosges.

À lire aussi : "Pédale, tafiole, tarlouze…" Sur TF1, Gabriel Attal dit les termes du harcèlement homophobe

C'est la première fois que des élèves étaient jugés pour ce motif depuis l'adoption de la loi contre le harcèlement scolaire. La décision judiciaire, citée par l'AFP, met en évidence le caractère "odieux" des propos, homophobes, tenus à l'endroit de l'adolescent "entre le 1er septembre 2022 et début octobre 2022" par les prévenus, deux filles et deux garçons. Mais la justice a conclu à "l'absence d'effet démontré" de ces propos "sur la santé mentale de Lucas", et donc sur son suicide survenu plusieurs semaines plus tard.

À lire aussi : À Lucas, l’enfant dont on n’a pas sauvé la vie

Caractériser le harcèlement

Avocate de l'un des quatre mis en cause, Me Béatrice Founès a fait savoir sur BFMTV le "soulagement" de "la mère de ce jeune". Selon l'avocate, "il a donc été démontré qu'il n'y a pas eu de harcèlement scolaire". "Nous étions sur un débat purement juridique : il y a absence d'éléments qui caractériseraient le harcèlement. C'est une infraction spécifique qui répond à un certain nombre de conditions, il y avait donc pour nous un défaut de qualification de l'infraction, ce que nous avons soutenu depuis le début", justifie Me Emmanuelle Larrière, conseil d'un autre prévenu.

En première instance, en juin, le tribunal des enfants avait pourtant condamné les quatre jeunes tout en écartant la causalité avec le suicide. "Au vu de l'analyse du dossier et de ce qui s'est dit à l'audience, il restait un doute par rapport à la causalité" entre le harcèlement et le suicide de Lucas, reconnaissait alors le procureur d'Épinal. C'est ainsi que le tribunal avait requalifié les faits de "harcèlement scolaire ayant entraîné une interruption totale de travail (ITT) de moins de huit jours". Mais les avocats des prévenus avaient fait appel de cette décision.

Trois semaines après la mort de son fils, la mère de Lucas avait appelé à ne pas se tromper de combat : "Ça reste des enfants", soulignait-elle. En revanche, pour elle, la responsabilité incombe au collège de Golbey qui "n'a pas pu sauver Lucas". Cette année, le nouveau ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, a annoncé de nouvelles mesures contre le harcèlement scolaire. Dans le cadre de l'examen des crédits de l'Éducation nationale dans le budget 2024, l'Assemblée nationale a par ailleurs adopté vendredi un amendement prévoyant d'affecter 30 millions d'euros à la création de brigades anti-harcèlement au sein des académies.

À lire aussi : Harcèlement scolaire : après le suicide de Nicolas, le double électrochoc d'Alfortville

► Si vous êtes victime de harcèlement, ne restez pas seul·e
Des lignes d'écoute sont disponibles, comme Suicide écoute, disponible 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00, ou SOS Amitié au 09 72 39 40 50, également 24h/24 et 7 j/7. SOS homophobie dispose aussi d'un chat d'écoute en ligne et d'une ligne d'écoute anonyme au 01 48 06 42 41. D'autres ressources sont recensées sur le site de l'Assurance maladie.

À lire aussi : Pap Ndiaye : "Une école accueillante pour les élèves LGBT+ l'est pour tout le monde"

Crédit illustration : Julian Storaï pour têtu·