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interview"Ici tout commence" (TF1) : Nicolas Anselmo et Mikaël Mittelstadt évoquent "le" mariage

Par Thomas Pouilly le 11/07/2023
Le mariage de Greg et Eliott dans la série "Ici tout commence" sur TF1

Vive les mariés ! Ce vendredi 14 juillet, le couple gay emblématique d’Ici tout commence tirera sa révérence de la plus belle des manières, en se disant "oui" – enfin, normalement… Nicolas Anselmo et Mikaël Mittelstadt, interprètes des personnages Eliott et Greg dans la série, reviennent avec nous sur leur participation à ce feuilleton phare de TF1.

Il y a quelques mois, Greg et Eliott nous avaient laissés sur une demande en mariage touchante à l’aéroport, alors qu'une nouvelle vie les attendait au Japon. Mais depuis plusieurs semaines, les voilà de retour sur TF1, et prêts célébrer dans l'épisode de ce vendredi 14 juillet leurs noces tant attendues. Un événement gay encore rare dans la fiction française, où Ici tout commence (en streaming et replay ici) fait figure de série pionnière. Rencontre avec les interprètes de Greg (Mikaël Mittelstadt) et Eliott (Nicolas Anselmo) pour faire le bilan de ces années importantes, pour la représentation queer et pour leurs jeunes carrières.

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C’était important, en termes de représentation, de donner une fin heureuse au couple gay marquant que vous avez formé dans Ici tout commence ?

Nicolas Anselmo : Oui, clairement. Et puis, j’aime bien le fait qu’à la fin de l’intrigue autour du mariage, les gens peuvent vraiment se raconter ce qu’ils veulent.

Mikaël Mittelstadt : C’est vrai ! Nos personnages ont vécu tellement de choses, il fallait que ça finisse bien. On se disait que c’était impossible que ça puisse en être autrement.

On aurait pu s’attendre à avoir simplement de leurs nouvelles via d’autres personnages, comme c’est le cas pour d’anciens protagonistes…

Mikaël : À la base, je crois que c’était quelque chose comme ça qui était prévu. Je devais simplement revenir à l’Institut pour chercher Eliott à la fin de l’année, au moment de la remise des diplômes, puis qu’on parte ensemble. Il n’y avait pas d’intrigue prévue autour d’un mariage.

Ce n’est pas un peu frustrant de devoir finalement partager la lumière avec un autre couple (hétéro) pour ce mariage ?

Mikaël : Non, pas tant que ça puisque c’est ce qui a amené les enjeux de l’intrigue. Sinon, ça aurait donné un mariage assez banal, ou en tout cas avec moins de rebondissements que là…

Nicolas : Et puis il ne faut pas oublier que nos personnages ont une vingtaine d’années, donc je comprends que ça puisse donner un truc un peu fou, entre amis… C’est nouveau, ça apporte autre chose. Ça pourrait très bien être un délire de potes qui sont dans un bar que de se dire d’un seul coup "Vas-y, on se marie demain !".

Mikaël : Il y a bien des Américains qui vont à Las Vegas pour ça…

Nicolas : Même s’il s’agit d’un double mariage, on nous voit quand même pas mal à l’écran, je trouve.

Est-ce qu’il y a quelque chose de Nicolas et Mikaël dans les personnages d’Eliott et Greg ?

Nicolas : Alors, il y a quelque chose que je n’ai pas, c’est l’asexualité d’Eliott. Ça, c’est sûr et certain. En revanche, ce qu’on peut avoir en commun…

Mikaël : Ils ont la même empathie émotionnelle et la même générosité. Il y a quelque chose en eux qui dit "Je suis là, j’écoute, je ressens et vis le moment à fond avec mon pote ou ma partenaire et quoi qu’il arrive, je serai là pour eux".

Nicolas : Je suis d’accord. Pour ce qui est de Mikaël et Greg, je dis toujours qu’ils ont un truc avec les punchlines. Mikaël est très fort en impro, en plus. Ils ont tous deux une certaine spontanéité. Ils sont dans l’action, ils savent prendre les choses en main et les cadrer. Ils sont aussi très protecteurs.

Mikaël : Oh là là… Je crois qu’avec tout ça, têtu· a de quoi faire un joli portrait ! [Rires].

Ce goût pour l’improvisation, Mikaël, tu as réussi à l’exprimer pendant les tournages ?

Mikaël : Oui ! Dans la toute première séquence qu’on a tournée ensemble par exemple, la fameuse scène dans les vestiaires, il y a un moment où je dis à Nicolas "Il n’y a pas de place en cuisine pour les gens comme toi". Eh bien à chacune des prises, je changeais le texte, je cherchais d’autres expressions que "des gens comme toi". Le réalisateur m’a alors dit "Mais qu’est-ce que tu fais ?", je lui ai répondu "Mais c’est pour lui, pour qu’il ait l’air vraiment naturel".

Nicolas : Je me souviens. J’aime bien être déstabilisé, parce que ça te demande d’aller chercher quelque chose de différent. J’apprécie aussi de le faire.

Il faut avoir du répondant en face pour pouvoir improviser de la sorte avec ses partenaires de jeu…

Mikaël : Clairement ! Mais il faut surtout être vigilant avec qui tu fais de l’impro. Je ne sais pas si je peux le raconter, mais je me rappelle qu’au moment de l’intrigue "Entre deux feux", je tournais une scène avec Lucien [Belvès Mariani, l’interprète de Lionel dans Ici tout commence]. Et lors de la troisième ou quatrième prise, lorsqu’une personne – dont je ne dirai pas le nom – a dit sa réplique, j’ai ajouté un "Toi, ta gueule". Et elle n’a pas apprécié du tout ! Elle a stoppé la scène, elle a regardé le réalisateur, puis m’a dit "D’où tu me dis ta gueule toi ?". Lucien m’a alors dit "Mais mec… Ils ne savent pas encore, c’est la nouvelle promo, ils viennent seulement d’arriver !". Le réalisateur est ensuite venu me voir et m’a dit "Il faut être gentil avec eux…". On m’a même demandé de m’excuser ! Désolé mais c’est la scène qui voulait ça, Greg est comme ça, je ne vais pas m’excuser pour ça ! Le tournage a dû être arrêté à cause de cette histoire.

Nicolas : Pour ça, entre nous deux, il n’y avait aucun problème. Malheureusement, on manquait de temps pour pouvoir tenter des impros. Les tournages s’enchaînent tellement vite qu’on est souvent obligé de s’en tenir au script.

Au moment du lancement d’Ici tout commence à l’automne 2020, Nicolas tu avais déclaré à têtu· que la télé française manquait de personnages queers et ne parlait pas des sujets comme la non-binarité ou la transidentité. Depuis, vos personnages ont parlé de beaucoup de choses ! Est-ce que vous aussi vous avez appris sur ces différents sujets en tournant certaines intrigues ?

Mikaël : Je pense qu’on apprend tous les jours quand on tourne ce genre d’histoires, puisque ça vient toucher des choses profondes en nous. Derrière ces histoires de mariage ou de coming out, il y a l’idée que si quelqu’un aime quelqu’un d’autre, tant mieux pour eux et basta !

Nicolas : En fait, c’est très rassurant de se dire "Je suis comme ci" ou "Je suis comme ça". Seulement, on peut très vite se perdre ou ne plus s’identifier qu’à ça. Je ne veux pas mettre les gens dans des cases. Tout est une question de ressenti et de rencontres. Tout peut changer du jour au lendemain. Il n’y a pas besoin de se mettre de limites, il faut rester ouvert et c’est comme ça qu’il y aura beaucoup moins de haine. Quand on se dira "Ok, l’autre est comme moi, c’est un être humain ouvert d’esprit et en perpétuelle évolution", tout sera plus simple.

Est-ce que tourner sur ces sujets vous demandait une préparation particulière en amont ?

Nicolas : Oui parce qu’il y a plein de monde qui suit Ici tout commence et qui s’identifie à nos personnages, il fallait donc être le plus juste possible. Par exemple, par rapport à l’asexualité, j’avais fait des recherches et j’avais appris pas mal de choses.

Mikaël : Pour l’intrigue autour du coming out de Greg, j’avais demandé à quelqu’un de mon entourage de me raconter le sien, pour savoir ce qu'il se passe en toi à ce moment-là, savoir comment tu le vis, comment ça se passe avec tes parents, avec tes potes, etc.

Quels sont vos projets pour la suite désormais ? Cette fois, ITC, c’est fini pour de bon ?

Nicolas : Je dis toujours qu’on ne sait pas ce que la vie nous réserve mais, j’estime que oui. Il faut savoir faire de la place pour de nouvelles opportunités si l’on veut qu’elles viennent à nous.

Mikaël : Ça ne veut pas dire qu’on dira forcément non si on nous propose de revenir, mais il faudrait vraiment une bonne idée pour ça.

Nicolas : En tout cas, je pense que si je dois revenir, ça sera avec Mikaël.

Mikaël : Ah bah oui, ça, c’est évident !

Nicolas : Sinon, actuellement, je passe des castings, y compris dans la danse. Rien n’est fait pour l’instant, on verra bien ce qui se passe.

Mikaël : En ce qui me concerne, je viens d’achever les tournages pour la saison 2 de The serpent queen, une série américaine sur Catherine de Médicis. Elle devrait sortir l’année prochaine, je pense. Pour ce qui est de la rentrée, on verra bien, surprise !

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Crédit photo : TF1