Mois des FiertésPride : grosse marche à Tours, grosse tache à Rennes, belle première à Bastia

Par têtu· avec AFP le 19/06/2023
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En ce mois des Fiertés 2023, de belles images en côtoient d'autres… Tandis qu'à Tours, la marche des Fiertés a connu un record de fréquentation trois semaines après l'attaque subie par le centre LGBTI de Touraine, la Corse a connu son premier cortège d'ampleur à Bastia, pendant qu'à Rennes on a dû, en marge de la manifestation, décrocher d'une grue une banderole clamant "Fuck LGBT".

Week-end de Fiertés en France. À une semaine de celle de Paris, des Prides se sont tenues dans plusieurs villes de France ce samedi 17 juin, dont trois ont spécialement attiré l'attention. À Tours, où le centre LGBTI avait subi le 22 mai une attaque à la bouteille explosive, la marche des Fiertés a connu une participation record. En Corse, l'affluence était moindre mais symboliquement importante à Bastia pour la première Pride de l'île. À Rennes en revanche, la journée a été entachée par une expression spectaculaire de LGBTphobie…

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Quelques heures avant le départ de la marche des Fiertés dans la capitale de la Bretagne, samedi matin, les pompiers d'Ille-et-Vilaine ont dû intervenir pour enlever une banderole accrochée sur une grue boulevard Georges-Pompidou. La banderole, dont plusieurs photos ont circulé, avait pour inscription "Fuck LGBT" et était signée d'une croix celtique.

Dans un communiqué adressé à l'AFP, la maire PS de Rennes Nathalie Appéré a fustigé un "message homophobe et transphobe", déployé par "un groupuscule identitaire". "Depuis plusieurs mois maintenant, la parole intolérante, raciste et identitaire se libère, notamment en Bretagne, qui jusqu'alors était plutôt préservée des agissements des partis et groupuscules d'extrême droite. Ce mouvement, qui s'inscrit plus largement dans la montée des partis politiques autoritaires en Europe, doit être combattu", a-t-elle développé, martelant : "Qu'il s'agisse des attaques contre la communauté LGBTI+, contre les migrants, contre les élus de la République, l'extrême droite trouvera toujours des démocrates pour se mettre en travers de son chemin. Cette idéologie n'est pas une simple opinion intolérante, elle est un délit".

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"Ça fait chaud au coeur" à Tours

Heureusement, 250 km plus à l'est, la Pride de Tours a donné du baume au cœur. Entre 3.000 (selon la préfecture) et 5.000 personnes (selon la mairie) ont défilé sous les couleurs du drapeau LGBT. Un record, puisque selon une source préfectorale, la marche des Fiertés organisée par le centre LGBTI de Touraine avait réuni les années précédentes entre 2.000 à 2.500 personnes. "On est sur un record de fréquentation. C'est un message de soutien par rapport aux derniers événements (...) Ça fait chaud au coeur", a apprécié Ash Claveau, confondateur du centre LGBTI de Touraine, attaqué le 22 mai avec une bouteille explosive remplie d'acide et d'aluminium – un lycéen âgé de 17 ans a été mis en examen pour ces faits.

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Samedi, donc, le dispositif policier avait été renforcé par la préfecture, qui a annoncé "un doublement des effectifs de police par rapport à 2022, ainsi que la mobilisation d'un drone". Présent à la manifestation, le maire écologiste de la ville, Emmanuel Denis, a affiché son soutien à la communauté LGBT : "Dans le contexte un peu nauséabond, on montre qu'on est présent, qu'on ne se laisse pas intimider. On a une montée des mouvements obscurantistes. Il faut se serrer les coudes, montrer qu'on est solidaires". Le député écologiste d'Indre-et-Loire Charles Fournier a également apprécié le "message" lancé par la forte participation. "C'est festif, c'est vraiment une belle réponse à ce qu'il se passe", a déclaré à l'AFP le parlementaire, tout en regrettant : "On ne peut pas ne pas être inquiet. On sent que ça peut déraper. On sent que l'extrême-droite est à l'oeuvre".

"L'amour gagne toujours" en Corse

De belles images aussi à Bastia où, derrière une banderole clamant en langue corse (cf. photo d'illustration) "L'amour gagne toujours" ("L'amore vince sempre"), environ 200 personnes ont participé le même samedi à la première marche des Fiertés en Corse, après un petit rassemblement à Ajaccio en 2022. "Liberta, love is love" ("Liberté, l'amour, c'est l'amour"), "T'es homophobe? Arrête!", "Fascista fora" ("Les fascistes dehors"), "Les personnes trans existent en Corse" ou encore "Corse et PD et fier de l'être", pouvait-on également lire sur les pancartes brandies dans le cortège parti du palais de justice de la deuxième ville de l'île pour en rejoindre, via le vieux-port, la place principale.

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"Nous voulons marcher ensemble, pour que plus aucun-e Corse n'ait un jour à choisir entre vivre pleinement sa vie, ses amours et un quotidien ici", a martelé en début de manifestation la secrétaire de l'association Arcu. "J'ai créé il y a 20 ans, en 2004, la première association LGBT de Corse et là c'est la première Gay Pride à laquelle je participe dans l'île", s'est réjoui auprès de l'AFP Daniel Cartayrade Marchetti, 63 ans, membre d'Amnesty International et représentant de la CGT Haute-Corse, saluant : "La Corse s'ouvre enfin". L'événement était soutenu notamment par des syndicats (CGT, FSU, CFDT), des partis politiques (PCF, LFI, Union communiste libertaire), des mouvements politiques corses (A Manca et Inseme a Manca), des associations antiracistes (Ava Basta, Ligue des droits de l'Homme) et des associations féministes (Zitelle in Zerga, Main violette Corse). Place Saint Nicolas, la marche s'est achevée dans une séance de danse joyeuse sur un "Bella Ciao" endiablé et au milieu de fumigènes oranges.

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Crédit photo : Pascal Pochard-Casabianca / AFP