télévision"Sida, des années sombres aux premières victoires", un docu pour la mémoire

Par Vincent Daniel le 01/12/2023
le 5 juin 1981 apparaissait une nouvelle maladie : le sida

À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH/sida, ce 1er décembre, Histoire TV diffuse un documentaire sur les années noires de l'épidémie, de 1981 à 1995. Images d'archives et témoignages mettent en lumière ce que la crise sida a fait à notre communauté.

C'est l'un des pans les plus sombres de l'histoire de notre communauté. Pour la journée mondiale de lutte contre le VIH/sida, ce vendredi 1er décembre, la chaîne Histoire TV diffuse à 20h50 un documentaire inédit, intitulé Sida, des années sombres aux premières victoires. Mêlant images d'archives et témoignages de personnes vivant avec le VIH, de militants, médecins, chercheurs et célébrités alliées, le film couvre la période 1981-1995, soit les quinze premières années de l'épidémie.

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L'une des premières évocations de la maladie par un média français, c'est en 1982 dans le 20H de la chaîne A2 (ex-France 2), par la voix de Christine Ockrent : "Le sarcome de Kaposi, tel est le terme savant d'une forme de cancer qui s'était déjà manifestée en Afrique et qui frappe maintenant en Occident. Une particularité : elle n'atteint que les homosexuels mâles." Mais de quoi souffrent ces jeunes hommes dont le taux de T4 chute brutalement et qui meurent, se demandent médecins et chercheurs de l'Institut Pasteur chargés d'identifier le virus. Les professeurs Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier obtiendront le Nobel de médecine en 2008 pour la découverte du VIH en mai 1983. Les scientifiques s'attèlent alors à la mise au point d'un test de dépistage. Le récit des premières années de l'épidémie est terrifiant : des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, des toxicomanes échangeant leurs seringues, affrontent leur maladie dans la solitude et l'indifférence, y compris à l'hôpital où le personnel soignant a peur. Le sida, c'est d'abord un stigmate, et le malade est un "pestiféré".

Les "années noires" du sida

C'est l'époque où la presse parle carrément de "cancer gay". La sexualité des homos est pointée du doigt, les acquis de la libération sexuelle tombent. En 1987, Jean-Marie Le Pen déclare à la télé que le sida se transmet par la salive, par la sueur, par les larmes… "Le sidaïque (...) c'est un espèce de lépreux", résume le leader du FN. Très vite, ce rejet va créer une communauté de destins, et la communauté VIH/sida va prendre son destin en main. Aides, Arcat et Act-Up Paris naissent. Car les pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur de la situation. Il faut attendre 1986 et l'arrivée d'une ministre de la Santé (de droite !), Michèle Barzach, pour avancer avec la mise en vente libre de seringues à usage unique, et l'autorisation de la publicité pour le préservatif. L'année suivante, le premier spot dédié à la prévention contre le sida est diffusé : "Le sida ne passera par moi".

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Mais il faut attendre 1991, et le scandale du sang contaminé, pour que le grand public se sente concerné par le VIH qui touche alors transfusés et hémophiles. En 1994, la plus grande collecte de fonds pour la recherche est organisée par la télévision, c'est le Sidaction. Toutes les chaînes diffusent le programme, 23 millions de téléspectateurs sont devant leur poste. Tout le monde verra le fameux baiser de Clémentine Célarié à un homme séropositif. Le début des années 90 est la période la plus sombre : les patients meurent en masse, ce sont les "années noires". La colère de la communauté est grande. Été 1996, enfin, un espoir : l'arrivée d'une combinaison de nouveaux médicaments, les trithérapies, change la donne. Les T4 remontent, la charge virale baisse. Aujourd'hui, grâce aux traitements modernes, on peut vivre avec le VIH. Le documentaire s'achève sur ce message qui paraissait impossible dans les années 80 et 90 : "Une personne séropositive sous traitement (trithérapie) depuis plusieurs mois ne peut plus transmettre le virus du sida (virus indétectable)." Et cela, c'est grâce à 40 ans de luttes !

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Crédit photo : Act Up via Facebook