cinémaOscars 2022 : derrière la gifle mâle venue, les jolis moments queers de la cérémonie

Par Tessa Lanney le 28/03/2022
Ariana DeBose a reçu un Oscar

Outre la déjà fameuse gifle de Will Smith à Chris Rock, la cérémonie des Oscars 2022 a été marquée par des discours et des victoires qui ne manqueront pas de réjouir la communauté LGBTQI+ : bravo Ariana DeBose ! Récapitulatif du palmarès et de la soirée à la sauce queer.

La cérémonie des Oscars 2022 fut mouvementée, dans la soirée de ce dimanche 27 mars. Un palmarès fort avec Ariana DeBose, Jessica Chastain ou encore Jane Campion, des prises de parole remarquables en faveur des droits LGBTQI+ mais aussi le dérapage violent de Will Smith… Heureusement, les premières donnent franchement le sourire comme le sacre d'Ariana DeBose, meilleure second rôle féminin pour son interprétation magistrale d'Anita dans le West Side Story de Steven Spielberg. La jeune femme faisait pourtant face à de puissantes rivales : Jessie Buckley, Aunjanue Ellis, Kirsten Dunst mais aussi Judi Dench. Ariana DeBose marque l'histoire en tant que première femme racisée ouvertement queer à remporter un Oscar.

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L'émotion d'Ariana DeBose

Émue mais pas sans voix, la jeune actrice s'est exprimée sur la scène du Dolby Theatre : "Vous savez quoi, maintenant vous comprenez pourquoi Anita dit 'Je veux vivre en Amérique', parce que même dans ce monde désabusé dans lequel nous vivons, les rêves se réalisent, et c'est quelque chose de vraiment réconfortant en ce moment." Après avoir rendu hommage à Steven Spielberg, elle a tenu à saluer la carrière de Rita Moreno. Exactement soixante ans plus tôt, l'actrice remportait un Oscar dans cette même catégorie, pour ce même rôle. La nouvelle Anita a pu s'adresser directement à l'originale, assise dans le public : "Tu me regardes en ce moment, et je suis tellement reconnaissante envers ton Anita pour avoir ouvert la voie à des tonnes d'autres Anita, comme moi, et je t'aime tellement".

L'actrice s'est également étendue sur ce que représente cette statuette pour les jeunes générations : "Imaginez cette petite fille sur le siège arrière d'une Ford Focus blanche. Regardez dans ses regard, vous voyez une femme de couleur ouvertement queer, une Afro-Latina, qui a trouvé ce qui fait sa force dans la vie à travers l'art, et c'est cela je crois que nous sommes venus célébrer ce soir." Elle s'est ensuite adressée à celles et ceux qui ne sont pas encore suffisamment visibles : "Alors à tous ceux qui ont déjà remis en question leur identité, ne serait-ce qu'une seule et unique fois, ou qui se retrouvent à vivre dans des zones d'ombre, je vous promets qu'il y a vraiment une place pour nous".

Le discours inspirant de Jessica Chastain

Comment parler de ces Oscars 2022 sans citer le discours éminemment politique de Jessica Chastain, sacrée meilleure actrice pour son premier rôle dans Dans les yeux de Tammy Faye. Une performance plus que convaincante puisqu'elle passe devant Penelope Cruz, Kristen Stewart, Nicole Kidman et Olivia Colman. Jessica Chastain incarne dans le film Tammy Faye, la télévangéliste américaine devenue plus tard militante des droits LGBTQI+. Elle a livré un discours inspiré : "Nous savons qu’il y a beaucoup de gens qui se trouvent désarçonnés, et ont le sentiment d’être seuls [...] Le suicide est une grande cause de décès aux États-Unis. Ça a touché beaucoup de familles, dont la mienne et en particulier les membres de la communauté LGBT, qui ne se sentent souvent pas à leur place avec leur pairs. Nous sommes confrontés à une législation tordue, qui véritablement fait que nous sommes de plus en plus divisés. Il y a beaucoup de violences, des crimes de haine perpétrés contre des civils innocents et ce, partout dans le monde." L'actrice a ensuite invité les spectateurs à s’inspirer de l‘amour radical de Tammy Fare pour s’accepter les uns les autres, tels que nous sommes : "Je veux juste que vous sachiez que vous êtes inconditionnellement aimé·e pour votre singularité."

Deuxième Oscar pour Jane Campion

Cette 94e édition était également l'occasion d'une révérence à la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion qui a reçu l'Oscar de la meilleure réalisation pour son western sombre The Power of the Dog. C'est la deuxième fois que la réalisatrice féministe et anti-conformiste reçoit une statuette (après celle du meilleur scénario original en 1994 pour La Leçon de piano), une sacrée performance à laquelle s'ajoute le fait qu'elle est la troisième femme à remporter celle de meilleure réalisatrice, après Kathryn Bigelow et Chloé Zhao.

Autre victoire pour la communauté LGBTQI, c'est le réalisateur Alberto Mielgo qui a remporté le prix du meilleur court-métrage d'animation avec The Windshield Wiper, qui explore la thématique de l'amour sous toutes ses coutures. Il est notamment connu pour son travail sur la direction artistique de Spider-Man New Generation ou encore sur l'épisode "The Witness" de la série Love, Death ans Robots. Une victoire partagée avec le réalisateur français Benoît Berthe Siward, qui s'est occupé de la campagne de promotion du court-métrage. En 2020, le porte-parole du collectif Rien à guérir avait livré un témoignage poignant à têtu· sur son parcours de reconstruction après avoir été envoyé contre son gré par ses parents suivre des "thérapies de conversion".

Will Smith et Chris Rock, un moment mâle venu

La cérémonie a également été marquée par l'altercation entre Will Smith et Chris Rock. Comme à son habitude, l'humoriste controversé, notamment boycotté pour sa transphobie, n'a pas pu s'empêcher de faire une blague de mauvais goût sur l'alopécie de Jada Pinkett Smith, l'épouse de Will Smith. L'acteur, en bon mâle dominant, est alors monté sur scène et a giflé Chris Rock devant une audience abasourdie. "Garde le nom de ma femme hors de ta putain de bouche", a tempêté l'acteur revenu à son fauteuil.

Will Smith a présenté ses excuses en revenant sur scène pour recevoir l'Oscar du meilleur acteur, pour son rôle dans la peau du père de Venus et de Serena Williams dans La Méthode Williams. L'acteur a justifié son acte en clamant que "l'amour vous fait faire des choses folles". Sauf que l'Académie des Oscars s'accorde sur le fait qu'elle "ne tolère aucune forme de violence". L'audience s'est aussi montrée profondément choquée par cette violence sur scène. Car si le comportement de Chris Rock est une fois de plus pointé du doigt, la réaction de Will Smith interpelle encore davantage, de nombreuses téléspectatrices en pointant la masculinité toxique.

"Gay, gay, gay !"

Dans une tout autre ambiance, l'humoriste Wanda Sykes a elle aussi pris la parole juste après la performance d'ouverture de Beyoncé interprêtant "Be Alive," du film nominé King Richard. Hôtesse de la cérémonie aux côtés d'Amy Schumer et de Regina Hall, elle était chargée de terminer le monologue d'ouverture et en a profité pour prendre position contre les atteintes aux droits de la communauté LGBTQI+ en Floride par la loi "Don't say gay". L'humoriste lesbienne, mère de deux enfants avec son épouse, s'est amusée à répéter le mot interdit : "Pour vous, les habitants de Floride, nous allons avoir une soirée gay. Gay, gay, gay !".

Enfin, les fans d'Elliot Page n'ont pas été déçus lors de cette soirée exceptionnelle puisqu'ils ont pu y retrouver les membres du casting de Juno. L'acteur est en effet apparu aux côtés de Jennifer Garner et de JK Simmons, afin de remettre le prix du meilleur scénario original. Enfin, bien qu'elle ne soit pas repartie avec la statuette de la meilleure actrice, Kristen Stewart a tout de même pris le temps de nous gratifier d'un peu de love en embrassant sa fiancée Dylan Meyer sur le tapis rouge. De quoi alléger la soirée !

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Crédit photo : Académie des Oscars