streamingSoa, Paloma, La Grande Dame : quelle queen mérite de gagner la finale de "Drag Race" ?

Par têtu· le 11/08/2022
"Drag Race France" : quelle queen mérite de gagner la finale ?

Au terme de huit semaines de compétition acharnée (et glamour), Drag Race France couronne ce jeudi 11 août la gagnante de sa première saison. Alors pour cette finale, plutôt team Paloma, La Grande Dame ou Soa de Muse ? Chacun·e défend sa queen…

Depuis une semaine, une question fatidique divise sur les réseaux sociaux tout autant qu'au sein de la rédaction de têtu· : qui, du trio La Grande Dame-Soa de Muse-Paloma, mérite de remporter la première saison de Drag Race France ? À l'approche de la finale tant attendue – disponible dès 20h ce jeudi 11 août en streaming sur France.tv Slash et diffusée en dernière partie de soirée samedi sur France 2 –, les langues se délient et les avis se font de plus en plus tranchés. C'est pourquoi on a décidé de partager avec vous nos plaidoyers en faveur de chacune des queens prétendantes. Comme ça, pas de jalouse ! Et vous, pour laquelle votre cœur penche-t-il ?

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Le choix d'Olga : Soa de Muse

"Rangez vos pères, cachez vos frères, n'oubliez pas vos maris..." Le règne à venir ne peut qu’être celui de Soa de Muse. Dès le lever de rideau sur la workroom, la "créature" (comme l’appelle avec tendresse et admiration sa sœur La Big Bertha) crève l’écran, aussi bien avec sa chanson cabaret dans le talent show que sur le runway Liberté-Égalité-Jean-Paul Gaultier, et sort gagnante du tout premier épisode de l’histoire de Drag Race France ! Entre le lancement et la finale, il n’y a plus qu’à boucler la boucle pour l’extraordinaire queen non-binaire.

D’ailleurs, tout comme l’autre étoile finaliste Paloma, notre star Soa affiche deux victoires au compteur, car elle a également remporté le défi girls band et la nuit des 1.000 Mylène, deux moments iconiques en un qui feront pour toujours faire boom boom à nos cœurs.

Mais si vous n’avez pas la fameuse bosse des maths, ni l’envie d’aborder cette finale dans un esprit purement rationnel, rappelez-vous aussi qu’entre deux manches remportées, la Muse n’a pas manqué de briller… Par exemple, avec son inénarrable interprétation, risquée, surprenante et payante, du monument de Fort Boyard, Félindra tête de tigre, au Snatch Game ! Et son runway, juste après, sur la thématique lendemain de soirée ? Inspiré d’un dicton de guerrière répété par sa mère ("Tu vas prendre des coups, mais tu vas en redonner en retour"), Soa de Muse livre un look politique sur le danger d’être femme ou perçu·e comme tel·le dans l’espace public dans une société hétéropatriarcale. Lé-gen-daire.

"Elle ouvre la bouche et le temps s'arrête", c’est ce que disait Lolita Banana du talent show de Soa à l’épisode 1, présage pour la suite de la saison, puisque la Muse n’a cessé de nous épater, semaine après semaine.

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Le choix de Florian : Paloma

Paloma, c'est pour moi l'évidence. Car en dépit des qualités indéniables des deux autres finalistes au gré de la compétition, la queen clermontoise de la saison a su se montrer à la hauteur de chaque challenge, mini comme maxi, se détachant avec ses traits d'esprit et ses clins d'œil culturels souvent pointilleux. Elle prend plaisir à proposer un drag intelligent, savamment élaboré bien que pas toujours accessible à toustes. En témoigne son look lors du défilé Haute Couture, pensé comme un hommage bluffant au dessinateur de mode Erté que seul·es les fashion freaks connaissent. Et qui contraste avec celui proposé dans le deuxième épisode, où l'on a découvert Paloma dans une combinaison écarlate et épineuse référençant Lady Oscar, héroïne d'un animé nippon popularisé vers la fin du siècle dernier. Épreuve après épreuve, elle s'est évertuée à façonner un drag exigeant mais pas pompeux, esthétique de prime abord, et tout en symboliques.

Mais Paloma, ça n'est pas que du beau ou du réfléchi. C'est aussi de l'humour ! Il n'y a qu'à évoquer sa parodie cosmique – vous l'avez ? – de Fanny Ardant lors du fameux Snatch Game. La drag queen est parvenue sans efforts à saisir l'élégance bourgeoise comme l'aura lunaire de l'actrice césarisée, se hissant au sommet des meilleures performances de ce challenge iconique de RuPaul's Drag Race. Pour preuve, son "j'adore les homosexuels, ils sont tellement romanesques", prononcé d'une voix suave si marquante, résonne encore dans ma tête à peu près dix fois par jour, à tel point que tout autour de moi est devenu "tellement romanesque". Oui, l'heure est grave...

Alors, parce qu'elle est la candidate la plus complète de cette première saison, réunissant à la fois drôlerie, charisme et esthétisme, Paloma est ma queen victorieuse de Drag Race France. Il n'y a plus qu'à espérer que Nicky Doll et le jury final soient du même avis. En français, s'il vous plaît !

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Le choix de Thomas : La Grande Dame

Quand j’étais petit, enfin pré-ado, je pouvais me faire pouffer de rire rien qu’en me repassant en tête la scène du whisky dans La Cité de la peur. MDR tout seul, qu’il était le petit gars. Eh bien, depuis deux semaines, je parviens au même résultat en repensant à la dégaine de La Grande Dame dans sa pub "pshit pshit, le parfum plein d’alcool pour celles qui en ont dans le slip…", dans l’un des plus beaux épisodes de cette saison (le 6e). Mon humour n’a manifestement guère évolué depuis le burlesque des Nuls, mais mon amour pour cette fashion queen – tandis que mon cœur balançait encore avec d’autre(s) concurrente(s) – a alors sérieusement commencé de prendre une pente qui s’est encore trouvée forcie la semaine suivante par ses deux lip sync, proprement légendaires…

Comprenez-moi : je trouve que la mode, c’est très joli, mais ça ne m’ébaudit pas. Pas, en tout cas, comme des talents d’acting à la Paloma (trop bien qu’elles se soient rencontrées, avec Elips), à la Grande Dame, ou comme le rire que suscite aussi la Big Bertha, à sa tendre manière brutale. Moi, avant de fondre pour une queen à la télé, faut que je me la figure en soirée, dans son rôle de phare de commu, nous arrachant des sourires quand la nuit partait mal, incomparable compagne de drague, nous rappelant à l’inverse que notre condition est joyeuse mais grave, quand elle suscite la réflexion en se faisant le miroir de nos travers.

Or la Grande Dame, en lip sync, use à merveille de son expression corporelle, de son acting silencieux, quand Paloma a besoin de mots pour exprimer la force drôle de son imaginaire. Alors, quand elles se sont livrées l’une contre l’autre à l’épreuve reine, on a soudain vu Paloma surpasser La Grande Dame en élégance et grande beauté – ce qui n’est pas peu dire – quand la grande perche a lâché son personnage, m’emportant dans l’histoire qu’elle narrait sur "Banana Split". C’est là qu’elle a gagné, dans mon cœur, sa couronne de "fashion-fine-queen". Mais enfin, les sœurs, quelle concurrence dans cette première saison…

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Crédit photo : France.tv Slash