Dix ans après l'adoption du mariage pour tous, comment vivent les gays et lesbiennes ? Dans Homos en France, programmé sur France 2 ce mardi soir, veille du 17 mai, Aurélia Perreau et Vincent Dedienne ont posé la question à de nombreux témoins, grandes figures et anonymes, pour dessiner une condition commune.
"Mon histoire, elle ressemble à celle de beaucoup d’autres." Après avoir pris son propre parcours d’homme gay comme point de départ du documentaire Homos en France, Vincent Dedienne, délicate et rafraîchissante voix off du film réalisé par et qu'il a co-écrit, résume d’emblée ce que celui-ci cherche à souligner, à savoir que les personnes LGBTQI+ ont un vécu en commun.
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Diffusé à 21h10 ce mardi 16 mai sur France 2 (et en replay ici), Homos en France donne largement la parole à des personnes anonymes de tous âges, mais aussi à des personnalités d'horizons différents, comme les chanteuses Angèle et Catherine Lara, l’ancien ambassadeur de France Gérard Araud, l’ancien footballeur Ouissem Belgacem, le présentateur des journaux télévisés de France 2 Jean-Baptiste Marteau, l’historienne Laure Murat, ou bien Paloma, la première gagnante de Drag Race France. Résultat : des parcours spécifiques mais qui, une fois croisés, dessinent une condition homo, au-delà des différences d'âge, de genre ou de couleur de peau.
Être homo, en France, en 2023. À la veille de la journée mondiale de lutte contre les LGBTphobies, nous donnons la parole aux personnes concernées. #HomosEnFrance, un documentaire raconté par Vincent Dedienne, à voir ce soir à 21h10 et sur https://t.co/PaFR6EjDAN pic.twitter.com/zeJXcAYC9C
— France 2 (@France2tv) May 16, 2023
Avec enthousiasme, Homos en France rappelle régulièrement que tous ces récits individuels, ceux d’Arwen, Bernard, Gabriel, Jean-François, Léontin, Lou, Mfaomé ou Sylvain, s’inscrivent dans un contexte, une histoire des représentations et de nos luttes, que le docu fait remonter aux années 1970. Parmi les images marquantes ressorties du placard à archives, celles liées à la première marche autonome d'homosexuels, en 1977, la première émission télé consacrée à l’homosexualité en 1973, celles de la crise du VIH/sida ou encore de la célébration officielle du premier mariage d’un couple homosexuel en 2013.
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Mémoire LGBT
Avec ce récit croisant petite et grande histoire, Homos en France dessine le portrait d'une époque. Aujourd'hui retraité, Bernard raconte la thérapie de conversion qu'il a subie à l'adolescence, pratique explicitement interdite dans le Code pénal depuis seulement janvier 2022. Angèle, la chanteuse, raconte comment la relecture de ses journaux intimes lui a permis de prendre conscience de la lesbophobie intériorisée et du déni auquel elle a été confrontée à l'adolescence. Autre passage notable du documentaire : le récit du jour où Mfaoumé a commencé à refouler ses attitudes jugées efféminées après avoir été traité de "folle" par une professeure au collège…
Homos en France s'adresse donc aux personnes qui, dix ans après l'adoption du mariage pour tous, y sont encore réfractaires – 22% de la population, selon un sondage Statista réalisé en 2021. Tout au long du film, les témoignages touchants permettent de déconstruire en douceur les clichés tenaces. Le documentaire ne fait évidemment pas l'impasse sur la persistance des discriminations malgré l'avancée des droits. Au travail, à l'école ou dans le sport, l'homophobie reste solidement ancrée. La démarche vise ainsi à sensibiliser mais aussi à transmettre, notamment à la jeunesse queer, l'étendue du chemin parcouru par les générations précédentes pour acquérir de nouveaux droits. On découvre ainsi que dans les années 1980, dans le célèbre soap Dinasty, quand l'un des personnages (Steven) fait son coming out, le sous-titrage traduit "I'm homosexual" par "Je suis malade"… Où l'on mesure, malgré tout, l'étendue du chemin déjà fait.
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Crédit photo : France Télévisions
